16/11/09 (B525) FreeDjibouti -> QUELLE STRATÉGIE POLITIQUE POUR LIBÉRER DJIBOUTI ?

Par FreeDjibouti

Retrouvez l’intégralité des chroniques
de FreeDjibouti : lien

Le délabrement du processus de démocratisation à Djibouti revêt les signes les plus variés et éloquents d’une totale catastrophe stratégique pour l’opposition djiboutienne et présente en soi les fondements du maintien de la dictature à Djibouti. Simultanément, l’indignation et la résistance populaires, même fragmentaires, expriment la volonté de combat et d’opposition à la barbarie du pouvoir politico-mafieux De l’UMP activement soutenu par les réseaux mafieux d’outre atlantique.

TOUS À L’ASSAUT DE LA DICTATURE PAR TOUS LES MOYENS

Les manifestations de révolte et de désobéissance de la population djiboutienne ainsi que les actions collectives, organisées ou spontanées de l’opposition dans toute son ensemble, affaiblissent sans cesse le pouvoir de fait à Djibouti, mais en même temps donnent à ce pouvoir les prétentions de sa survie et résurrection politique grâce aux contradictions internes de l’opposition qui cherche perpétuellement un consensus politique déjà mort et enterré bien avant sa naissance.

La profondeur de la crise et les implications politiques que présentent un changement politique à Djibouti pour "ce gouvernement outre atlantique", comportent aussi les raisons pour lesquelles ce pays est trop mal placé pour jouer ce noble rôle de prétendant et de médiateur neutre à Djibouti, et surtout dans les autres pays de la sous-région.

La confluence de ces facteurs explosifs a tant approfondi la perte de crédibilité politique et la suspicion auprès de certains acteurs de la classe politique djiboutienne et de la sous-région, qu’il est pratiquement devenu impossible d’entreprendre un quelconque engagement politique avec ce pouvoir outre atlantique

Que nous le voulions ou non, nous sommes dans une période dont la fin de la dictature à Djibouti est ouverte, où l’on ne peut, à priori, écarter aucune forme de résistance populaire, car notre adversaire ne tolère même pas les formes les plus simples de dissidence politique. Nous avons déjà perdu assez de victimes dans nos rangs. Si nous avions opté pour toutes nos options depuis 1991, nous aurions fait beaucoup d’avances, mieux, nous aurions fait une décennie de démocratie. Dans le cas actuel, si nous continuons la même option qui nous a toujours produit les mêmes effets, combien de victimes compterons-nous dans nos rangs?

A Djibouti, malgré tous les efforts faits par la population, le pouvoir est bien décidé à continuer sa propre logique machiavélique et il compte y rester, sans aucune appréciation des conséquences de son inconscience pour notre pays. La question qui se pose donc est ceci: Devons-nous attendre la providence pour débarrasser notre Djibouti des mains du diable, ou devons-nous plutôt assumer nous même le devenir de notre destin, ce faisant par Tous les moyens?

A Djibouti, certains acteurs ont bien cru que ce pays d’outre atlantique leur accordera la confiance s’ils participent de manière indirecte au nouvel ordre politique qu’on veut nous imposer nonobstant toute réalité cruelle. L’échec de la stratégie de l’opposition d’union soutenue jusqu’ aujourd’hui par la majorité de la population, est aussi mis en évidence. Cette stratégie bien que souhaitable, n’est pas faisable à Djibouti à cause de la nature historique de la politique djiboutienne. Quoique la crise actuelle se présente entre pratiquement deux camps, l’un s’accrochant au pouvoir par la corruption et la torture et l’autre, militant pour un état de droit; en réalité cette crise née dans les années ayant conduit le Djibouti à l’indépendance.

Aujourd’hui encore, l’opposition djiboutienne est minée par la même bipolarisation. D’un coté, il y a les démocrates qui voient le changement en douceur avec la bénédiction de la Rue du Faubourg. Mais ces derniers ont oublié que pour la Rue du Faubourg, peu importe l’injustice à Djibouti, il n’existe pas de solution maintenant. Le dictateur fait toujours l’affaire. La méthode et la manière frisent le ridicule, si on sait que ni Rue du Faubourg, ni les organes du 4ème pouvoir n’ont tenté d’évoquer la question brûlante d’une présidence à vie à Djibouti. Comprenons bien donc: Les jeux sont déjà joués.

