16/07/10 (B560) Nouvelles de Somalie (2) – L’Afrique de l’Est rattrapée par la Somalie, après les attentats de Kampala – Kenya : la police arrête une centaine de Somaliens en situation irrégulière – L’Ouganda prêt à renforcer son contingent en Somalie malgré les attentats – (3 articles en Français)

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L’Afrique de l’Est rattrapée par la Somalie, après les attentats de Kampala

Mustapha HAJI ABDINUR

Les attentats meurtriers de Kampala ont propulsé cette semaine la bataille de Mogadiscio au rang de priorité absolue pour l’Afrique de l’Est, l’Ouganda réclamant plus de soutien de ses voisins pour combattre les shebab somaliens qui ont promis de nouvelles attaques.

Le double attentat de Kampala, qui a fait au moins 73 morts dans deux bars-restaurants qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football dimanche soir, est le plus meurtrier en Afrique de l’Est depuis les attaques, en 1998, des ambassades des Etats-Unis à Nairobi et Dar es-Salaam.

Les explosions de Kampala marquent surtout la première action d’envergure des islamistes radicaux somaliens shebab en dehors de leurs frontières, dans la droite ligne de leur adhésion revendiquée à l’idéologie du jihad mondial et de leur voeu d’allégeance à Al-Qaïda.

En frappant Kampala, les shebab ont mis à exécution leurs récentes menaces de représailles à la participation de l’armée ougandaise à la force de paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom).

Leur chef, Mohamed Abdi Godane, a menacé jeudi de lancer de nouvelles attaques: "ce qui s’est passé à Kampala est juste un début", a-t-il déclaré dans un message audio.

L’Amisom, composée de plus de 6.000 soldats ougandais et burundais, constitue le dernier obstacle au renversement par les shebab du gouvernement du président Sharif Cheikh Ahmed, un islamiste modéré élu en janvier 2009 et soutenu par la communauté internationale.

Son gouvernement ne contrôle que quelque quartiers stratégiques de la capitale et ne doit sa survie qu’à l’appui militaire de l’Amisom qui protège notamment la présidence, le port et l’aéroport de Mogadiscio.

Les shebab, qui ont fait main-basse sur la quasi-totalité du centre et du sud du pays, accusent régulièrement l’Amisom de la mort de plusieurs milliers de civils à la faveur de tirs d’artillerie "aveugles", le plus souvent en riposte aux attaques des insurgés.

Si l’objectif des shebab était de pousser l’Ouganda à retirer ses soldats de l’Amisom, les autorités ougandaises, chef de l’Etat en tête, ont adopté ces derniers jours une attitude martiale, promettant au contraire de renforcer leur contingent.

Début juillet, les six pays est-africains membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) avaient annoncé leur intention de renforcer l’Amisom de 2.000 hommes.

L’Ouganda s’est dit prêt à fournir l’intégralité de ces troupes, tout en appelant ses voisins à plus de soutien.

"Nous sommes capables de fournir la force demandée, si les autres pays ne le peuvent pas", a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole de l’armée ougandaise le lieutenant colonel Felix Kulayigye, tout en estimant "qu’il serait approprié que d’autres pays contribuent" au renforcement de l’Amisom.

Mais l’Ethiopie, dont le Premier ministre Meles Zenawi a appelé jeudi à l’"anéantissement total" des shebab, a déjà indiqué qu’elle ne comptait pas redéployer ses militaires sur le sol somalien tandis que le Kenya, séparé des shebab par une frontière réputée poreuse, n’a jamais évoqué de contribution à l’Amisom.

La situation en Somalie et la menace régionale désormais incarnée par les shebab devraient être au coeur des débats du sommet des chefs d’Etat des 53 pays membres de l’UA, prévu de longue date du 25 au 27 juillet à Kampala.

Le sommet devrait être l’occasion pour le président Museveni de réclamer une nouvelle fois un mandat plus offensif pour l’Amisom.

"Nous étions à Mogadiscio pour seulement garder le port, l’aéroport et la présidence. Maintenant ils (les shebab) nous ont motivés pour aller les chercher", a-t-il commenté.

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Kenya : la police arrête une centaine de Somaliens en situation irrégulière

La police kényane a annoncé l’arrestation à Nairobi, dans la nuit de jeudi à vendredi, d’une centaine de Somaliens en situation irrégulière.

"Nous avons intensifié nos opérations sur tous les étrangers. Nous avons arrêtés 102 Somaliens la nuit dernière et l’opération se poursuit", a déclaré à l’AFP un des responsables de la police provinciale de Nairobi, Anthony Kibuchi.

"Ce coup de filet sera mené dans tous les lotissements et va se poursuivre", a-t-il ajouté, précisant que les personnes arrêtées seraient inculpées vendredi.

