20/02/10 (B539) Niger – Un coup d’Etat bien à propos et qui, sur le fond, arrange quasi parfaitement les « Affaires des Occidentaux ». (Bouh Warsama)


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Selon les géopoliticiens, l’éviction du président du Niger, Mamadou Tandja, lors du coup d’Etat militaire effectué jeudi dernier était prévisible ; osons le dire « il était même très souhaitable » car offrant une solution alternative au marasme politico-mafieux local.

Si certains condamnent, par principe et du bout des lèvres, une telle méthode car étant par évidence anticonstitutionnelle, donc officiellement inacceptable (officiellement seulement…), cet événement est surtout salué dans les milieux diplomatiques de premier plan pour leur avoir ôté, aux uns comme aux autres, une belle « épine du pied » en mettant fin à une dérive autarcique qui fonçait droit dans le mur.

Il était clair qu’en un moment ou à un autre allait avoir lieu une intervention militaire interne écartant d’abord en son sein les quelques vieux caciques galonnés et richissimes qui étaient au service du président Tandja pour déposer, aussitôt et sans quasi effusion de sang, le Tyran local.

En effet, la situation provoquée par le président nigérien, avec la mise en place d’une sixième république en août 2009, avait pour origine la création d’un régime présidentialiste et dictatorial où il détenait et contrôlait tous les pouvoirs, alors que ses mandats …devenaient quasi éternels car sans limite aucune.

Ceci avait immanquablement entrainé de vives réactions de refus – y compris dans ses propres rangs – alors que des fissures importantes apparaissaient dans la vie politique locale et venaient renforcer d’autant l’opposition politique.

L’ancienne colonie française de plus de 15 millions d’habitants a commencé a véritablement dériver lentement vers une grande crise politique il y a de cela un an quand le président Tandja, dont le deuxième et normalement dernier quinquennat devait s’achever en décembre 2009, a décidé arbitrairement de prolonger son mandat par un coup de force « à la Guelleh… » pour l’adoption d’une nouvelle Constitution nationale dès le mois d’août de la même année.

-En préalable à cela il a dissout, écarté voire « effacé » tout ce qui faisait obstacle à ses seules ambitions.

L’opposition s’est alors unie pour s’adresser d’une seule voix à la communauté internationale aux fins de dénoncer cette nouvelle mystification la qualifiant de véritable « Coup d’Etat » anticonstitutionnel.

Elle a multiplié les actes de mobilisation des populations dans tout le pays ainsi que ses condamnations tout en attirant l’attention de l’opinion internationale sur le fait qu’elle était « enchainée » par le pouvoir discrétionnaire de Mamadou Tandja et que dans l’impossibilité qu’elle était de s’exprimer démocratiquement une prise en mains du pays par les militaires était bien plus qu’envisagée pour prendre le relai de la contestation politique en vue d’instaurer au Niger une amorce de démocratie à partir d’élections libres et contrôlées.

-Face à l’ignorance et à la désinvolture dont fit démonstration le président nigérien et afin d’éviter une véritable explosion des mécontentements, on peut considérer que l’armée a fait « ce qu’elle devait faire » en évitant le bain de sang.

Certes ce coup d’Etat était plus que prévisible car Tandja avait emboité le pas de Mugabé en devenant, lui aussi et de facto, un paria vis-à-vis de la communauté internationale.

En effet, en modifiant la Constitution nationale pour s’autoproclamer « Président à vie » en faisant usage d’un tel subterfuge, le président nigérien s’était marginalisé vis-à-vis de l’Union européenne qui avait aussitôt interrompu son aide financière au développement alors que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait suspendu le Niger de ses instances décisionnaires.

On peut considérer que la « bouffonnerie égocentrique » dont Mamadou Tandja a fait preuve alors, ainsi que la démonstration de son absence totale de respect pour les institutions naissantes, tant démocratiques que républicaines, ont créé toutes les conditions propices pour l’émergence de ce coup d’Etat réalisé en quelques heures par les militaires.

Tandja voulait « faire danser les autres », en fait il danse maintenant « tout seul, dans sa cellule » et ce, espérons-le, pour longtemps.

Trop souvent les tyrans malhonnêtes ne comprennent pas que l’on peut être autrement qu’ils ne sont.