De l’autre, le camp des nationalistes et qui ont certes compris que le changement ne peut s’opérer que par la confrontation, mais qui pour des raisons futiles et personnelles, n’arrivent pas à se débarrasser de leur égoïsme pour nouer le pacte de confiance indispensable pour incarner l’esprit de la population pour le changement. Ils feraient bien de revoir l’esprit ayant amené l’indépendance en 1977.

Nous devons avoir le courage politique de choisir le langage de notre lutte, et n’en déplaise aux partisans de la collaboration, nos adversaires ne nous donneront jamais la liberté, il nous faut l’arracher. Quoiqu’on dise, nous avons déjà chèrement payé le prix. Nous n’avons plus rien à perdre. Une chose est sûre, le courant des nationalistes est bien capable d’amener Djibouti à la démocratie. Dans le cas actuel des choses, ce courant doit assumer son rôle historique, s’entendre et mettre sur pied une plate forme commune pour notre patrie. Il est donc temps d’immoler le coq et le bélier en guise de remerciement pour tous ceux qu’ils ont fait pour retarder notre lutte. On ne peut plus se laisser distraire par les apparences derrière lesquelles se cachent le coq et le bélier.

C’est donc les reliquats de cette crise qui forcent ce pays outre atlantique à maintenir son soutien à la dictature djiboutienne. Ce pays chercherait toujours une autre alternative à la dictature du RPP, mais le seul problème est que les possibles candidats au relais sont rejetés par le peuple et ne seront pas capables de tenir devant la rue.

POUR UNE DIPLOMATIE PLUS ACTIVE ET CONSEQUENCE DE L’OPPOSITION

L’importance des rapports internationaux est une question qui manque fondamentalement dans la vision politique de l’opposition djiboutienne. Cette vision doit compléter l’effort déjà consenti par d’autres moyens. En effet, jusqu’à ce jour, l’opposition djiboutienne a peine à cerner une vision durable et prédominante quant aux relations internationales, pourtant fondamentales, entre politique internationale et politique nationale. Le débat en question qui inspirera notre réflexion, sera celui opposant les tenants de relations privilégiées avec l’ancien colonisateur contre les aspirants à une diversification des relations

De Djibouti avec le monde extérieur, surtout sans qu’un certain pays ait un droit de regard spécial sur la conception ou l’orientation politique de notre pays. Partant de ce débat, nous devons convaincre avec détermination que nous sommes capable de nous libérer des jougs de ce protecteur indésirable, quelque soit le prix immédiat à payer, si ce n’est déjà fait. L’Union Européenne, le Canada, les États-unis, la Chine, le Japon et l’Afrique du Sud doivent représenter les pays les plus importants de la structure multipolaire d’une diplomatie active de l’opposition djiboutienne.

Simultanément, nous devons constamment mettre les violations des droits de l’homme et le mépris des libertés par le pouvoir mafieux au premier rang d’un combat médiatique tous azimut. Chaque djiboutien, partout ou il se trouve doit prendre sur lui la responsabilité d’informer les populations, les élus locaux, les journaux, les responsables politiques, les étudiants, bref convaincre tout le monde autour de nous qu’il y a un drame humain d’un autre age qui se déroule tous les jours à Djibouti, et les convier à agir auprès de leur responsables pour le compte de Djibouti. Pour le Djiboutien, c’est un devoir patriotique. Pour la communauté internationale, c’est de l’humanisme.

FAISONS DES MOUVEMENTS DE LA DIASPORA UN VRAI INSTRUMENT DE COMBAT POLITIQUE POUR DJIBOUTI

Nous sommes déjà une mobilisation populaire organisée. Mais nous manquons cruellement de vision fixe et de stratégie. Nos mouvements luttent de manière disparate. Chacun fait ce qu’il juge utile pour la cause. Dans le sens d’une nouvelle stratégie collective et d’une réappropriation démocratique des acquis volés par la violence du RPP, il nous faut aussi parler tous un même langage, définir une vision à atteindre, sans pour autant oublier les autres options qui sont tous aussi légitimes. Une mobilisation où le conflit oppose les droits du peuple djiboutien à disposer de son avenir contre le déni de liberté soutenu par le RPP.

