11/08/10 (B564) Nouvelles de Somalie – L’ONU veut renforcer sa présence en Somalie pour promouvoir la paix – Les troupes de l’Union africaine devant le risque de combats contre al-Shabab – un camp de déplacés à Mogadiscio bombardé, au moins cinq morts – Al Chabaab ordonne l’expulsion de trois ONG de Somalie – 3 ONG interdites pour prosélytisme (5 articles)

__________________ 5 – AFP

L’ONU veut renforcer sa présence en Somalie pour promouvoir la paix

L’ONU envisage de renforcer sa présence en Somalie afin d’aider à faire avancer le processus de paix dans ce pays déchiré depuis 1991 par la guerre civile, a indiqué l’Organisation internationale mardi.

Le représentant spécial de l’ONU pour la Somalie basé à Nairobi, Augustine Mahiga, souhaite que sa mission déploie une partie de son personnel international dans les régions autoproclamées autonomes du Puntland et de Somaliland (nord) au cours des prochains mois, a indiqué le porte-parole de l’ONU, Martin Nesirky.

Selon M. Mahiga, il importe que le Bureau politique de l’ONU en Somalie (UNPOS) soit également présent dans la capitale Mogadiscio, bien que la ville soit le théâtre de combats incessants entre troupes gouvernementales et rebelles islamistes.

Mais l’ancien ambassadeur de Tanzanie à l’ONU a souligné que la mission onusienne devrait agir avec beaucoup de prudence, pour des raisons de sécurité, selon M. Nesirky.

La violence s’est accrue à Mogadiscio depuis le déploiement en 2007 d’une force de l’Union africaine, l’Amisom, pour protéger le fragile gouvernement somalien soutenu par l’Occident des assauts des insurgés islamistes shebab, qui contrôlent environ 80% du pays.

Les Etats de l’UA se sont engagés fin juillet à envoyer 4.000 hommes supplémentaires en Somalie, pour porter le contingent africain à quelque 10.000 hommes.

L’Amisom compte actuellement 6.000 hommes (3.500 Ougandais et 2.500 Burundais).

Les shebab, ralliés à Al-Qaïda, ont juré la perte du très fragile gouvernement du président Sharif Cheikh Ahmed. Ce dernier ne doit sa survie qu’à l’appui des soldats de l’Amisom, qui défendent le port, l’aéroport et la présidence.

Le Programme alimentaire mondial (Pam) de l’ONU nourrit quelque 340.000 personnes à Mogadiscio.

M. Mahiga a indiqué espérer qu’une présence accrue de l’ONU dans le pays aiderait à faire avancer le processus de paix.

L’ONU compte actuellement plus de 60 personnels internationaux en Somalie, aux côtés de 800 Somaliens, répartis entre plusieurs agences.

Lundi, le chef de l’ONU, Ban Ki-moon, avait également indiqué que l’organisation internationale envisageait une présence "légère" à Mogadiscio et dans d’autres parties du pays.

__________________ 4 – Magharebia.com

Les troupes de l’Union africaine devant le risque de combats contre al-Shabab

Les pays membres de l’Union africaine sont convenus le mois dernier de déployer des troupes supplémentaires en Somalie. Les observateurs se demandent maintenant ce qu’il adviendra si ces forces de maintien de la paix se trouvent dans l’obligation d’affronter les combattants d’al-Shabab.

Par Camille Tawil pour Al-Shorfa à Londres

Les troupes de l’UA ont désormais une plus grande liberté pour lancer des frappes préemptives contre les rebelles d’al-Shabab.

La Somalie se prépare à de nouveaux affrontements sur son sol à la suite de la décision de l’Union africaine d’envoyer quatre mille soldats supplémentaires pour renforcer les six mille déjà stationnés dans le pays.

Cette dernière décision en date est susceptible de déclencher une confrontation avec Harakat al-Shabab al-Mujahidin, un groupe militant qui a fait allégeance à al-Qaida et cherche à renverser le gouvernement de transition du Président Sharif Sheikh Ahmed.

Le gouvernement somalien ne dispose que d’une autorité limitée sur un pays divisé par des factions politiques rivales depuis 1991.

Mais quelles seraient les possibles conséquences d’une confrontation entre les forces de l’Union africaine connues sous le nom d’AMISOM et al-Shabab ?

La possibilité la plus réaliste est que les troupes de l’UA soient engagées directement dans la bataille contre les combattants d’al-Shabab, qui contrôlent la majorité des régions sud et le centre du pays, en plus de quartiers de la capitale du pays, Mogadiscio.

Jusqu’à présent, les troupes de l’UA, déployées à Mogadiscio depuis le printemps 2007, ne pouvaient que répondre aux attaques. Leur mission consistait à apporter un soutien aux forces du gouvernement de transition somalien en répliquant aux attaques lancées contre leurs positions dans la capitale.

