08/07/10 (B559) Yémen Express – Al-Qaïda, une bourgade yéménite victime de son nom – Deux militants d’Al-Qaïda condamnés à mort au Yémen – Yémen/sud: la police disperse une manifestation, deux morts – Saleh sous-traite la sécurité du Yémen aux tribus (5 articles)

____________________ 5 – AFP

Yémen: 2 morts dans une manifestation

Deux civils ont été tués par la police yéménite mercredi au cours d’affrontements à Aden suite à des manifestations de séparatistes dans le sud du pays.

Les deux personnes abattues participaient à une marche funèbre à la mémoire d’un Yéménite mort le mois dernier alors qu’il se trouvait en détention à Aden.

La procession avait lieu en même temps qu’une "journée de colère" des séparatistes marquant l’anniversaire de la rebellion lancée en 1994.


_________ 4 – IntelligenceOnline (Article payant)

Saleh sous-traite la sécurité du Yémen aux tribus

Incapable de contenir les Houthis au Nord, Al-Qaeda à l’Est et les séparatistes au Sud, le président yéménite fait intervenir les tribus à la place de l’armée.(…)


____________________ 3 – Le Monde avec AFP

Yémen/sud: la police disperse une manifestation, deux morts

Deux civils ont été tués et deux autres blessés mercredi à Aden, principale ville du sud du Yémen, lorsque la police a tiré sur une manifestation de militants sudistes pour la disperser, ont indiqué des sources médicales.

La manifestation se déroulait à l’appel du principal mouvement séparatiste sudiste qui, à l’occasion du 16ème anniversaire de la chute d’Aden aux mains des forces nordistes, avait demandé à la population de participer également aux obsèques d’un jeune homme décédé la semaine dernière dans une prison de la ville.

Selon des témoins, la police a ouvert le feu en direction de quelques centaines de personnes qui s’étaient rassemblées dans le quartier de Khor Maksar pour participer aux obsèques d’Ahmad Mohammad Darwich. Elle a également eu recours à des gaz lacrymogènes.

Deux personnes ont été tuées et deux autres blessées, selon une source à l’hôpital al-Joumhouriya d’Aden. Un premier bilan faisait état d’un mort et trois blessés, mais l’un des blessés est décédé, a indiqué la même source.

Les manifestants avaient tenté de se rendre à l’hôpital al-Joumhouriya afin de retirer le corps de Darwich de la morgue pour l’enterrer, mais la manifestation a été dispersée par la police.

Darwich est décédé vendredi dernier dans une des prisons d’Aden au lendemain de son arrestation dans le cadre d’une rafle qui a suivi une attaque le 19 juin contre le siège des services de renseignement dans la ville. L’attaque, attribuée par les autorités à Al-Qaïda, avait fait onze morts.

Les forces de sécurité étaient déployées en force mercredi dans le quartier de Khor Maksar après la dispersion de la manifestation, et un responsable du Mouvement sudiste indiqué à l’AFP que la police avait arrêté six manifestants.

Dans les autres villes sudistes, une grève générale a été observée mercredi pour l’anniversaire de la chute d’Aden, notamment à Dhaleh et Radfan, mais sans violences.

Le Sud, qui était un Etat indépendant avant 1990, est en ébullition depuis près d’un an sur fond de revendications politiques et sociales, ses habitants estimant faire l’objet de discriminations de la part des nordistes et ne pas bénéficier d’une aide économique suffisante.

Les forces de sécurité avaient arrêté le 7 juillet 2009 des centaines de personnes qui tentaient d’organiser une manifestation à Aden pour l’anniversaire de la chute de la principale ville sudiste aux mains des forces nordistes qui avaient réprimé une éphémère république sudiste en 1994.

_____________________ 2 – Nouvel Obs avec AP

Deux militants d’Al-Qaïda condamnés à mort au Yémen

Deux militants d’Al-Qaïda ont été condamnés à mort mercredi pour le meurtre d’officiers de police et de l’armée.

Le procès s’est déroulé dans la capitale Sanaa, en l’absence des avocats des accusés. Vêtus de combinaisons bleues, Mubarak el-Shabawni, 23 ans, et Mansour Salem, 18 ans, ont dénoncé ce verdict et ont ensuite crié "Dieu est grand".

