09/01/09 (B533) Plaidoirie pour l’Enfant soldat. La guerre, « jeu tragique » imposé aux Enfants d’Afrique et d’ailleurs. (Bouh Warsama)


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« Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige ». Albert Camus.

Ce n’est pas la souffrance qui est révoltante en elle-même, mais le fait que cette souffrance ne soit pas justifiée et imposée par certains « animaux » qui ne sont pas « Hommes » et qui n’ont que faire de l’Enfant comme de la Femme.

Dans un monde dominé par toutes les dictatures, toutes les souffrances en Afrique usent l’espoir avec le temps et la foi en l’avenir. Il y a en cela un crime de l’Occident que de cautionner en fermant les yeux face à toutes les tyrannies.

Ces Enfants de la guerre ont parfois à peine huit ans.

Ils fuient la grande pauvreté dans des régions pourtant pleines de ressources naturelles souvent victimes de l’exclusion tribale ou ethnique et se sont enrôlés dans des milices pour tenter d’éviter la mort.

Ces petits hommes en devenir, souvent au regard candide voire perdu face aux caméras d’un monde occidental qui trop souvent ne sont là que pour faire du sensationnel dans l’événement, ces jeunes soldats perdus dans un monde qui les exploite ont été hier au cœur des débats de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui juge l’ancien milicien congolais et criminel Thomas Lubanga.

« La guerre dans laquelle la folie des hommes les jette n’est souvent qu’un jeu pour ces Enfants perdus » est venue expliquer, aux Juges de La Haye, Madame Coomaraswamy, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les Enfants et les conflits armés.

Le concept de la mort est difficile à appréhender pour ces Enfants là car leurs souffrances accumulées et leur désœuvrement social – souvent sans structure familiale – les rend moins craintifs face aux balles et à la mort pendant les conflits.


Illustration Roger Picon
Celui qui n’a plus rien à perdre, qui n’attend plus rien de la vie devient alors le plus dangereux des combattants.

La psychologie explique que l’absence de prise de conscience de la mort chez l’humain lui procure presque un plaisir à se laisser couler dans ce désastre qu’est le jeu de la guerre.

Alors quand un Enfant n’a presque plus rien à perdre, son subconscient peut lui imposer « autant tout perdre et m’endormir à jamais ! ».

Dans le procès qui se déroule actuellement devant la Cour de La Haye (CPI) Thomas Lubanga est accusé de crimes de guerre.

Il est poursuivi pour avoir enrôlé et conscrit des centaines d’enfants de moins de 15 ans (certains avaient moins de 8 ans …) les intégrant dans l’aile militaire de sa milice l’UPC (Union des Patriotes Congolais) et pour les avoir contraints à participer à des hostilités.

Antagonismes tribaux qui se traduisirent par des massacres entre septembre 2002 et août 2003 pendant la guerre civile en Ituri qui ravagea l’Est de la République Démocratique du Congo.

L’accusation a achevé le 14 juillet 2009 la présentation de toutes ses charges retenues contre Thomas Lubanga, 49 ans, qui a toujours plaidé non coupable. Plusieurs témoins se sont fait connaître depuis et viennent se rajouter à la longue liste des accusateurs dont seuls quelques-uns, la liste étant fort longue, vont être cités par la Cour avant la présentation des arguments de la défense.

Madame Coomaraswamy, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les Enfants et les conflits armés, a expliqué que «…… l’Enfant accepte plus facilement d’obéir à un ordre qu’il n’a pas de discernement pour savoir si l’ordre est bon ou pas…. ».

Nombre d’entre eux sont enlevés au Soudan, en République Démocratique du Congo, en Sierra Leone mais aussi en Somalie !!!

En Kivu (RDC) ils ont parfois moins de 8 ans.

D’autres Enfants rejoignent des groupes armés pour « échapper à la grande pauvreté » ou par ce qu’ils sont les plus vulnérables de la société ; ce sont souvent des orphelins jetés sur les routes et ayant perdu tout repère ou autre point de chute auquel se rattacher.

Nombreux sont ces jeunes Enfants qui déclarent qu’ils ont rejoint les milices car c’était, pour eux,……. « fantastique de côtoyer ces hommes portant des lunettes de soleil qui avaient tous les pouvoirs……….. »

Du fond de leur profonde solitude affective et de leur détresse sociale, ils ont le sentiment que ce sont les seuls modèles glorieux qu’il faut imiter si l’on veut devenir un …homme.

Le manque d’éducation, l’absence de structure familiale et sociale les ont conduit à rejoindre les groupes de miliciens sans véritablement comprendre ce que cela signifiait et quelles conséquences pouvaient avoir leurs actes.

Quant à ceux qui fuient, lorsqu’ils sont ramenés ils sont ensuite battus et tués devant les autres Enfants pour servir d’exemple et susciter chez eux un sentiment de grande peur.

Pour conclure, on sait que plus de 250 000 Enfants sont recrutés dans le monde par des groupes rebelles ou des armées militairement en déclin face à une opposition armée.

Fasse le ciel qu’aucun « Enfant combattant » ne soit jamais enrôlé à Djibouti par le pouvoir en place ou par l’opposition.

Pour être un adulte responsable de ses actes, il faut avoir été un enfant solidement éduqué et formé à « L’Ecole de la vie », sans tricherie ni mensonge et en même temps un enfant heureux au sein de SA famille et dans SON pays.

Un Etat qui sait prendre ses Enfants par la main est un Etat qui triomphera de tout et vivra longtemps.