29/11/09 (B527) FreeDjibouti -> LES DEBOIRES DU DEVOIR PATRIOTIQUE DES DJIBOUTIENS

Par FreeDjibouti

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Les peuples les plus soumis sont ceux les plus frappés, dit-on.

Le peuple djiboutien est plus que martyrisé dans le contexte de problèmes en Afrique. Tant de choses ont été dites et écrites sur Djibouti et ses problèmes, sur la politique djiboutienne et les chefs des partis de l’opposition depuis des décennies.

Mais de tout cela, rien n’est explicitement écrit ou dit sur la vraie nature politique des djiboutiens eux-mêmes dans cette bouillabaisse qu’ils continuent de maintenir dans leur propre pays à travers des conflits perlés.

Le vrai problème ou mal djiboutien ce sont les attitudes et les comportements des djiboutiens vis-à-vis de la chose politique dans leur pays.

Ce sont ces attitudes et comportements politiques des Djiboutien(ne)s qui ont engendré le vide politique autour du pouvoir d’État, l’incurie de rébellions armées, la boulimie du pouvoir et l’incapacité notoire des chefs de partis politiques, chefs rebelles et soi-disant “libérateurs” du peuple djiboutien à mettre un terme au banditisme contre le pouvoir d’État à Djibouti.

D’Ougoureh Kifleh en passant par Aden Robleh et beaucoup d’autres, les Djiboutiens ont adopté des comportements et attitudes de complices tout en agissant comme détracteurs de leurs dirigeants afin d’oublier leur part de responsabilité dans le mal qu’ils continuent d’infliger à leur pays.

Tout compte fait, les fossoyeurs et destructeurs de la nation djiboutienne sont les Djiboutiens eux-mêmes, sans exception d’ethnie ou de dirigeants.

Aujourd’hui, la majorité des Djiboutien(ne)s, qu’ils soient de l’intérieur ou de la diaspora, n’ont de cœur que pour leurs intérêts personnels, partisans et familiaux.

Les intérêts de Djibouti en tant que nation peuvent-ils toujours attendre ?

Ainsi, la prise du pouvoir sur la base ethnique(Issas), les rebellions(Afar) sans victoire ni programme politique, les partis de l’opposition, l’ambition des tarés de la société de diriger ce pays et le manque criard de civisme et du devoir patriotique chez les Djiboutiens ont poussé les dirigeants à voir les maigres soulèvements populaires et rebellions armées comme des actes irréfléchis et non des moyens de pression pour apporter le changement désiré.

Alors, la médiocrité et la cécité politiques des soi-disant « libérateurs » du peuple Djiboutien ont fait plus de mal au pays que changé la situation.

En son temps, le défunt président Gouled qualifiait ces révolutionnaires de « bandits », et le mafieux dictateur Guelleh les appelait « marionnettes à la solde de la France », et aujourd’hui, il les taxe par la voix de son ministre de l’intérieur de « mercenaires » érythréens et/ou à la solde de l’Erythrée ».

Pourquoi ces révolutions, résistances ou rébellions sans victoire définitive doivent-elles toujours être l’apanage d’une faction armée ou des ressortissants Afar contre le pouvoir d’État ?

Et pourquoi ces déboires politiques, tout comme l’incivisme et le manque du devoir patriotique de ces rebelles armés contre le pouvoir d’État à Djibouti doivent-ils être attribués au peuple djiboutien dans son ensemble ?

En fait, le peuple djiboutien s’est laissé tromper par ces « révolutionnaires » parce qu’il n’est jamais arrivé à faire un discernement entre ces rebelles contre le pouvoir d’État et ses propres devoirs patriotiques, démocratiques et civiques.

C’est-à-dire, les Djiboutiens dans leur ensemble continuent de rêver, même pendant ce siècle ou l’information se trouve à la portée de main, pour ne pas réfuter ou corriger ce qui opprime. Cependant, qu’ils soient de l’intérieur ou de la diaspora, les Djiboutien(ne)s agissent dans la majorité comme des escapistes qui attendent à ce que soit la France, les rebelles ou les partis politiques mettent terme à ce fléau politique qui les avilit et gangrène le pays.