Bien que le sommet de Kampala n’ait pas modifié de manière significative le mandat de l’AMISOM, il a donné aux troupes plus de liberté pour lancer des frappes préemptives contre les rebelles avant que ces derniers ne lancent leurs attaques.

Ce changement n’a pas satisfait les attentes de certains leaders africains, notamment du Président ougandais Yoweri Museveni, qui avait publiquement demandé d’autoriser l’AMISOM à "éliminer les terroristes", en référence aux militants d’al-Shabab et aux "djihadistes étrangers", qui comprennent des éléments d’al-Qaida venus en Somalie pour rejoindre les rangs d’al-Shabab.

L’Ouganda compte 2 700 hommes dans l’AMISOM, et le Burundi en a déployé 2 500. Les Ougandais, aux côtés d’autres pays africains, font valoir qu’autoriser al-Shabab à contrôler la Somalie n’est pas la bonne option.

Les responsables ougandais rappellent le double attentat à la bombe du 11 juillet à Kampala, mené par al-Shabab. Cet attentat avait tué 76 personnes rassemblées dans un café pour regarder les phases finales du Mondial. L’organisation par l’Afrique de la Coupe du monde de football a été une source de fierté pour de nombreux Africains.

Selon al-Shabab, ce double attentat était la réponse à la mort de deux civiles somaliens à Mogadiscio lors d’un bombardement par les troupes ougandaises de l’AMISOM et une tentative pour exiger du gouvernement ougandais qu’il retire ses troupes de Somalie.

Mais cet attentat de Kampala s’était retourné contre al-Shabab. Au lieu de retirer ses troupes de Somalie pour éviter que les rebelles somaliens ne soient tentés d’importer la guerre en Ouganda, l’opinion publique ougandaise a exprimé sa colère et les leaders de l’UA ont approuvé l’envoi de troupes supplémentaires à l’AMISOM au lieu du retrait de la mission de maintien de la paix. Un retrait des troupes pourrait faire de la Somalie un port d’attache sûr pour al-Qaida, d’où elle pourrait planifier des attentats contre de nombreux pays africains et occidentaux.

Mais même si les nouvelles troupes de l’UA entrent en contact direct avec al-Shabab, il est très peu probable qu’elles connaissent une victoire rapide. Cette victoire pourra plutôt se faire dans le cadre d’un plan progressif et phasé, qui dépendra largement de la volonté des forces gouvernementales somaliennes à prendre le contrôle des zones que les troupes de l’AMISOM auront libérées du contrôle des rebelles.

Il n’existe aucun chiffre officiel sur le nombre de membres des forces de sécurité somaliennes, mais les estimations évaluent leur nombre à quelques milliers seulement. Certaines sont toujours en cours de formation militaire dans des pays voisins comme le Kenya et Djibouti.

Il est possible qu’al-Shabab intensifie ses attaques contre les troupes de l’AMISOM avant l’arrivée des renforts de l’UA à Mogadiscio. Bien qu’une telle escalade de la part d’al-Shabab soit vraisemblable, elle ne mettra pas fin pour autant à la bataille à l’avantage des rebelles contre le gouvernement de Sharif Sheikh Ahmed, malgré ses faiblesses internes. Si le mouvement al-Shabab avait pu battre les troupes de l’AMISOM, il l’aurait certainement fait avant l’arrivée de renforts supplémentaires.

Selon la Commission de l’UA, les renforts annoncés comprendront des soldats venus de deux pays islamiques, Djibouti et la Guinée, pour la première fois dans l’AMISOM, qui se compose actuellement de forces venues essentielllement de deux pays à majorité chrétienne, l’Ouganda et le Burundi.

Harakat al-Shabab n’hésitera certainement pas à attaquer ces nouveaux soldats à leur arrivée, mais ce sera la première fois que ses militants affronteront des soldats africains musulmans.

Al-Shabab lutte actuellement contre les troupes d’un gouvernement qu’il juge apostat, malgré le fait que Sheikh Ahmed soit un islamiste bien connu qui, jusqu’en 2006, était l’un des principaux leaders de l’Union des tribunaux islamiques (UTI), qui dirigeait Mogadiscio au second semestre 2006 avant d’être renversée par les forces éthiopiennes.

D’autres facteurs pourraient entrer en ligne de compte, notamment la question de Hizb al-Islam, dirigé par Sheikh Hassan Dhaher Aweis, un ancien allié de Sharif Sheikh Ahmed au sein de l’UTI, devenu par la suite un dur rival.

A ce jour, il est difficile de dire si Aweis rejoindra al-Shabab, comme l’espèrent les leaders du mouvement, ou s’il rejoindra le gouvernement de Sharif Sheikh Ahmed, comme le préfèreraient certains leaders de son parti, qui ne sont pas d’accord avec ce qu’ils appellent la "témérité" d’al-Shabab.