-En chaque chose de la politique « il y a une bonne raison et la vraie raison que l’on avoue pas »

Par évidence, la Communauté internationale doit être soulagée même si des institutions tels que la France, l’Union Africaine, l’Afrique du Sud et la CEDEAO ont officiellement condamné du bout des lèvres – et seulement du bout des lèvres – le coup d’Etat de l’Armée nigérienne en considérant un tel acte comme étant une prise de pouvoir anticonstitutionnelle………….

Le « diplomatiquement correct » dont ils font usage dans les circonstances présentes n’est-il pas le fils de la diplomatie et de « l’escroquerie courtoise et bienséante » ? alors que la raison d’Etat que l’on nous oppose si souvent et par habitude est une raison mystérieuse pour autoriser ce qu’il se fait, par ailleurs, sans raisons.

Chacun a pleine conscience que ce n’est qu’une condamnation, officielle et de principe, qui sera bien vite oubliée alors que le pays était dans une situation explosive depuis plus d’une année.

Qu’on l’admette ou pas, ce coup d’Etat militaire était la seule porte de sortie honorable pour le pouvoir autarcique en place tout en évitant des affrontements et les inéluctables bains de sang desquels nul n’en serait sorti les mains propres et grandi pour demain.

En effet, l’accumulation de tous les mécontentements avait atteint un tel niveau que l’opposition politique à Mamadou Tandja n’aurait eu aucune peine à faire sortir des centaines de milliers de gens dans les rues de Niamey et des autres villes du pays ; mais c’est ce qu’il fallait éviter impérativement.

Le sang des populations meurtries se lave avec des pleurs et certes pas avec du sang. L’opposition nigérienne a eu une attitude responsable en n’utilisant pas « l’arme » que constitue le flot des populations opprimées déferlant dans les rues.

-Des élections libres !

Débarrassés d’un président dictateur, aujourd’hui les nigériennes et les nigériens reprennent confiance en l’avenir. Elles et ils attendent mais surtout espèrent que le Conseil militaire qui vient de prendre le pouvoir remettra rapidement le pays sur la voie d’institutions libres et qu’il tiendra ses engagements.
Reste à savoir quand et comment se tiendront les prochaines élections au Niger ?

– Mamadou Tandja et Ismaïl Omar Guelleh, similitudes entre les deux méthodes de gouvernance.

Le « monarque bananier» djiboutien devrait s’inspirer de ce qu’il se passe actuellement au Niger pour en tirer les leçons nécessaires et ne pas persister dans l’erreur.

Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle qu’il exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de SA justice ; ce faisant il a créé ainsi et depuis 1999 toutes les conditions à une explosion sociale imminente à Djibouti.

Comme le fit Mamadou Tandja chez lui, en quelques dix années le pouvoir d’IOG a tout politisé, a acheté financièrement bien des consciences chez « l’étranger » afin d’obtenir épisodiquement des « coups de brosse à reluire » et du « léchage de c.. » quasi permanent.

Le monarque djiboutien s’est ainsi habillé d’une false image de respectabilité pour faire diversion et tenter de faire oublier au peuple djiboutien la baisse de niveau de vie qui frappe plus particulièrement les milieux populaires et moyens, le creusement des inégalités, les retraites de misère des « vieux » (ndlr : quand elles sont payées autrement que par des coups de bâtons lors de manifestations) et la misère tout court.

En finançant ça et là quelques dirigeants de façade, obséquieux et serviles, responsables d’associations créées pour la circonstance, servant exclusivement de « pompes à pognon » et financées sur des aides internationales, le tyran djiboutien a engendré une imaginaire force sociale.

Une force que le pouvoir active et utilise ponctuellement en compensation de la distribution de sacs de riz, de boîtes de lait et d’autres produits de première nécessitée ; mobilisant ainsi les plus miséreux dans ses « Opérations bidonnées » et particulièrement une partie de la jeunesse émigrée.

Hommes et femmes originaires du Somaliland et de la région de Dire Dawa en Ethiopie qui sont épisodiquement « djiboutianisés » lors des élections sous de fausses cartes d’électeurs où utilisés comme « agitateurs » de petits drapeaux et lanceuses de « you you » pour accueillir les rares visiteurs de marque, chefs d’Etats étrangers, qui osent encore « fréquenter l’infréquentable »

-Je ne sais ce que peut être la conscience d’une canaille qui veut paraître bienfaiteur, mais je sais ce qu’est la conscience d’Ismaïl Omar ; c’est effrayant !

