05/02/10 (B536) ARD : Compte rendu de la réunion d’information de l’ARD à Paris le 30 janvier 2010

L’ARD a tenu une réunion d’information le samedi 30 janvier de 14 heures à 19 heures à la réception du Restaurant "Aux Oliviers" situé dans le dixième arrondissement de Paris. La conférence a été animée par cinq personnalités du mouvement :

  • le vice-président du parti Mahdi Ibrahim,
  • le délégué plénipotentiaire de l’ARD à l’étranger Cassim Ahmed,
  • le représentant en Europe Maki Houmedgaba, et
  • le représentant en France Hamad Daoud.

L’assistance nombreuse comptait une trentaine de participants et accueillait quatre invités d’honneur :

  • Madame Laurence Davidovitch, présidente de Survie-Paris,
  • Madame Karera Hassan, réfugiée djiboutienne accueillie en France le 18 décembre dernier,
  • Ahmed Kassim, président de l’Association pour la démocratie et de développement (ADD), et
  • Jean-Loup Schaal,, président de l’Association pour le respect des droits de l’homme à Djibouti (ARDHD), co-représentant en Europe des réfugiés et animateur du site ARDHD.org.

Après introduction de la réunion par le délégué plénipotentiaire Cassim Ahmed qui a présenté les différentes personnalités de l’ARD et les thèmes qui allaient être abordés par chacun, le vice-président de l’ARD Mahdi Ibrahim a évoqué l’histoire de la lutte politique à Djibouti entre 1992 et 2003. Cet intervalle charnière a marqué de fait des moments forts de la lutte pour la démocratie à Djibouti entre la fondation d’un idéal national avec la création du Front uni de l’opposition djiboutienne (FUOD) en juin 1992 et en janvier 2003 les élections législatives que l’UAD considère avoir gagnées.

Cette période a incarné le premier soulèvement djiboutien contre l’autocratie et le monopartisme et a vu la transformation en avril 1992 du Frud-armé en ARD un an après l’accord de réforme et de concorde civile signé en mai 2001 entre le Frud-armé et le gouvernement djiboutien. Le vice-président a rappelé la réalité selon laquelle la création de l’ARD a permis la création des autres partis, ce qui fait de l’ARD un parti précurseur du premier multipartisme à la djiboutienne.

Enfin, introduisant l’intervention du Délégué Plénipotentiaire, le Vice-Président Mahdi Ibrahim a insisté sur le fait que l’actuelle impasse politique est, selon l’ARD, d’ordre institutionnel et non constitutionnel. Pour proposer un véritable programme de société, il ne s’agit pas seulement de s’opposer à un troisième (4ème, 5ème, énième) mandat d’un Président mal élu. Qu’il ait été candidat solitaire en 2005 est la meilleure preuve d’un blocage institutionnel persistant qui ne peur être dépassé que par la restauration dans leurs droits les plus fondamentaux des citoyens, par l’octroi des pièces d’identité nationale à qui y a droit, et des électeurs, par la mise en place d’une CENI véritablement indépendante.

Lui succédant, le Délégué Plénipotentiaire Cassim Ahmed a présenté la situation générale qui prévaut actuellement en république de Djibouti. L’accent a été mis sur le contexte particulier relatif à l’état de non droit qui y perdure depuis l’indépendance nationale en 1977. Le délégué a rappelé la tenue en février 2010 à Djibouti des Assises de l’ARD destinées à fixer le nouveau cap des actions prévues dans le cadre du renforcement des activités de l’opposition nationale. Parce que la constitution djiboutienne ne fait aucune place à la séparation effective des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, l’ARD appelle à une mobilisation populaire pour provoquer le changement de régime. Dans ce cadre, réunions d’information et meetings seront organisés à Djibouti à partir des Assises nationales du parti. Un hommage appuyé est rendu à l’action de Jean-Loup Schaal et de l’Ardhd aux côtés des Djiboutiens depuis le début du soulèvement à Djibouti dans les années 1990.