Ce n’est pas de l’exagération de dire que les Djiboutiens ont toujours agi comme des extraterrestres habitant ce pays de la Corne d’Afrique. Car pourquoi, en tant que peuple ou nation, les Djiboutiens n’arrivent-ils pas toujours à trouver une solution adéquate, définitive et durable à leurs différends qui n’existent que parce que fabriqués par ceux qui en profitent ?

Pour preuve, le conflit a changé de nature et teneur pour devenir banalement une affaire de ralliement d’individus (Kadamy-DAF), de clans et d’anciens complices au lieu d’être l’affaire d’un peuple qui veut changer le cours de son destin. Et le temps passe, mais les Djiboutiens et leurs conflits demeurent !

Tout de même, savons-nous pertinemment que ceux qui combattent les régimes djiboutiens – révolutionnaires, nationalistes ou démocratiques etc.- depuis le « Soleil de l’Indépendance » à nos jours ne le font pas pour la majorité silencieuse des Djiboutiens ?

Car rares sont les conflits ou guerres déclenchés à Djibouti par devoir patriotique ou cause nationale.

Alors, c’est ce débat qu’il nous faut aborder et auquel doivent participer tous les esprits honnêtes, et non malins, de la communauté politique djiboutienne, où qu’ils soient, afin d’exorciser un tant soit peu ce mal djiboutien et permettre au vent de la paix de souffler à jamais dans ce pays que nous aimons encore tous.

Tout conflit n’a pas que de côtés négatifs.

S’il est bien géré, un conflit est une source d’enrichissement mutuel qui permet aux éléments antagonistes de se connaître, de s’ajuster ou de s’adapter à la nouvelle réalité qui crée ou qui a créé le conflit. Et le dialogue est ce pas vers la résolution de tout conflit. Malheureusement, le dialogue est une denrée rare chez nous les Djiboutiens.

J’ai employé le mot géré car il y a une part de responsabilité dans tout conflit que les éléments en présence doivent reconnaître en cas d’échec, de victoire ou de paix de braves etc. Parlant de Djiboutien, il est de notoriété publique que le conflit djiboutien est « mal parti » et mal géré par ceux qui l’ont initié dès le début des années 91.

C’est-à-dire la rébellion du FRUD- ce sur quoi tous les alibis de conflit djibouto-djiboutiens se fondent et n’a fait que de morts sans pour autant éradiquer le mal ou changer les conditions socio-politiques pour lesquelles il a vu le jour en 1991.

Vu la banalisation actuelle du conflit djiboutien, peut-on savoir exactement ce que ce machin de révolution du Frud I,II,III et ses rejetons de rebellions « claniques » vont concrètement changé à Djibouti ?

L’échec de la révolution du Frud et ses conséquences néfastes actuelles semblent dire que ses géniteurs ont ouvert la boite à pandore de l’éthnisation politique des différences culturelles, ciment de la nation djiboutienne, plutôt qu’axer la lutte sur un devoir patriotique pour éradiquer ce qui divise et gangrène le pays.

Par exemple, les scissions au sein du Frud et la ramification de rebellions sœurs prouvent à suffisance que les intérêts personnels priment sur la survie collective chez les dirigeants des rebellions. Et le cas le plus frappant de tares politiques chez les dirigeants des rebellions djiboutiens est la coalition avec le régime qu’il combattait. Là, les « libérateurs » du peuple djiboutien ont choisi d’abord de régler leurs intérêts égoïstes avant de soulager le peuple à travers le changement qu’ils chantaient depuis les montagnes et dunes de sable.

Par ailleurs, l’avènement de la démocratie qui devrait réveiller le sens du devoir patriotique chez les Djiboutiens n’a servi malheureusement que de mangeoire à l’élite politique djiboutienne.

