15/01/10 (B533) Yémen Express (4 articles en Français)

______________________________ 4 – Slate.fr

Portraits des chefs d’al Qaida au Yémen

Nasir Al-Wuhayshi

Contexte judiciaire:
En tant que leader d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP), Al-Wuhayshi s’est révélé un fin politicien et un adversaire innovant, parfois brutal. Autrefois secrétaire d’Oussama Ben Laden, Al-Wuhayshi est maintenant membre de la jeune génération plus radicale de cadres d’Al-Qaïda. En 2006, il s’est évadé d’une prison de haute sécurité de Sanaa (la capitale du Yémen) en compagnie de 22 autres militants. En janvier 2009, il a dirigé l’unification des branches yéménite et saoudienne d’Al-Qaïda sous sa responsabilité.

Pourquoi il est une cible:
Al-Wuhayshi est le chef d’Al-Qaïda dans la région. Ce seul fait suffit à le placer en tête de n’importe quelle liste noire américaine. Depuis la fusion dont il a été le fer de lance l’année dernière, il a publié une série de vidéos dans lesquelles il appelle les musulmans à se rebeller contre les régimes arabes, notamment contre le gouvernement du président yéménite Ali Abdallah Saleh, et contre la famille royale saoudienne. Il a par ailleurs montré qu’il avait une belle plume avec la publication de trois articles dans le dernier numéro du magazine électronique d’AQAP, Sada Al-Malahim (qui signifie en arabe «L’écho des batailles»).

Néanmoins, les initiatives d’Al-Wuhayshi sont allées au-delà du recrutement et de la propagande. Sous sa direction, AQAP a commis une tentative de meurtre, au mois d’août, contre le prince Mohammed Ben Nayef, ministre adjoint de l’intérieur en charge de la lutte antiterroriste en Arabie saoudite. Plus récemment, l’organe de presse d’AQAP a publié une déclaration dans laquelle l’organisation terroriste revendique l’attentat mené par Umar Farouk Abdulmutallab, qui devait faire exploser le vol 253 de la compagnie Northwest au-dessus de Detroit le 25 décembre. Selon cette déclaration, l’attentat venait en représailles aux attaques aériennes des Américains contre des cibles d’Al-Qaïda au Yémen.

Anwar Al-Awlaki

Contexte judiciaire:
Al-Awlaki est d’origine yéménite, mais il a vécu au Nouveau Mexique. C’est un imam qui a prêché dans des mosquées situées sur tout le territoire américain, y compris à San Diego en Californie, à Fort Collins dans le Colorado et à Washington. (Quand il était à San Diego, il a été appréhendé pour avoir approché des prostituées.) Calé en informatique, il a également une réputation d’«e-imam», notamment pace qu’il a créé un site Web populaire où il prodigue des conseils et publie des «sermons» pour colporter ses points de vue radicaux.

La parfaite maîtrise de l’anglais d’Al-Awlaki lui permet de toucher un public non-arabophone. Après être retourné au Yémen en 2004, il a été arrêté deux ans plus tard par le gouvernement yéménite à cause de ses liens avec Al-Qaïda. Il a passé 18 mois en prison. Depuis sa libération, il doit être quelque part dans le pays, mais on ignore où. Le plus probable c’est qu’il vive près de sa maison ancestrale, dans la province méridionale de Shabwa.

Pourquoi il est une cible:
Pendant les années qu’il a passées à faire du prosélytisme, Al-Awlaki a contribué à la radicalisation d’une longue liste de terroristes de premier plan. Lors de ses prêches à San Diego (Californie) et à l’église Falls Church (Virginie), trois des pirates de l’air du 11-Septembre étaient présents. Fait notoire: il échangeait depuis longtemps des courriers électroniques avec Nidal Malik Hasan, le psychiatre de l’armée américaine qui a été pris d’une folie meurtrière à la base militaire de Foot Hood en novembre (13 morts). «Nidal Hasan est un héros», avait déclaré Al-Awlaki à la suite de ce tragique épisode. «Combattre l’armée américaine est devenu un devoir islamique; c’est un fait incontestable. Nidal a tué des soldats qui étaient sur le point de partir en Irak et en Afghanistan pour tuer des musulmans.» Il semble également avoir été en contact avec Abdulmutallab

«Ce n’est pas un simple religieux», a précisé, dimanche, le conseiller de la Maison Blanche en matière de contre-terrorisme, John Brennan. «Il joue un rôle d’instigateur».