A sa suite a pris la parole le représentant de l’ARD en Europe Maki Houmedgaba qui a présenté les raisons pour lesquelles l’opposition djiboutienne et notamment l’ARD a été conduite à élire domicile aussi à l’étranger. Il a justifié les choix des pays comme la France, la Belgique et la Suisse pour installer les représentations de l’ARD en Europe. Alors que la France est le bailleur de fonds principal de la république de Djibouti avec 30 millions d’euros alloués annuellement depuis 2003, la Belgique est le siège de la Commission Européenne décisionnaire dans l’aide au développement mais aussi le siège des tribunaux belges à compétence universelle, tandis que la Suisse est la résidence de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies et du Bureau international du travail, toutes institutions qui seront assidument approchées par les différents représentants permanents installés localement. De même, l’ARD va développer les contacts avec les autorités politiques des pays concernés.

Le représentant de l’ARD en France Hamad Daoud a poursuivi l’exposé en évoquant l’organisation concrète de cellules locales que le mouvement va créer en France afin de mobiliser les Djiboutiens de la diaspora. Aussitôt que l’organisation sera opérationnelle, elle pourra servir de modèle pour d’autres pays. Le représentant en France a saisi l’occasion pour appeler à un travail de proximité avec les Djiboutiens restés dans le pays en développant un système de jumelage entre des écoles en France et à Djibouti. Organiser une entraide entre les Djiboutiens de l’exil et ceux vivant au pays permet de constituer un capital de militants concrets. Le représentant en France a tenu à demander à l’assistance de renouveler leur soutien à l’ARD afin de rendre possible les actions envisagées par le parti.

Le président de l’ADD, Ahmed Kassim, a pris la parole pour rappeler la présence de l’ADD dans la lutte pour les droits de l’homme et la démocratie à Djibouti. Il a rappelé que l’ADD a toujours organisé aux côtés des autres organisations la manifestation d’Arhiba tous les 18 décembre devant l’ambassade de Djibouti pour commémorer le massacre de 59 civils à Arhiba le 18 décembre 1991. Appelant les Djiboutiennes et les Djiboutiens à agir pour aller de l’avant, « aide-toi et le ciel t’aidera » a conclu le président de l’ADD.

Jean-Loup Schaal, le vice-président de l’ARDHD, a remercié l’ARD pour l’invitation reçue et a rappelé dans quelles circonstances l’ARDHD a commencé sa mobilisation aux côtés des Djiboutiens victimes de la dictature dans leur pays. L’ARDHD a joué un rôle dans la défense des droits de l’homme et privilégie le partenariat avec les militants.

Le site internet de l’ARDHD sert de vecteur à cette cause avec 3000 à 4000 connections par jour. M. Schaal rappelle que l’ARDHD a beaucoup œuvré pour la défense des demandeurs d’asile et des réfugiés djiboutiens en France. Un remerciement chaleureux a été adressé à Omar Ali Gabassé, qui a travaillé à la venue des réfugiés djiboutiens en France. M. Schaal a révélé que le site de l’ARDHD souvent coupé à Djibouti, restait consulté par des voies détournées.

Laurence Davidovitch, présidente de Survie-Paris, a présenté la genèse de l’association Survie et son engagement dans la lutte contre le phénomène de la Françafrique. C’est dans ce cadre que Survie-Paris s’est impliqué dans l’affaire Borrel, du nom du magistrat français assassiné à Djibouti en 1995. C’est donc à partir de l’affaire Borrel, que la présidente de Survie-Paris s’est intéressé à Djibouti et à la Corne de l’Afrique, une région peu connue en France.

Lorsque le Medef s’était rendue à Djibouti, Survie-Paris a mené une campagne d’information sur Djibouti, a rappelé Mme Davidovitch.

L’association prépare actuellement un article de presse sur la visite surprise du président Sarkozy à Djibouti qui sera publié sur le site de l’ARDHD.

A la fin des interventions programmées, l’assistance a engagé une série de questions réponses. Le délégué plénipotentiaire de l’ARD a rappelé à cette occasion que la mobilisation de la diaspora aujourd’hui faisait écho à la décision de l’ARD de se mobiliser à Djibouti en 2010.

Le vice-président de l’ARD Mahdi Ibrahim a conclu la séance en rappelant que la réunion ne devait pas en rester là et qu’il appartenait à chacune et à chacun d’être l’ambassadeur de cette lutte, même si la responsabilité des acteurs politiques est la plus grande dans le rôle à jouer.

A 19 heures la réunion touchait à sa fin, alors que les derniers mots portaient sur l’échange des coordonnées afin de consolider les liens et de rééditer la rencontre dans un délai de quatre à six semaines.

Maki Houmedgaba