Car la pléthore de partis politiques au début des années 90 à Djibouti a fait plutôt place à un essaim de rebellions armées. Le défunt président Gouled disait en coulisse qu’il fallait laisser les gens créer leurs partis. Car pour lui, ces partis vont mourir de leur belle mort faute de moyens et conviction politique de leurs dirigeants.

Et aujourd’hui, le défunt avait raison; car les partis créés à la hâte dans les années 1990 pour concurrencer le RPP, aucun n’évolue sur le terrain politique et social à Djibouti. En fait, les chefs de partis sont tous partis manger à la soupe du RPP. Et partant, ils sont tous paralysés parce que rassasiés par les déboires de leurs faux jeux politiques au détriment de la cause nationale.

Les conséquences des déboires patriotiques des dirigeants politiques djiboutiens sont criardes: il y a aujourd’hui une jeunesse djiboutienne sans repère et une sénilité sans histoire ni sagesse à Djibouti et dans la diaspora.

C’est-à-dire, Djibouti est ce pays ou les vieux observent les événements et les jeunes écrivent l’histoire. Ainsi, il y a un déphasage au niveau de la responsabilité et dans les rapports intergénérationnels chez les Djiboutiens en général. Pis, il n’y a eu aucune alternance à la tête des partis en vie et aucun chef de parti politique à Djibouti n’a préparé un dauphin politique.

Cela sous-entend qu’ils se disent intérieurement ceci: après moi il n’y a pas de parti !

Et c’est ainsi que le peuple djiboutien perd souvent devant son rendez-vous avec le changement. Bref, il n’y a pas d’osmose d’une part entre les Djiboutiens de l’extérieur ou de la diaspora eux-mêmes et ensuite entre ceux de l’intérieur et de la diaspora d’autre part. Chacun cherche à assurer sa propre survie ou celle de ses progénitures.

Aussi, ce qui est déplorable pour le moment dans l’éradication du mal djiboutien c’est que le garant de l’unité nationale et de la paix à Djibouti, le dictateur Guelleh, utilise toujours une approche qui ne fait qu’entretenir le mal.

C’est-à-dire, Guelleh est trop sélectif dans sa stratégie de paix et aime régler les choses au cas par cas. Cela crée jusqu’à là de méfiants et mécontents plutôt que des alliés. Qui de Guelleh, du peuple djiboutien, de l’opposition et des bandes de rebelles a peur de la paix à Djibouti ?

Ce qui est sûr, il y a un travail de conscientisation nationale à faire. Malheureusement, toutes les partis politiques et les medias djiboutiens qui sont sensées contribuer à la formation et à l’éducation citoyenne des masses se rivalisent plutôt dans des attaques personnelles qui entraînent parfois à l’assassinat de caractère qu’au renforcement des capacités des Djiboutiens.

Tout de même, à mon humble avis, toute victoire sur Guelleh ne va pas radicalement éradiquer le problème/mal djiboutien. Ça serait juste un changement d’appellation de régime, de parti, d’ethnie, de rébellion et de personne ; mais le mal/problème djiboutien, lui, restera pendant des générations à venir si l’on ne songe pas dés maintenant à régler cela par la manière violente de se dire les choses en face.

Et le seul cadre qui sied aux uns et aux autres de le faire, c’est ce que la communauté politique djiboutienne appelle à tort ou à raison, dialogue inclusif, négociation globale, conférence de paix et réconciliation, commission justice et paix à la djiboutienne etc. Peu importe l’appellation autant pour moi. Car c’est la ferme engagement des “rebelles djiboutiens” et de l’actuel président à ramener la paix ainsi que la participation de tous qui détermineront le sens collectif qu’on veut donner à ce cadre de dialogue.

En attendant l’accomplissement de ce sursaut patriotique, que les uns et les autres cessent de “manger piment dans la bouche” le peuple djiboutien à travers des guerres de libération, des révolutions ou rebellions claniques sans une victoire définitive pour le peuple.

Néanmoins, la victoire définitive du peuple djiboutien sur lui-même viendra quand il déclenchera sa guerre contre ces soi-disant justiciers du pouvoir d’État à Djibouti.

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