07/04/10 (B545) Nouvelles de Somalie (6 articles en Français)

_______________________ 6 – CICR

Somalie : la difficile prise en charge des blessés qui affluent en masse dans les zones en conflit

Gérer un afflux massif de blessés de guerre est un défi pour n’importe quel hôpital au monde : le personnel médical doit faire des choix difficiles et décider quels sont les blessés qui vont bénéficier en priorité de ressources et de soins chirurgicaux si précieux. En Somalie, les conditions sont encore plus difficiles, car après dix ans de guerre civile, le système de santé s’est effondré et le pays ne compte que peu de médecins qualifiés et de structures de santé pouvant encore fonctionner.

« Dans un contexte tel que celui qui prévaut en Somalie, où règnent l’instabilité et l’insécurité, le personnel médical qui travaille dans les quelques hôpitaux restants est soumis à une pression énorme », explique Valery Sasin, coordonnateur des activités médicales du CICR en Somalie. « Lorsque des affrontements éclatent, il doit faire face à un afflux massif de patients, alors que les ressources sont très limitées. En tant que chirurgien, vous devez avoir une formation solide pour être capable de faire votre travail dans des conditions aussi dures, qui viennent s’ajouter au stress et au danger d’une zone de conflit. »

Les 21 et 22 mars, une équipe médicale du CICR a invité 25 médecins somaliens au centre médical de Galkayo afin qu’ils puissent discuter de leurs expériences et renforcer leurs compétences en matière de prise en charge des blessés et de gestion des situations d’afflux massifs de blessés de guerre, notamment pour le triage.

Les chirurgiens participants provenaient tous des régions déchirées par la guerre du centre et du sud de la Somalie, ainsi que du Puntland. La délégation du CICR en Somalie organise ces séminaires sur la chirurgie de guerre afin que les médecins opérant dans des circonstances aussi difficiles puissent améliorer leur prise en charge des patients souffrant de blessures traumatiques. Le séminaire a préparé les participants à la formation pratique en chirurgie de guerre que le CICR organisera dans les mois à venir.

« Le séminaire m’a été très utile pour rafraîchir mes connaissances en matière de prise en charge des blessés de guerre », déclare le Dr Taajir, chef du service de chirurgie de l’hôpital Keysaney à Mogadiscio, dirigé par le Croissant-Rouge de Somalie. « Mais il va aussi me permettre, à mon retour, de former mon personnel à l’hôpital, ce qui multipliera l’impact positif du séminaire, en particulier auprès des jeunes médecins et du personnel infirmier somaliens. »
Près de 1 000 blessés dans les hôpitaux de la région à la suite des récents combats à Mogadiscio

La Somalie est en proie à des affrontements depuis presque vingt ans.

L’insécurité et la violence contraignent toujours des millions de personnes à s’enfuir de chez elles. Lors de la récente recrudescence des confrontations armées à Mogadiscio, un nombre incalculable de civils a de nouveau payé un lourd tribut. Depuis le début de l’année 2010, les seuls hôpitaux de Mogadiscio ont traité près de 1 000 victimes du conflit, principalement des patients blessés par balle, par des éclats d’obus ou dans l’explosion d’une bombe. Presque un tiers d’entre eux sont des femmes ou des enfants de moins de 15 ans.
« En chirurgie de guerre, il est très important d’échanger ses expériences avec des collègues, et nous n’avons pas souvent l’occasion de le faire dans notre travail à Mogadiscio », ajoute le Dr Taajir.

Selon Valery Sasin, « la philosophie qui sous-tend l’approche du CICR repose sur le principe de l’adéquation ; ce qui est adéquat dans un contexte ne l’est pas forcément dans un autre, et la clé de la réussite est de trouver la réponse juste – adéquate – à une situation donnée ». « Ainsi, la réussite dépend également des échanges d’expériences en chirurgie, ainsi que des ressources humaines et de la technologie disponibles. »

Dans le cadre de son programme global de santé en Somalie, le CICR soutient 36 dispensaires gérés par le Croissant-Rouge de Somalie, ainsi que deux hôpitaux à Mogadiscio, dont l’un est géré par la Société nationale et l’autre est à base communautaire. Le CICR fournit à ces structures des équipements chirurgicaux et des médicaments, et il dispense des formations à l’intention des médecins et du personnel infirmier. Les dispensaires et les hôpitaux acceptent tous les patients, indépendamment du clan et de la religion auxquels ils appartiennent, ou de leurs activités politiques.

