23/12/09 (B530) Après toutes ces années de tyrannie, il ne reste qu’une liberté aux Djiboutiennes et aux Djiboutiens, celle qui consiste à se battre ouvertement et avec courage pour gagner leur liberté. (Bouh Warsama)


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Pour ce faire ils et elles se doivent de chasser le Tyran usurpateur mais certes pas pour le remplacer par une autre Tyrannie…ou par un régime totalitaire ; car là se trouve un danger dont peu osent débattre.

Par principe reconnu, le propre de la sagesse et de la vertu pour un chef d’Etat est de bien gouverner le pays et diriger les populations dont il a la charge, dans l’intérêt de l’humain et dans le respect de ce qu’il est ; alors que le propre de l’ignorance et de l’injustice est de mal gouverner en privant l’humain de ses libertés fondamentales. Allant même jusqu’à le prendre ouvertement en otage, sur le plan international, exerçant ainsi un infâme chantage sur la grande pauvreté aux fins de pour se protéger et tenter ainsi de préserver un trône qu’il s’est, le plus souvent, indument approprié et conservé par la falsification de TOUTES les élections.

Dans le langage politique d’Ismaïl Omar Guelleh le mot « Liberté » a un sens particulier.

En effet, c’est selon son concept le droit de transformer une Constitution pour la mettre en conformité avec ses seuls intérêts, de transgresser ouvertement les lois selon son « bon plaisir » et ses seuls intérêts du moment.

Violations consistant en tout premier lieu à emprisonner la liberté et à l’enchaîner au fond de ses cachots les plus sordides. Lorsqu’elle devient gênante et un tant soit peu trop contestataire de la sacro-sainte autorité de son Excellentissime Sérénité le Tyran ; alors la faire torturer pour qu’elle « rentre dans le rang » quitte à ce qu’elle en meure.

Ne serait-ce que depuis 1999, combien d’hommes et de femmes sont morts sous la torture dans les geôles d’Ismaïl Omar ?

Comment peut-on, dans de telles conditions, se prévaloir d’une supposée légalité républicaine et du respect des Droits de l’Humain ?

Par ce qu’il est ancré dans une solitude profonde, donc en très mauvaise compagnie, IOG règne en maître absolu sur Djibouti bien avant 1999. Il a fait le choix de la force bestiale pour s’imposer ; de cette force qui n’a rien d’intellectuel, car elle ne veut pas dialoguer mais, à l’inverse de cela, ne sait que contraindre avec ses armes, par la torture, par le chantage, par la peur, par le calcul de ses seuls intérêts.

Observons que globalement la région de la Corne Est de l’Afrique est suspendue au risque omniprésent d’une implosion suivie d’un bouleversement général alors que la mal gouvernance dont souffre Djibouti est connue de tous les dirigeants des grandes nations, notamment occidentales, qui considèrent n’avoir actuellement qu’une seule alternative consistant à faire bonne figure à Ismaïl Omar Guelleh, maître chanteur, et à le caresser dans le sens du poil.

En tenant compte de leur désastreuse expérience lors de leur intervention militaire en Somalie au début des années 90 – dans laquelle ils mirent en évidence cette propension avide voire vorace qu’on leur connait à tenter de diriger l’histoire et les affaires des autres, chaque fois qu’une nation soumise leur en fournit l’occasion – les USA, associés aujourd’hui à la France et à l’UE dans son ensemble, sont contraints par la situation politique dans la région de tenir le pot de chambre d’IOG allant même jusqu’à lui offrir le papier toilettes « parfumé » ….aussi longtemps qu’il réussira à se maintenir au pouvoir et ce par tous les moyens.

Tout ayant une fin, en tenant compte de la généralisation du vent de révolte qui souffle sur Djibouti et dans la perspective de la chute du tyran, qui sera vraisemblablement « poignardé » par ses supposés serviteurs, l’instant n’est pas si lointain où ils lui verseront ensemble le contenu de son pot de chambre sur la tête.

Cette mal gouvernance dont souffre Djibouti sous la houlette d’Ismaïl Omar se vérifie dans bien des domaines dont celui des « règlements financiers » tels qu’ils sont imposés et qui ne devraient plus être conçus et fonctionner au profit d’une cour de dindes et de dindons jacassants, d’une caste ethnique ou tribale, d’une noblesse (y compris celle de …circonstances), que l’on peut tout au plus laisser subsister si ces « formations historiques et particulières » ne gênent pas le fonctionnement de la société moderne, rationnelle et d’évidence républicaine.