Saïd Al-Shehri

Contexte judiciaire:
Al-Shehri est un Saoudien qui a été capturé en décembre 2001 au Pakistan. Il prétendait y dispenser une aide humanitaire aux réfugiés musulmans. Par la suite, il a été transféré au camp de détention de Guantanamo. Parmi les accusations portées contre lui, on peut citer la «participation à des opérations militaires contre les Etats-Unis et leurs partenaires de coalition», ainsi que le complot d’assassinat d’un auteur anonyme.

En 2007, Al-Shehri a été transféré en Arabie saoudite pour y être détenu. Là-bas, il a suivi pendant 10 semaines le plus vaste programme national de réhabilitation assuré par le Centre de soins et de conseils Mohammed Ben Nayef. Si les Etats-Unis ont bien voulu le transférer, c’est peut-être parce qu’il avait affirmé – et cette déclaration est consignée – que s’il était relâché, «[il] souhait[ait] retourner à Riyad (capitale de l’Arabie Saoudite), pour rejoindr[e] sa famille (…) [il] tenterait de travailler dans le magasin familial de meubles d’occasion s’il est encore ouvert.»

Pourquoi il est une cible:
Peu après avoir terminé son programme saoudien de réhabilitation, il a refait surface aux côtés d’Al- Wuhayshi, apparaissant dans les vidéos de janvier 2009 pour marquer le mariage entre les branches yéménite et saoudienne d’Al-Qaïda. Numéro deux de l’organisation, c’est l’un des personnages saoudien les plus influents au sein d’AQAP. Ce qui est bien embarrassant pour le gouvernement saoudien, qui se targue de la capacité de son programme de réhabilitation à «soigner» les militants islamistes.

Des responsables américains l’ont accusé d’avoir participé à l’attentat contre l’ambassade américaine à Sanaa au mois de septembre, lequel a fait 16 victimes. Il a enregistré une vidéo sur téléphone portable dans laquelle il exhorte les Saoudiens à faire des dons à AQAP. Par ailleurs, dans un article publié dans Sada Al-Malahim, le magazine en ligne d’AQAP, il a appelé les activistes islamistes à commettre des assassinats plus ciblés, comme la tentative d’assassinat du Prince Mohammed Ben Nayef.

Qasim Al-Raymi

Contexte judiciaire:

Al-Raymi est lié à Al-Qaïda depuis longtemps avant la création d’AQAP, le groupe héritier d’Al-Qaïda au Yémen. Il a été le bras droit d’Al-Wuhayshi dans Al-Qaïda au Yémen. En février 2006, il est sorti de prison à la faveur de la même évasion qui a permis à Al-Wuhayshi d’être libre. Le 21 juin 2007, Al-Raymi a diffusé une déclaration audio qui annonçait le rétablissement officiel d’Al-Qaïda au Yémen dont le chef était Al-Wuhayshi. Depuis, il a réussi à rester hors d’atteinte, échappant notamment à un raid mené au mois de décembre destiné à le capturer dans la province d’Abyan, dans le sud du Yémen.

Il semble par ailleurs avoir un goût du risque prononcé. En 2008, des observateurs ont été surpris de le voir rester presque deux heures à un enterrement à Sanaa, apparemment insouciant d’être appréhendé par les autorités yéménites.

