10/02/10 (B537) Alerte en Somalie / (AFP) Somalie: les civils fuient Mogadiscio avant l’offensive annoncée. (note de l’ARDHD en introduction)

___________________________ Note de l’ARDHD

Beaucoup d’observateurs expriment leurs craintes et leur réprobation, face à cette offensive (annoncée) qui sera engagée par des forces « qualifiées d’étrangères » en Somalie. D’un côté l’AMISOM, constituée majoritairement de soldats du Ruanda et du Burundi et en face les militants extrêmistes.

Ne pas oublier non plus que l’Armée éthiopienne vient de se positionner au-delà de la frontière, certainement pour prendre les islamistes à revers, s’ils étaient contraints de décrocher de la capitale sous les assauts de l’AMISOM. (Il est vraissemblable que les moyens aériens d’investigation des forces américaines basées à Djibouti, participent discrètement à l’opération : satellites, drones, reconnaissances nocturnes, ….)

Un risque de déstabilisation généralisée dans la Corne de l’Afrique

Même victorieuse (ce qui n’est pas une certitude!), cette offensive de l’AMISOM a-t-elle une chance de résoudre le problème somalien ?

On peut penser que non ! Les instances internationales avaient déjà soulevé le couvercle de la boite de Pandore en couvrant l’invasion éthiopienne.

Aujourd’hui, elles risquent de l’ouvrir complètement. Si les islamistes perdent des forces significatives dans la bataille, ils ne seront pas décapités ni totalement affaiblis. Si l’on donne un certain crédit à leurs récentes déclarations, ils ne se laisseront pas anéantir par une bataille perdue et ils pourraient être tentés d’utiliser d’autres moyens que les forces conventionnelles de combat sur le terrain : attentats, massacres purraient se multiplier non seulement dans la région, mais aussi dans d’autres parties du monde.

De plus la population somalienne est usée par ces années de guerre et de survie au milieu des échanges de tir. Sera-t-elle tentée de soutenir les islamistes pour contrer un Gouvernement (même victorieux), qui n’a aucune légitimité autre, que celle que lui ont conférée l’ONU, l’Ethiopie et Guelleh en sponsorisant l’élection « mascarade » du Président somalien à Djibouti.

__________________________________ AFP

De Mustafa HAJI ABDINUR

Des centaines d’habitants de Mogadiscio ont commencé à fuir la ville en ruines dans la crainte d’une vaste offensive promise par le gouvernement, avec le soutien de la force de paix de l’Union africaine (Amisom), contre les insurgés islamistes.

« Le gouvernement clame qu’il va reprendre le contrôle de la ville, les rebelles renforcent leurs positions, et les civils seront encore les premiers à en payer le prix », s’inquiète avec amertume Mohamed, 39 ans, père de trois enfants.

Sa famille vit dans le quartier d’Huriwa (nord), une zone contrôlée par les insurgés. Avec les rumeurs d’attaque imminente, Mohamed a décidé d’installer temporairement ses proches dans le corridor d’Afgoye (périphérie sud-ouest), où s’entassent depuis des années des milliers de déplacés.

Le gouvernement de transition (TFG) a annoncé son intention de lancer prochainement, avec le soutien de l’Amisom, une offensive majeure contre les insurgés shebab, qui se réclament d’al-Qaïda, et leurs alliés du Hezb al-Islam.

Soutenu à bout de bras par la communauté internationale, le TFG ne contrôle qu’une petite partie de la capitale, essentiellement grâce aux 5.000 militaires burundais et ougandais de l’Amisom.

Les duels d’artillerie qui opposent forces pro-TFG et soldats de la paix aux shebab font régulièrement de nombreuses victimes parmi la population. Mais de l’avis de tous, l’affrontement qui se prépare annonce encore plus de violences. « Ce sera la bataille finale pour nettoyer la capitale de ses terroristes », assure un responsable militaire du TFG, Abdirasak Qeylow. « Nous avons confiance, nous allons les battre ».

Se disant informés des préparatifs en cours, les shebab se prépareraient « à contre-attaquer » et ont promis la défaite du « gouvernement apostat » et de ses « alliés chrétiens ».

Reconnaissables à leurs treillis neufs, des soldats du TFG, récemment formés à Djibouti (notamment par l’armée française), ont été déployés sur plusieurs lignes de front dans le centre de Mogadiscio.Les habituels affrontements ont sensiblement augmenté d’intensité depuis trois semaines, et le TFG aurait recruté de nombreux ex-miliciens.

La ville bruisse de toutes les rumeurs, poussant en particulier les habitants des quartiers islamistes à trouver temporairement refuge en périphérie. Des dizaines de familles ont ainsi pris la direction du camp de Hawa Abdi. « Beaucoup comme moi ont décidé de se mettre à l’abri avant le début des combats », explique Amino, mère de six enfants à Huriwa.

« Nous sommes revenus à Mogadiscio après le départ des troupes éthiopiennes (janvier 2009). Depuis lors, nous n’avons jamais connu la paix, ce ne sont que combats et bombardements », déplore-t-elle.

D’autres familles sont arrivées récemment dans les camps d’Elashabiyaha et de Lafole.

Selon le HCR, 18.000 personnes ont été déplacées en janvier à Mogadiscio par les violences. Beaucoup vivent aujourd’hui en dehors des limites de la ville, dans des conditions sanitaires déplorables et souvent dépendants de l’aide humanitaire.

« Cette fois, je crois bien qu’ils vont se battre pour le contrôle de toute la ville. Le TFG comme les shebab sont bien préparés, ils amassent des forces sur les lignes de front », observe Jamal, commerçant dans le bastion shebab de Bakara.

« La guerre n’a jamais apporté de solution aux problèmes de la Somalie », souligne Mohamed Gobe, dont la famille a fui le quartier de Suqbacad. « C’est la sixième fois que les miens doivent quitter la maison. Moi je reste pour garder notre petite épicerie »