La tyrannie politique ayant des principes paradoxaux que la République – au sens où nous l’entendons – ne reconnait pas à justes raisons, en ce qui concerne les postes de responsabilités dans l’administration en général – administration vue la notion la plus large du terme – ceux-ci ne devraient pas être réservés aux membres de telle ou telle caste, de tel ou tel membre d’une famille régnante ou proche du pouvoir politique comme c’est le cas depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1977.

D’évidence, en l’absence de respect de ces principes et de bien d’autres tout le moins aussi cruciaux, au niveau du gouvernement nul ne devrait s’étonner que la grogne, l’absentéisme chronique, le peu d’enthousiasme, voire les désertions et les exils deviennent aujourd’hui « monnaie courante » à tous les niveaux de la hiérarchie dans le pays tant dans l’administration qu’au sein des Etablissements publics et commerciaux, des Armées, de la Gendarmerie et des Forces de Police Nationale.

L’Etat n’a jamais participé aux conséquences des catastrophes qu’il a provoquées, continuant à entretenir son irresponsabilité chronique mais a toujours participé aux bénéfices qu’il a pu en tirer ; en trente deux années d’indépendance bien peu de choses ont changé.

C’est avec la langue qu’Ismaïl Omar a tout promis en 1999, y compris la lune, mais c’est avec son portefeuille qu’il a oublié quasiment toutes ses promesses…

Quelques opportunistes et champions de l’incompétence se sont imposés par l’emploi de la force, l’usage du bâton et des armes.

Ils et elle se sont enrichis de manière totalement démesurée souvent par la corruption et ont ainsi remplacé l’ancien colonisateur alors que, dans le même laps de temps, les classes moyennes et les plus pauvres se sont bien plus appauvris qu’ils ne le faisaient auparavant.

Ne dit-on pas dans certains couloirs de la haute administration à Djibouti que « sous la menace permanente d’un emprisonnement à Gabode, l’Autorité de l’Etat consiste ici en ce qu’un (e) imbécile et un tyran se fassent obéir de ceux qui sont plus intelligents et plus pertinents qu’ils et elle ne le sont » ?

De même que la propriété, l’exercice des métiers et les monopoles d’activités (entre autres ceux de l’importation) ne devraient pas être asservis en faveur de quelques-uns ou une ….sous le faux prétexte d’être protégés alors que la circulation des biens doit être libre.

Dans de telles conditions, tout devrait changer et mener, sous l’aiguillon de la libre concurrence, à la promotion d’une jeunesse responsable, à la consécration puis au succès des plus compétents y compris et surtout parmi les plus anciens dont on a encore beaucoup à apprendre ; des plus méritants et ainsi contribuer au plus grand accroissement de la richesse sociale.

Mais hélas, le constat est que rien n’est fait comme ceci devrait l’être. Alors qu’adviendra t-il demain ?

Il est un principe que nous enseigne l’histoire de ce monde qui veut que sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples ; or ces limites là ont été largement franchies par les effets de la tyrannie imposée par Ismaïl Omar Guelleh.

Au delà de ces limites, c’est ou la mort, ou l’exil…………… ou la révolte.

Djibouti vit, depuis bien trop longtemps, sous le régime des privilèges donc des seuls privilégiés qui représentent tout au plus entre 3 et 5% de la population mais qui se sont tout accaparé en créant une pyramide des richesses établie et gérée jalousement par les squatters du Palais de l’Escale.

Ceux-ci sont totalement fermés à toute forme d’évolution vers une amorce de démocratie et entendent défendre ainsi, par tous les moyens y compris par l’emprisonnement sans justification d’aucune sorte et par le meurtre prémédité, leurs avantages indûment octroyés et leurs supposés honneurs bien particuliers.

Depuis que les « ignares d’importation » prolifèrent à Djibouti, la bêtise fleurit joyeusement en bouquets au sein de l’appareil d’Etat ! Ce sont ces mêmes ignares qui se délectent du faux clinquant du Palais d’Haramous, de la nouveauté et du plus gros véhicule 4X4 qu’il soit alors que les intellectuels et les gens cultivés en général relativisent tout et savent

Djibouti étant au bord du gouffre, si rien n’était fait pour permettre, dans les meilleurs délais, une ouverture vers la Démocratie dans le pays, dès lors on comprendrait que dans de telles conditions le phénomène de fortes contestations auquel nous assistons depuis bien des mois à tous les niveaux de la société djiboutienne conduirait, inexorablement et à court terme, vers une explosion sociale d’importance et généralisée dont nous apercevons déjà les prémices annonciateurs ; conflit, dont le théâtre pourrait fort bien s’exprimer ouvertement dans la rue et dont nul ne peut mesurer par avance les conséquences.