Arrêtés en décembre, les deux militants ont été reconnus coupables d’avoir perpétré des attaques en 2009, dont l’une s’était soldée par la mort de hauts responsables de la sécurité yéménite dans le sud du pays.

_____________________ 1 – AFP

Al-Qaïda, une bourgade yéménite victime de son nom

Jamal AL-JABIRI

Loin des montagnes pakistanaises où Oussama ben Laden fonda son réseau, la misérable ville yéménite d’Al-Qaïda pâtit de son nom qui jette l’opprobre sur ses fils, alors même que le chef islamiste le plus recherché au monde n’y exerce aucun contrôle.

"Le nom d’Al-Qaïda ("base" en arabe) n’a rien à voir avec le réseau d’Oussama ben Laden", assure à l’AFP le général Abdallah al-Chaddadi, chef de la police de cette agglomération de quelque 70.000 habitants, située à 220 km au nord-ouest de Sanaa.

Et d’ajouter: "dans notre ville, il n’y a absolument pas de jihadistes ou d’extrémistes. Mais on y trouve de nombreux alcooliques et drogués, qui ne pourraient pas se réclamer de ben Laden", dont la famille est originaire du Yémen et les partisans très actifs dans ce pays.

Accrochée au flanc d’une montagne, Al-Qaïda, dans le sud de la province d’Ibb, offre l’image d’une bourgade extrêmement pauvre: pas de routes goudronnées, des égouts à ciel ouvert et des habitants qui se plaignent d’être des laissés-pour-compte du pouvoir central.

Et quand il s’agit de partir à l’étranger, la mention "né à Al-Qaïda" entache un peu la carte de visite.

"Le nom d’Al-Qaïda est devenu une tare pour ses enfants. Parmi ceux qui ont eu la chance d’obtenir une bourse pour des études à l’étranger, certains rencontrent beaucoup de problèmes car ils sont originaires d’Al-Qaïda", affirme le général Chaddadi.

"Un habitant d’Al-Qaïda, parti dans un pays arabe pour y recevoir des soins médicaux, a été arrêté à l’aéroport de la capitale de ce pays car son passeport était émis à Al-Qaïda. Il a été interrogé, puis refoulé vers le Yémen", ajoute-t-il.

En plus de sa mauvaise réputation liée à son nom, Al-Qaïda est malfamé.

"Il y a une vingtaine d’années, Al-Qaïda était paisible, sans criminels ou bandits. Mais aujourd’hui, sont apparues des bandes armées qui pillent et volent sans être inquiétées", se lamente Ahmed Sabri, un habitant de 45 ans, s’élevant contre la complicité d’"un responsable local", sans le nommer.

Le chef de la police confirme: "des personnes au sein de l’autorité locale protègent les criminels et leur donnent refuge". Il cite le cas d’"un responsable qui s’est attaqué un jour au commissariat de police, a giflé un policier et a réussi à faire libérer un détenu accusé de meurtre".

De vastes zones du Yémen où les tribus, lourdement armées, sont très influentes, échappent au contrôle du pouvoir central.

Selon des habitants, Al-Qaïda était par le passé relativement prospère, et servait de comptoir commercial et de base pour la collecte des taxes entre le nord et le sud du Yémen, d’où son nom.

Mais l’insécurité s’y est répandue aujourd’hui; beaucoup de jeunes, sous le poids du chômage et de la pauvreté, deviennent des cibles faciles pour les trafiquants de drogue "qui les recrutent pour écouler leurs stupéfiants dans la ville et ailleurs au Yémen", indique un responsable de la sécurité.

"Plusieurs trafiquants de drogue et d’alcool arrêtés dans plus d’une province yéménite sont originaires d’Al-Qaïda", ajoute-t-il sous couvert de l’anonymat.

La situation ne risque pas de s’améliorer pour les nouvelles générations dans cette ville qui compte deux écoles publiques, trois privées et une dizaine d’écoles coraniques, selon des habitants.

La grogne de la population monte face au manque d’infrastructures de base et de services à Al-Qaïda.

"L’Etat ne fait rien pour les canalisations d’évacuation (des eaux usées) qui passent devant ma maison, une source de maladies pour moi et ma famille", se plaint un vieillard qui refuse de donner son nom.