Le CICR fournit une assistance humanitaire à la population somalienne depuis 1978, travaillant en étroite coopération avec le Croissant-Rouge de Somalie.

_______________________ 5 – France Diplomatie

Lancement par l’Union européenne d’une mission de formation de soldats somaliens, "EUTM Somalie" (7 avril 2010)

La France salue le lancement par l’Union européenne, ce mercredi 7 avril, d’une mission de formation de soldats somaliens, "EUTM Somalie". Cette mission, que nous encourageons depuis plusieurs mois permettra de former 2000 soldats des forces de sécurité somaliennes, en Ouganda et en partenariat avec les Ougandais.

Les instructeurs européens assureront deux formations successives de 1000 militaires pour une période de 6 mois chacune. La mission fait suite à l’initiative de la France qui avait formé 500 soldats somaliens, à Djibouti, de juillet à novembre dernier.

La France et l’ensemble des Etats membres entendent ainsi soutenir le Gouvernement fédéral de transition (GFT), dans ses efforts contre les milices extrémistes. Notre engagement aux côtés du GFT doit se poursuivre sur le long terme, notamment à travers l’appui que nous apportons à la mission de maintien de la paix de l’Union africaine, l’AMISOM.

Cette mission s’inscrit dans le cadre de l’approche globale de l’UE pour la Somalie. Dans un pays plongé dans le chaos depuis près de vingt ans, la sécurité est un aspect essentiel de la sortie de crise – et conditionne largement l’efficacité de l’aide de l’UE à la Somalie, l’accès des populations à l’aide humanitaire ainsi que le lancement de véritables stratégies de développement.

_______________________ 4 – Porte Ouvertes

Somalie : Les islamistes s’en prennent aux chrétiens

Madobe Ali était responsable d’une église souterraine. Le 15 mars, il a été tué par balles alors qu’il se trouvait dans son village de Mahoday situé à 50 kilomètres de Johwar dans le sud du pays. Après l’avoir abattu, ses assaillants ont ordonné que le cadavre soit laissé aux chiens afin que cela serve d’avertissement à ceux qui souhaiteraient se tourner vers Christ. L’église souterraine est durement mise à l’épreuve en Somalie. Le 1er janvier un autre de ses responsables avait lui aussi été abattu dans la banlieue de Mogadiscio.

Le groupe Al-Chabaab, responsable de ces violences, entend débarrasser la Somalie de tous les non-musulmans. Ces islamistes, qui luttent contre le gouvernement de transition du président Cheik Ahmad, contrôlent déjà la partie sud du pays.

En 2009, Al-Chabaab a tué au moins 15 chrétiens, dont des femmes et des enfants. Les chrétiens somaliens n’ont rien à espérer du pouvoir en place car bien que le président Ahmad se qualifie lui-même de modéré, il prône une version de la charia (loi islamique) qui punit de mort ceux qui renoncent à l’islam.

Mais les chrétiens tiennent bon, à l’image du propriétaire d’une maison pillée puis incendiée, parce qu’elle abritait de la littérature chrétienne. Il témoigne ainsi :
« Dans ce pays où ni l’ordre ni la loi ne sont plus respectés, nous, les chrétiens, n’avons personne vers qui nous tourner mais nous sommes confiants car nous savons que nous sommes couverts par le sang de Jésus-Christ.

_______________________ 3 – Nouvel Obs avec AP

Somalie: les milices Shehab réitèrent leurs conditions pour relâcher leur otage français

Les milices islamistes armées Shehab ont une nouvelle fois exigé mardi que la France retire son soutien au gouvernement somalien si elle veut récupérer son agent enlevé le 14 juillet 2009 à Mogadiscio.