Pourquoi il est une cible:
C’est le commandant militaire d’AQAP et l’un des plus proches complices d’Al-Wuhayshi. Cet homme a laissé une longue liste de victime dans son sillage. En juin 2007, il a publié deux déclarations, dont une était une mise en garde à l’adresse du gouvernement de Saleh (le chef d’Etat du Yémen). Puis, le 2 juillet de la même année, Al-Qaïda a mené un attentat suicide dans la province de Mareb (nord-est du Yémen) contre des touristes espagnols. Dix personnes ont été tuées. Le gouvernement yéménite accuse Al- Raymi de faire partie de la cellule terroriste responsable de cet attentat.

Hizam Mujali

Contexte judiciaire:
Né à Sanaa, Hizam Mujali vient d’une famille de membres d’Al-Qaïda. Ses jeunes frères, Arif et Yahya, sont également actifs dans les cercles terroristes. Hizam Mujali a été arrêté à un poste de contrôle en 2003 et, en résistant aux forces de police, il a tué par balle un policier yéménite. Il faisait également partie du groupe de prisonnier qui s’est évadé en 2006.

Il a toutefois fini par se rendre aux autorités gouvernementales yéménites, concluant avec elles un accord qui lui permettrait de rester en liberté contre la promesse de ne pas rentrer dans les rangs d’Al-Qaïda. Il semblerait qu’il n’ait pas respecté cet engagement: le gouvernement a tenté de lui mettre la main dessus lors d’un raid dans le district d’Arhab, en décembre. Son frère, Arif, a été capturé. Lui a réussi à disparaître.

Pourquoi il est une cible:
Les activités terroristes de Mujali remontent aux attentats d’Al-Qaïda au Yémen, sous la direction d’Abou Ali Al-Harithi, lequel a été tué par une attaque de drone de la CIA le 3 novembre 2002. Mujali a été jugé dans un tribunal yéménite pour avoir fait partie de la cellule terroriste (15 hommes) ayant perpétré l’attentat contre le pétrolier français Limburg le 6 octobre 2002.

Dans un attentat rappelant celui mené contre l’USS Cole en 2000, un canot pneumatique piégé a explosé à côté du Limburg, tuant un des membres de l’équipage. Plus récemment, l’armée yéménite a affirmé que Hizam Mujali avait repris contact avec Qasim Al-Raymi, avec lequel il a fui après le raid de l’armée dans le district d’Arhab en décembre 2009.

David Kenner
Traduit par Micha Cziffra

______________________________ 3 – JDD

Al-Qaïda: Le Yémen exhorte sa population

Les autorités yéménites demandent la coopération de la population pour faire face à la menace d’Al-Qaïda.

"La guerre que les forces de l’ordre ont déclarée aux éléments d’Al-Qaïda est ouverte partout où nous les trouverons", peut-on lire sur un site d’informations gouvernemental qui cite un membre des services de sécurité.

Sanaa met en garde ceux qui seraient tentés de prêter refuge aux membres du réseau islamiste, indique jeudi la presse officielle.

Le Yémen est au centre des préoccupations internationales depuis qu’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique a revendiqué l’attentat raté du 25 décembre sur un vol Amsterdam-Detroit.

______________________________ 2 – AFP

Le Yémen veut "éradiquer" Al-Qaïda, appelle ses citoyens à coopérer

Le Yémen est déterminé à "éradiquer" Al-Qaïda de son territoire, a affirmé jeudi une source du ministère de la Défense, appelant la population à coopérer, tandis que les oulémas ont proclamé leur opposition à toute coopération militaire avec les Etats-Unis dans la guerre contre le réseau extrémiste.

"Le Yémen est déterminé à éradiquer Al-Qaïda de son territoire et les opérations se poursuivront de manière intensive, pour ne pas laisser à ses éléments le temps de reprendre leur souffle", a affirmé la source dans un communiqué mis en ligne sur le site du ministère de la Défense.

Elle a mis en garde la population contre toute tentative de "cacher des éléments d’Al-Qaïda", l’appelant à "coopérer avec les services de sécurité en les informant" de la présence de tout élément du groupe.