Les conditions de vie des Djiboutiennes et des Djiboutiens qui luttent, au jour le jour, durement pour leur survie se dégradent.

Les signes de détresse sociale s’accumulent, les grèves se succèdent aux autres à un rythme qui s’est accéléré depuis plus d’un an alors que grévistes sont traumatisés voire profondément blessés par les gestes brutaux des Forces de répression policière qui agissent suivant « l’ordre fondé sur la force ».

Femmes et hommes, ce sont des dizaines de responsables syndicaux sont soit décédés (es), soit ont été sanctionnés puis licenciés (es) sans raison valable depuis 1999 alors qu’une certaine justice, exclusivement au service du Palais de l’Escale, est toujours muette et détourne son regard.

Les mouvements de révolte, surtout parmi la jeunesse djiboutienne abandonnée avec ou sans diplôme mais toujours sans emploi, surviennent à intervalles de plus en plus rapprochés.

Le pouvoir d’Ismaïl Omar Guelleh incarne, plus que jamais, la brutalité de la répression aveugle et sanguinaire exercée par quelques « barbares » qui contrôlent les manifestations dès le moindre développement.

– Est-ce que le monde du travail, les fonctionnaires et les assimilés comme tels peuvent vivre, non survivre avec les salaires versés ?.

La répartition des richesses générées et des revenus est devenue si inégale qu’elle viole les normes nominales et élémentaires de justice.

Rétrograde sur le plan social, le « gouvernement des fossiles et de l’incompétence », dirigé par IOG, mène une politique de plus en plus antisociale.

Constat est fait que plus de 80% des familles djiboutiennes vivent dans l’extrême pauvreté, stagne dans la misère, est expulsée manu militari des quartiers de la capitale alors que le pouvoir, qui n’a que faire de leur détresse et de leur souffrance, détourne allégrement les aides financières au développement, les aides en nature et les finances publiques en octroyant encore plus à ceux qui, parmi eux, en avaient déjà trop ; ce qui, admettons le, est le comble de l’injustice.

Les Djiboutiennes et les Djiboutiens ne croient pas à la fiabilité et à l’objectivité des « statistiques mascarades » qui émanent du gouvernement actuel sur l’inflation, le pouvoir d’achat, le nombre de logements réalisés, manipulées à des fins politiques…. Quant aux statistiques sur le chômage elles sont « SECRET D’ETAT » et ne paraissent plus depuis bien des années tant le seuil de la catastrophe est dépassé dans ce domaine.

Ismaïl Omar Guelleh, Kadra Haïd et leurs « serviteurs » qui étaient pourtant censés, dès 1999, préparer l’avenir des citoyennes et des citoyens – particulièrement de la jeunesse car c’est avec elle et pour elle que devrait se préparer l’avenir de Djibouti – ce sont seulement préoccupés de leur propre bien-être, de leur seul avenir, du contenu de leurs comptes bancaires et de leur pléthore patrimoine immobilier – surtout à l’étranger – de leur devenir et ne songent qu’à s’enrichir d’une manière effrénée au vu et au su de tout le monde.

-Quelle pourrait-être la réaction de l’UE et de l’Elysée si Ismaïl Omar Guelleh concrétisait son troisième hold-up électoral ?

Souvenons-nous qu’en modifiant la Constitution nationale pour s’autoproclamer« Président à vie » par un subterfuge, l’ex président nigérien Mamadou Tandja s’était marginalisé vis-à-vis de l’Union européenne qui avait aussitôt interrompu son aide au développement alors que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait suspendu le Niger de ses instances décisionnaires.

La question qui se pose est celle de savoir :

« Quelle pourrait-être la réaction de l’Elysée et de l’UE, si Ismaïl Omar Guelleh concrétisait son troisième hold-up électoral et prenait ainsi par provocation et fanfaronnade le même chemin…que l’ex président nigérien Mamadou Tandja » ?

Quoi qu’il en soit, l’avenir de Djibouti et tout d’abord l’affaire des Djiboutiennes et des Djiboutiens.

Elles et ils auront le gouvernement qu’ils souhaitent et méritent.