Le gouvernement des intransigeants est plus que jamais sous la menace d’une révolte qui éclaterait alors subitement opposant un pouvoir étatique ancré dans ses « détestables habitudes », desquelles il ne veut pas sortir et telles que nous les avons énumérées depuis tant d’années, et une société des individus que l’Etat actuel ne veut pas entendre et encore moins considérer mais qui, dès lors, n’aurait d’autre alternative que celle de s’exprimer par le conflit ouvert pour l’avènement d’un État rationnel et fait à son image.

Une société à l’agonie avec une jeunesse délaissée par le pouvoir en place, marginalisée car sans emploi, qui est lasse de proposer sans être entendue, de demander sans être écoutée et qui regarde depuis longtemps ce qu’est la liberté bien au delà des frontières du pays vers un autre avenir en considérant que l’actuel Etat prison que leur impose arbitrairement IOG n’est pas le centre du monde ; loin de là.

Qu’il soit femme ou homme, l’individu réclame à Djibouti ses droits en un État qu’il veut être défenseur et protecteur des intérêts de la société et du demain de ses populations, y compris jeunes ; ses droits en un pouvoir organisateur et législateur dans la mesure du strict nécessaire.,

Ce que chaque membre de la société djiboutienne découvre cependant au cours de cette lutte et constatera surtout après sa victoire, c’est que même l’État post…évolutionnaire (ou postrévolutionnaire suivant les circonstances et si les extrémismes politiques venaient par malheur à s’en mêler….) ne se réduit pas au simple rôle de serviteur de la société.

La pluralité des sociétés particulières constituées en États fait qu’une lutte purement politique, quoique reposant sur un fondement social, s’établit entre les sociétés-États. L’État que nous soutenons n’est pas seulement État du besoin et du calcul, il est l’organe de la réflexion et de la décision rationnelle d’une communauté particulière, il est aussi, peut-être et surtout, l’institution dans laquelle une morale vivante et historique se comprend en se réalisant.

Toute Constitution devrait être le garant des devoirs et celui de toutes les libertés

Chacune des constitutions républicaines a ses lois et ses caractéristiques qui lui sont propres.

Le « bon citoyen » d’une tyrannie sera un être lâche, obséquieux, traître à ses propres amis au profit du tyran et souvent sans que ce dernier ne lui fasse obligation de sacrifier ses amis tel qu’il le fait.

Le « bon citoyen » d’une oligarchie – qui est un régime politique dans lequel les pouvoirs essentiels sont entre les mains d’un petit nombre d’individus – fera preuve de courage et de fidélité non pas envers le pays, ses lois ou son drapeau et encore moins à l’égard des populations mais envers le groupe dominant auquel il appartient.

Il se montrera cruel et sans foi ni loi vis à vis de celles et de ceux qu’ensemble les « maîtres de la cité » (en l’occurrence : la bande mafieuse et serviteurs de son Excellentissime Sérénité) privent de tous les droits et de tous les avantages.

On voit donc qu’il y a une nature différente à chaque forme de vie politique.

Le despotisme discret et anonyme de l’oligarchie qui se fait complice et serviteur d’Ismaïl Omar Guelleh et de la QABYO est aussi effroyable et plus difficile à renverser que le pouvoir personnel aux mains d’un simple escroc.

Le maître absolu et la société des individus privés

Le véritable État républicain rend possible la forme la plus haute de la vie humaine pour ceux qui en ont la vocation; aux autres, ses lois procurent une existence digne dans une liberté responsable.

La forme de la vie dans le Djibouti de demain devrait rester cependant la seule que peuvent concevoir ceux parmi leurs contemporains qui ne se détournent pas des problèmes de l’action en commun.

Le Djibouti de demain naîtra du mélange, de la rencontre et des chocs des idées librement exprimées. A l’inverse, c’est de son isolement que mourra la tyrannie.

Ce futur et nouvel État djiboutien, auquel la grande majorité des individus aspire et appelle de tous ses vœux, pourra exister là où les femmes et les hommes connaitront le véritable sens et les limites de la liberté politique, c’est-à-dire là où chacune et chacun, à tour de rôle, saura demain commander mais aussi obéir.

