20/01/10 (B534) L’Allemagne ouvre une ambassade à Djibouti (CIDAL)

Les relations diplomatiques avec Djibouti étaient menées jusqu’à présent depuis Addis-Abeba.L’Allemagne prépare maintenant l’ouverture de sa propre ambassade à Djibouti.Qu’il s’agisse de partenariat dans la lutte contre les pirates et les terroristes, dans les questions de sécurité ou pour les technologies environnementales, les raisons de cette décision sont multiples.

Un point d’appui de la Bundeswehr

Djibouti a une grande importance géostratégique : situé dans le Golfe d’Aden, à l’embouchure de la mer Rouge, le pays offre le seul port en eau profonde fiable et exploitable d’Afrique entre le sud du Canal de Suez et Mombasa, au Kenya. Non seulement la marine allemande y fait régulièrement escale mais elle y dispose également d’un important contingent de soldats stationné sur place en permanence. Le petit pays s’est discrètement métamorphosé en un important point d’appui de la Bundeswehr. L’Allemagne a en effet des intérêts à faire valoir à ce carrefour entre le nord-est de l’Afrique et le monde arabe.

La piraterie touche les intérêts commerciaux allemands dans l’océan Indien car en fin de compte, ce sont presque trois quarts de l’ensemble des biens livrés en Europe par voie maritime qui empruntent le Golfe d’Aden. Forts de 3 400 navires, les armateurs allemands représentent en outre la troisième flotte commerciale au monde (même si 80 pour cent d’entre eux naviguent sous le pavillon du Panama, du Libéria ou d’autres États encore).

Sans oublier bien sûr la lutte contre le terrorisme. Les groupes djihadistes opèrent dans le voisinage immédiat de Djibouti, notamment au Yémen et en Somalie.

De ces deux types d’actions – lutte contre le terrorisme et contre la piraterie – résultent des questions opérationnelles qui nécessitent une réaction rapide en concertation avec les interlocuteurs djiboutiens. Jusqu’à présent, la démarche était compliquée puisqu’elle passait par Addis-Abeba. À l’avenir, l’ambassade d’Allemagne sur place sera chargée de ces tâches.

Un partenaire politique stable

Notre intérêt pour Djibouti dépasse cependant ce cadre :

Dans une région aussi importante qu’instable, ce pays est un partenaire politique stable, un acteur diplomatique sûr de sa valeur. Sa médiation dans la guerre civile complexe qui déchire la Somalie a été un succès : l’« accord de Djibouti » d’août 2008 forme la base du gouvernement fédéral de transition de Somalie, qui bénéficie d’une reconnaissance internationale. Djibouti est également le siège de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), une organisation régionale.

Les responsables politiques, diplomates et commerçants de Djibouti disposent d’un réseau international bien implanté, en Afrique mais aussi dans le monde arabe.

Un partenaire de l’économie allemande

Et on peut également essayer de voir encore un peu plus loin :

Djibouti s’intéresse beaucoup au développement des énergies respectueuses de l’environnement. Il n’y manque ni de soleil, ni de chaleur, ni de sympathies pour la technologie allemande. En effet, l’Allemagne est en tête du marché mondial en matière d’énergies renouvelables.

Le pays dispose du plus important port du nord-est de l’Afrique et d’une liaison ferroviaire qui relie celui-ci à Addis-Abeba. Ce port est en pleine expansion, une chance pour l’économie allemande qui a beaucoup à offrir dans les domaines de la technologie des transports et de la logistique.

Le pays est tout indiqué pour jouer un rôle de plate-forme des finances et des communications. Le Luxembourg, Singapour ou Dubaï sont autant d’exemples à suivre pour ce petit État conscient de ses qualités et situé entre la mer Rouge et l’océan Indien, entre l’Afrique et la péninsule arabique.