Le porte-parole des Shehab, cheikh Ali Mohamud Rageh, a déclaré lors d’une conférence de presse dans la capitale que Paris devait "cesser immédiatement tout soutien politique et militaire au gouvernement apostat de Somalie et retirer le personnel et les conseillers français du pays". Il a également exigé "le retrait des sociétés de sécurité françaises et celui des navires français des eaux côtières". "Si le gouvernement français accepte nos conditions, nous relâcherons facilement son homme."

Deux conseillers français en "mission officielle d’assistance auprès du gouvernement somalien", selon Paris, avaient été enlevés par des hommes armés dans un hôtel de Mogadiscio le 14 juillet dernier. L’un des otages avait réussi à échapper ses gardiens le 26 août.

Les Shehab, qui tiennent la plus grande partie de Mogadiscio ainsi qu’une bonne partie du centre et du sud de la Somalie, tentent depuis trois ans de renverser le gouvernement soutenu par les Nations unies. Le pays est dépourvu de pouvoir central depuis 18 ans.

_______________________ 2 – Romandie News (Ch) avec AFP

La Somalie demande de l’aide pour lutter contre les déchets toxiques

Le gouvernement somalien a demandé mardi l’aide de ses partenaires, notamment l’Union africaine (UA), pour lutter contre "le dépôt illégal de déchets toxiques" sur ses côtes, établissant un lien entre déchets toxiques et piraterie, a constaté un journaliste de l’AFP.

"Si la communauté internationale veut limiter les actions de piraterie, elle doit aider les Somaliens à prévenir la pêche illégale par des étrangers et le dépôt de déchets toxiques sur leurs côtes", a déclaré un des Premiers ministres adjoints somaliens, Abdulrahman Adan Ibrahim Ibbi.

Ce dernier s’exprimait lors d’une rencontre d’experts sur la sécurité maritime en Afrique, organisée au siège de l’Union Africaine (UA) à Addis Abeba.

Il a "lancé un appel" pour que soient éliminés des côtes d’Afrique "les containers de matériaux toxiques et de déchets nucléaires".

Selon lui, "certains sont remontés à la surface après le tsunami qui a frappé les pays bordant l’océan Indien" en 2004, sans préciser leur localisation.

Des rapports d’experts ont déjà fait état par le passé de dépôts illégaux de produits toxiques ou radioactifs sur les côtes de Somalie par des compagnies étrangères tirant profit de l’anarchie dans ce pays en guerre civile depuis 1991.

C’est l’un des arguments parfois mis en avant par les pirates somaliens, avec la pêche illégale, pour justifier leurs actions de plus en plus nombreuses dans l’océan Indien.

La réunion organisée par l’UA se tient jusque mercredi à Addis Abeba et vise à mettre en place une "Stratégie maritime africaine intégrée", selon les organisateurs.

"Récemment, la menace grandissante des activités illégales sur les eaux africaines, et l’augmentation rapide des actes de piraterie au large de la Somalie et dans le Golfe de Guinée (…) ont réveillé les dirigeants d’Afrique pour qu’ils prennent des mesures concrètes contre ces problèmes qui menacent l’activité économique et l’image du continent", a ainsi souligné la commissaire de l’UA pour les Infrastructures et l’énergie, Elham Ibrahim.

_______________________ 1 – Fenêtre sur l’Europe

Somalie : L’Union européenne va former les forces de sécurite somaliennes

Le Conseil a adopté le 2 avril la décision de lancer une mission militaire de l’UE visant à former les forces de sécurité somaliennes (EURM Somalie) en Ouganda, sous la direction du colonel espagnol Ricardo González Elul.

La mission contribuera considérablement à la stabilité du pays, car son objectif consiste à soutenir le gouvernement de transition mis en place en Somalie et à faciliter la création d’un corps de sécurité somalien, en contribuant spécifiquement à sa formation militaire et en lui apportant son soutien.

Cette décision s’ajoute aux efforts menés par l’UE en vue de stabiliser la région, comme l’opération aéronavale ATALANTA, lancée en décembre 2008 pour lutter contre la piraterie dans l’Océan indien et sur la côte somalienne.