Le responsable policier a refusé d’établir un lien entre ce coup de filet et les attentats meurtriers de dimanche à Kampala, revendiqués par les insurgés somaliens shebab.

La police kényane est intervenue jeudi soir dans deux quartiers majoritairement somaliens. Mercredi soir, une opération similaire avait conduit à l’arrestation d’au moins 30 Ethiopiens, toujours à Nairobi.

L’armée kényane a indiqué en début de semaine avoir renforcé ses patrouilles le long de la frontière avec la Somalie, réputée pour sa porosité.

Les attentats de Kampala, qui ont fait au moins 73 victimes parmi les clients de deux restaurants qui regardaient la finale du Mondial, sont les plus meurtriers en Afrique de l’Est depuis ceux perpétrés contre les ambassades des Etats-Unis à Nairobi et Dar es-Salaam en 1998.

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L’Ouganda prêt à renforcer son contingent en Somalie malgré les attentats

Ben SIMON

L’Ouganda s’est dit prêt jeudi à renforcer son contingent de paix en Somalie, mais les islamistes radicaux dans ce pays, opposés à l’implication militaire de Kampala, ont promis de nouvelles représailles.

Les autorités de Kampala –où un double attentat a fait 73 morts le 11 juillet– ont annoncé qu’elles étaient disposées à envoyer 2.000 soldats supplémentaires au sein de la force de l’Union Africaine en Somalie.

Cette annonce est intervenue alors que Mohamed Abdi Godane, chef des insurgés somaliens, les shebab, qui ont revendiqué ces attentats, a assuré depuis Mogadiscio qu’ils ne constituaient "qu’un début".

Début juillet, les six pays est-africains membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) avaient annoncé leur intention d’envoyer 2.000 soldats supplémentaires renforcer l’Amisom, sans préciser alors comment cet effort serait réparti entre eux.

"Nous sommes capables de fournir la force demandée, si les autres pays ne le peuvent pas", a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole de l’armée ougandaise le lieutenant colonel Felix Kulayigye.

"Je dois dire, cependant, que j’estime qu’il serait approprié que d’autres pays contribuent" au renforcement de l’Amisom, a-t-il ajouté.

Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, qui a déjà indiqué que son pays ne renforcerait pas le contingent de l’Amisom, a appelé à "l’anéantissement total" des shebab.

"Il n’y a absolument aucun espoir d’entamer des négociations avec ce groupe. La seule option est de travailler à leur anéantissement total", a-t-il déclaré dans un entretien à l’agence de presse éthiopienne (ENA).

L’Ouganda est à ce jour le principal contributeur à la force de paix en Somalie, avec environ 3.500 soldats, le Burundi apportant pour sa part quelque 2.500 hommes.

L’Amisom constitue le dernier rempart à Mogadiscio du fragile gouvernement de transition somalien face aux assauts répétés des shebab, qui contrôlent la quasi-totalité du centre et du sud de la Somalie et ont juré la perte du président Sharif Cheikh Ahmed, un islamiste modéré élu en janvier 2009.

Jeudi, le chef du mouvement islamiste radical, Mohamed Abdi Godane, a une nouvelle fois menacé de lancer de nouvelles attaques: "ce qui s’est passé à Kampala est juste un début", a-t-il déclaré dans un message audio.

"Nous disons à tous les musulmans et en particulier à la population de Mogadiscio que ceux qui ont péri dans les bombardements de l’Amisom seront vengés", a-t-il poursuivi.

Godane a précisé que les attaques de Kampala, première opération d’envergure des shebab en dehors de leurs frontières, avaient été menées par "la Brigade des martyrs Saleh Nabhan", du nom d’un ressortissant kényan affilié à Al-Qaïda et longtemps recherché pour son implication présumée dans les attentats contre des intérêts israéliens en 2002 à Mombasa (sud-est du Kenya).

Il a été tué en septembre 2009 dans le sud de la Somalie par une frappe aérienne attribuée aux Etats-Unis.

La situation en Somalie et la menace régionale désormais incarnée par les shebab devraient être au centre des débats du sommet des chefs d’Etat des 53 pays membres de l’UA, prévu de longue date du 25 au 27 juillet à Kampala.

Mercredi soir, le chef de l’Etat ougandais, Yoweri Museveni a donné le ton, en appelant de ses voeux au déploiement, à terme, de 20.000 hommes au sein de l’Amisom, reprenant une résolution du sommet de l’Igad début juillet.

Le chef d’Etat a également réitéré son intention de réclamer un mandat plus offensif pour l’Amisom. "Nous étions à Mogadiscio pour seulement garder le port, l’aéroport et la présidence. Maintenant ils (les shebab) nous ont motivés pour aller les chercher", a-t-il commenté.