Les mois à venir présentent inéluctablement un paysage de belligérance populaire et active qui s’étend à mesure que s’étendent les conséquences de la crise. Ce paysage de belligérance doit être continue, entretenue par toutes les méthodes, avec occupation effective de l’espace politique et territoriale jusqu’à ce qu’on obtienne le démantèlement du pouvoir politico-mafieux.

A l’intérieur, notre premier défi est d’asseoir un mouvement continu de protestation, d’organisation et de résistance qui doit être opéré par la base populaire, et l’on ne doit pas attendre une hypothétique arrivée des Rois mages avec, dans leurs sacs, le cadeau d’un accord piège. C’est bien là l’erreur commise maintes fois par le passé.

De l’extérieur, nous devons être en mesure d’organiser une représentation capable d’articuler un ensemble de propositions d’urgence afin d’éviter qu’un "plan d’ajustement politique" ne nous soit imposé et qui pourrait au demeurant vider notre idéal. Ces propositions doivent être en harmonie avec les besoins politiques de Djibouti.

Un autre défi est celui d’articuler, dans l’action, l’expérience politique et militante accumulée par la diaspora de l’étranger qui soutient la résistance. C’est dans cet ordre d’idée qu’il faudrait organiser une Conférence des mouvements de la diaspora conduite par l’opposition (ou bien qu’on redéfinisse la prochaine conférence, en l’attribuant des objectifs beaucoup plus politiques avec articulation d’une résistance politique et sociale claire et nets).

Cette conférence sera le cadre composé par des militants engagés pleinement dans la résistance active depuis les mouvements de jeunes aux syndicats. Ce sont ces militants organisés qui réfléchissent et qui agissent en dehors des partis politiques, et surtout qui dirigeront les actions politiques et sociales avec des milliers de nos frères et soeurs dans différents coins de résistance à Djibouti.

LE PROBLEME DU CANDIDAT DE L’OPPOSITION

Pour les militants de la démocratie à Djibouti, le problème de qui sera le candidat de l’opposition djiboutienne n’est pas tout aussi difficile. Dans tous les cas, ce candidat ne peut gouverner seul au lendemain des élections, et aura besoin d’un consensus plus large, au moins pour la première législature pour pacifier le pays.

Toute atteinte par un parti ou un groupe de vouloir gouverner solo pourrait fragiliser la démocratisation et amènerait du désordre comme le cas aujourd’hui dans certains pays africains. L’idéal est de dégager un candidat de consensus qui aura pour mandat d’être le candidat de la démocratie. Un accord interne signé entre les partis devrait conduire à de nouvelles élections dans les 2 ans après la victoire des forces démocratiques. Les partis doivent signer un accord de gouvernance qui aura force de la chose signée devant le tribunal si le candidat de la démocratie oserait renier à ses engagements de ne pas être candidat pour les premières élections qui suivront. Le peuple djiboutien sera aussi un autre arbitre.

Le cas de ce triste premier ministricule avocaillon de la transition peut attester. Il peut être riche, mais il est certainement trop triste, trop isolé et surtout misérable pour y jouir d’une vie saine et honnête. Le peuple djiboutien n’est pas aussi dupe qu’on oserait le croire.

CONCLUSION

Il s’agit donc, Peuple djiboutien, de repenser d’autres stratégies dans la lutte politique et sociale, qui ne tombe pas dans le sectarisme ambigu ni dans l’opportunisme des hommes politiques actuels, incapables de transformer la mobilisation populaire dans le sens des aspirations profondes de notre peuple. Des stratégies où la résistance (je dis mieux: la nécessité de la résistance) résument et traduisent les réflexions et les expériences acquises depuis les indépendances.

Peuple djiboutien, la noblesse de notre combat ne se trouve pas dans notre opposition à la dictature. C’est ce qu’elle exige de sacrifice, de rigueur et de persévérance.

Djiboutiennement

FreeDjibouti

freedjibouti@windowslive.com

http://afraissas.over-blog.com