"La guerre menée par les services de sécurité contre les éléments d’Al-Qaïda est une guerre ouverte qui sera menée là où se trouvent ces éléments", a encore dit le communiqué.

De leur côté, les oulémas ont affirmé dans un communiqué rendu public jeudi lors d’une rencontre avec la presse que "le jihad serait le devoir de tous les musulmans, si une quelconque partie étrangère persistait à vouloir agresser le Yémen, y intervenir militairement ou l’envahir".

Le texte, dont un religieux membre du Parlement, cheikh Aref al-Sabri, a donné lecture, est signé par 150 oulémas représentant différentes régions du Yémen.

Le communiqué proclame également "le refus total" des dignitaires religieux de "toute intervention étrangère, qu’elle soit politique, militaire ou sécuritaire, dans les affaires du Yémen".

Comme il s’oppose à "toute présence étrangère, tout accord militaire et toute coopération militaire avec toute partie étrangère qui n’est pas en accord avec la charia" (loi islamique), ainsi qu’à "l’établissement de bases militaires sur le territoire yéménite ou dans les eaux territoriales nationales".

Cheikh Abdelmajid Zendani, un influent chef islamiste yéménite soupçonné par Washington de soutenir le terrorisme, figure parmi les signataires du communiqué et était présent lors de la rencontre avec la presse.

Le Yémen, allié des Etats-Unis dans leur guerre contre le terrorisme, a intensifié ses opérations contre Al-Qaïda après la revendication par ce groupe de l’attentat manqué de Noël contre un avion américain pour lequel a été inculpé le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, qui avait séjourné au Yémen.

Sanaa a annoncé mercredi avoir tué Abdallah Mehdar, présenté comme le chef d’Al-Qaïda dans l’Est du Yémen où se réfugieraient les principaux responsables du réseau d’Oussama ben Laden.

Mais les autorités yéménites ont exclu un déploiement de troupes étrangères dans le pays, alors que le Pentagone a assuré que le rôle des Etats-Unis au Yémen se limitait à la formation et au renseignement.

______________________________ 1 – AFP

Yémen: les oulémas appelleraient au jihad en cas d’intervention étrangère

Les oulémas du Yémen ont menacé jeudi d’appeler au jihad (guerre sainte) en cas "d’intervention militaire étrangère" et proclamé leur opposition à toute coopération militaire avec les Etats-Unis dans la guerre contre al-Qaïda.

"Le jihad serait le devoir de tous les musulmans, si une quelconque partie étrangère persistait à vouloir agresser le Yémen, y intervenir militairement ou l’envahir", ont affirmé les oulémas dans un communiqué rendu public lors d’une rencontre avec la presse.

Le texte, dont un religieux membre du Parlement, cheikh Aref al-Sabri, a donné lecture, est signé par 150 oulémas représentant différentes régions du Yémen.

Le communiqué proclame également "le refus total" des dignitaires religieux de "toute intervention étrangère, qu’elle soit politique, militaire ou sécuritaire, dans les affaires du Yémen".

Comme il s’oppose à "toute présence étrangère, tout accord militaire et toute coopération militaire avec toute partie étrangère qui n’est pas en accord avec la charia" (loi islamique), ainsi qu’à "l’établissement de bases militaires sur le territoire yéménite ou dans les eaux territoriales nationales".

Cheikh Abdelmajid Zendani, un influent chef islamiste yéménite soupçonné par Washington de soutenir le terrorisme, figure parmi les signataires du communiqué et était présent lors de la rencontre avec la presse.

Le Yémen, allié des Etats-Unis dans leur guerre contre le terrorisme, a intensifié ses opérations contre Al-Qaïda après la revendication par ce groupe de l’attentat manqué de Noël contre un avion américain pour lequel a été inculpé le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, qui avait séjourné au Yémen.

Mais Sanaa a exclu un déploiement de troupes étrangères dans le pays, alors que le Pentagone a assuré que le rôle des Etats-Unis au Yémen se limitait à la formation et au renseignement.