Les Libertés et toutes les fonctions essentielles de l’État, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir délibératif, devront être accessibles à tous ceux et à toutes celles sans distinction d’appartenance ethnique ou tribale.

Matériellement, un tel État aurait nécessairement sa base dans une distribution de la richesse telle qu’une couche moyenne de la société, garant de la légalité républicaine, pourrait politiquement s’opposer aux entreprises néfastes de grands comme de pauvres comme au pouvoir totalitaire si cela devait s’avérer nécessaire et jouer ainsi cet indispensable rôle d’équilibre et de décideur en matière d’alternance politique.

Il s’agira donc pour toutes les générations de Djiboutiennes et de Djiboutiens de découvrir un mode de vie en commun qui maintienne la paix avec les pays voisins, car il y a de solides liens familiaux et ancestraux à maintenir par le dialogue et certes pas par l’emploi des armes, mais aussi et surtout à l’intérieur du pays au moyen d’une éducation adaptée telle que chacun place l’intérêt général au-dessus de son intérêt particulier.

N’oublions pas que l’avenir est aux peuples qui resteront unis, qui ne se feront pas de guerres intestines et qui sauront s’assurer la liberté de leurs alliances.

Or ce résultat ne pourrait pas être atteint dans tous les cas pour la raison que les hommes, naturellement égoïstes et égocentriques, cherchent avant tout le plaisir des sens et les satisfactions de l’amour de soi, la richesse, la gloire et les honneurs fussent-ils artificiels.

Naturellement, c’est-à-dire dans un Etat non éduqué, les hommes sont sous la domination de leurs passions, et leurs passions ne connaissent, en ce qui regarde les rapports humains, que des ennemis ou des compétiteurs, avec lesquels on s’alliera tout au plus quelques temps en vue de fins limitées.

D’autre part, au sein de l’opposition politique les désirs de quelques individus dominés par leurs ambitions démesurées (tous califes à la place du calife … et qui ont besoin de briller et d’étonner par des mérites et des compétences qu’ils n’ont pas…..) sont par essence en conflit entre eux en un moment et ne peuvent que conduire à la destruction de l’unité de ladite opposition ; aux frictions et à la lutte des factions, et générant indirectement d’autres discordes par la révolte contre eux de ceux qui se voient exclus des avantages auxquels ils pensent avoir un titre.

Le bien de l’État, le seul vrai bien, est son unité même.

Il sera atteint là où ceux qui détiennent le pouvoir et qui ainsi disposent du moyen d’éduquer les autres sont raisonnables, c’est-à-dire déterminent ce qui découle du principe même d’un intérêt général placé au-dessus de tout intérêt particulier, de caste ou de faction et que, le cas échéant, ils soumettront avec fermeté à la loi commune.

Seule une politique raisonnable, c’est-à-dire de la satisfaction de tous et de chacun, mais de chacun à la place que lui attribuent sa nature et son éducation, garantira la possibilité d’une morale vivante, vécue et pérenne, en même temps que la possibilité d’une éducation, différente selon les tempéraments, mais une en son intention, et d’une existence sensée. Toute autre forme de vie et de constitution sera défectueuse, puisque, à des degrés de déchéance différents, elle placera l’intérêt d’une partie, soit masse, soit élite, soit chef unique, au-dessus de l’intérêt général.

Il convient donc de soumettre, dès à présent, les hommes politiques de l’opposition djiboutienne à un projet de gouvernement, pensé et cohérent, qui aura comme priorité de réaliser le bien de tous ; et, pour réaliser le bon gouvernement de demain, éduquer chacun de ses membres dans le sens de l’honneur et de l’exemplarité du comportement.

Il faut écarter d’eux tout intérêt matériel, il est indispensable qu’ils deviennent des sages et que, en attendant (et l’attente peut durer), ils écoutent et obéissent librement aux sages, à ceux qui connaissent et pratiquent les droits de l’humain depuis fort longtemps et leur place dans la république.

La plus haute perfection de la société djiboutienne se trouve dans l’union de ses diversités. Ce n’est point une question d’âge ou de couleur de peau mais de sagesse.

« Penser et agir par nous-mêmes et pour nous-mêmes, en Nègres…., accéder à la modernité sans piétiner notre authenticité » /
Léopold Sédar Senghor (AMIN)