17/03/10 (B542) AFFAIRE BORREL – L’assassinat de la Justice inspire une telle horreur au fond des consciences, que l’on en est venu à inventer la « Raison d’Etat » et le « diplomatiquement correct » pour tenter de le cacher. (Bouh Warsama)


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AFFAIRE BORREL – L’assassinat de la Justice inspire une telle horreur au fond des consciences, que l’on en est venu à inventer la « Raison d’Etat » et le « diplomatiquement correct » pour tenter de le cacher.

Mais cet odieux crime perce lentement à travers tous les silences complices, émerge malgré tous les voiles et se trahit en toute rencontre.

Prétendre « avoir confiance dans la Justice de son pays » c’est une expression coutumière hélas trop souvent rendue vulgaire dès lors qu’elle est prononcée à la sortie d’une cour de justice par celles et ceux qui sont mis en accusation à justes raisons ou par leurs avocats qui ne savent pas se dépatouiller d’une « affaire tordue ».

Une sorte de phrase rituelle passée dans les habitudes et qui est lancée, dans ce cas, sous un masque de « guignol de service » au sourire béat ou avec une « tronche » de circonstances aux fins de tenter d’abuser la presse et de préserver ce qu’il reste de dignité face à l’opinion publique.

« Avoir confiance en la Justice », c’est par évidence une noble phrase qui ne devrait retentir que telle une profession de foi, sincère par excellence pour la démocratie ; l’expression d’un réel attachement à la liberté et aux limites que lui octroie la loi.

Pouvoir dire, fort et haut, « j’ai confiance en la justice », c’est un infini privilège octroyé à une bien trop petite minorité de peuples en ce monde en plein bouleversements que de pouvoir ainsi s’exprimer avec certitude sans être inquiété par une Police Politique omniprésente, prête à intervenir avec sauvagerie comme c’est le cas à Djibouti sous le régime d’IOG.

Pouvoir dire, fort et haut, « j’ai confiance en la justice », c’est avoir le bon droit de manifester librement ce que l’on a à dire sans état d’âme et sans être contraint de regarder derrière soi avec une frayeur certaine en direction de Nagad ou de Gabode.

Grande est notre chance pour nous qui vivons dans des pays occidentaux et qui ne mesurons pas assez cette richesse inestimable qu’est la Justice, quand bien même ne serait-elle pas parfaite car étant rendue par des hommes, pour des hommes.

L’homme libre peut ne pas comprendre parfois la Justice par ce qu’il est lui-même trop peu capable de Justice vis-à-vis de l’autre.

Force est d’admettre que la Justice qui ne subit pas, qui reste debout au sens littéral du terme et n’est pas aux ordres du pouvoir politique dominant est une richesse inestimable qu’il convient, pour chacune et chacun, de protéger avec détermination par ce qu’elle est l’un des fondements essentiels de la République, de cette République certes imparfaite mais qui garantit toutes nos libertés ; pour le moins l’essentiel.

Elle est le ciment du pacte passé par toutes les composantes d’une société respectueuse des droits, de toutes et de tous.

– Dans l’affaire de l’assassinat du juge Bernard Borrel, bien des vertus se sont noyées dans les intérêts d’ordre privé ; comme l’eau pure de la source s’est perdue un soir d’octobre 1995 dans le Goubet-Al-Kharab !

Les tergiversations, les obstructions les plus infâmes, les obstacles opposés par le supposé et bien artificiel « diplomatiquement correct » à la Justice française dans l’affaire de l’assassinat du juge Bernard Borrel est le bien triste révélateur d’une forme de pouvoir discrétionnaire qui occulte la victime (en l’espèce, la « Justice assassinée ») et sa famille au profit de collusions d’intérêts majoritairement privés.

Quelle qu’en sera l’issue, qui n’est pas pour demain, cette affaire restera dans les mémoires comme étant un désastre judiciaire.

Une faillite non point par la volonté de la Justice française actuellement chargée du dossier mais par la seule détermination de quelques puissants et de leurs complices, se pensant au dessus des lois de leur République respective ; bien plus préoccupés à masquer – ici, là bas …et dans l’urgence – les méandres d’un affairisme mafieux commun et complice plutôt que de respecter la Justice des pays concernés.

Les obstructions les plus infâmes et les obstacles qui lui sont opposés depuis bien des années constituent une terrible rançon que paie la Justice française actuellement alors que la « logique diplomatique » – celle des intérêts privés de quelques-uns – impose l’injustice la plus flagrante.

A Djibouti comme en France, les citoyennes et les citoyens entendent que leur Justice soit libre, à hauteur de l’idéal qu’elles et ils se sont faits dans une nation adulte respectant les Droits de l’Humain.