Enfin, il reste une question importante : la réalité des liens entre al-Shabab et al-Qaida.

Il est à souligner que malgré le soutien public d’al-Shabab à Oussama ben Laden, le mouvement n’est pas encore devenu la branche d’al-Qaida dans la Corne de l’Afrique. Cela montre qu’au moins certains des leaders du mouvement réfléchissent à leur intention d’appliquer la charia, après le départ des troupes étrangères, de manière exclusivement locale et non au-delà des frontières de la Somalie. Ils ne se sentent pas concernés par l’appel de ben Laden à la guerre contre les pays occidentaux. Cela tient au fait que certains islamistes somaliens estiment que de tels appels ne servent pas leur pays, au moins durant cette étape.

La situation en Somalie reste ouverte à plusieurs interprétations, mais le scénario le plus probable sera une confrontation directe entre les troupes africaines et les combattants d’al-Shabab.

__________________ 3 – AfriScoop avec XINHUA

Somalie : un camp de déplacés à Mogadiscio bombardé, au moins cinq morts

Au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs dizaines d’autres blessées dans la nuit de lundi à mardi, dans le bombardement d’un camp de déplacés dans la banlieue de Mogadiscio, capitale somalienne, ont indiqué mardi des témoins et des médias locaux.

Ce bombardement a fait suite à une attaque lancée par des groupes islamistes contre une base des soldats de maintien de la paix de l’Union africaine (UA) située au sud-ouest de la capitale somalienne.

La plupart des obus sont tombés sur le camp de déplacés, à 13 km au sud-ouest de Mogadiscio, où des milliers de familles se sont installées après avoir fui leur foyer à Mogadiscio en raison des violences continues.

"Plusieurs obus ont frappé notre camp la nuit dernière et trois personnes ont été tuées dans notre camp et de nombreuses autres blessées", a indiqué à l’agence de presse Xinhua un résident du camp sous couvert d’anonymat.

Les médias locaux ont porté à cinq le bilan des morts, ajoutant que plusieurs dizaines d’autres personnes ont été blessées.

Aucune partie belligérante n’a fait de commentaire sur cette attaque perpétrée contre des civils déplacés.

Selon des reportages, les combats ont débuté dans la nuit de lundi à mardi après que les troupes de l’UA se soient déplacées vers une nouvelle base établie dans un district situé au sud-ouest de Mogadiscio.

Les groupes islamistes lancent presque quotidiennement des attaques contre les forces gouvernementales somaliennes et les forces de maintien de la paix de l’UA qui soutiennent le gouvernement fragile mais internationalement reconnu de la Somalie.

__________________ 2 – L’Express avec Reuters

Al Chabaab ordonne l’expulsion de trois ONG de Somalie

Les rebelles somaliens d’Al Chabaab ont annoncé avoir ordonné à trois agences humanitaires de mettre fin à leurs activités, en les accusant de prosélytisme chrétien.

Le groupe islamiste radical, lié à Al Qaïda, contrôle la plus grande partie du sud et du centre de la Somalie avec un autre mouvement rebelle, le Hizbul Islam. Les affrontements entre insurgés et forces gouvernementales appuyées par l’Union africaine ont aggravé une crise humanitaire aiguë à Mogadiscio.

Al Chabaab a dit avoir interdit à World Vision, ONG fondée aux Etats-Unis en 1950, ainsi qu’à l’Agence adventiste d’aide et de développement (Adra) et à Diakonia de cesser d’accomplir leurs tâches dans le pays d’Afrique de l’Est livré à l’anarchie.

"Jouant les missionnaires sous prétexte d’action humanitaire, ces organisations propagent leurs idéologies corrompues pour vicier la croyance pure des musulmans de Somalie", dit un communiqué d’Al Chabaab.

"Avec leur action missionnaire, leur présence a généralisé la prolifération de la corruption et de l’indécence."

Le groupe extrémiste ajoute que toute autre organisation qui défendrait la foi chrétienne serait expulsée à son tour.

Le bureau de World Vision en Somalie, établi à Nairobi, a rappelé que le code interne de l’organisation lui interdisait tout prosélytisme. Il a dit avoir pris contact avec son personnel local en Somalie.

Al Chabaab a déjà enjoint cette année au Programme alimentaire mondial (Pam) de cesser toute activité et de quitter la Somalie. Selon l’Organisation de l’Onu pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), près de la moitié des Somaliens ont besoin d’aide et leur pays est celui qui connaît les taux de malnutrition les plus élevés du monde.

__________________ 1 – Europe 1

Somalie: 3 ONG interdites pour prosélytisme

Dans un communiqué diffusé lundi, les insurgés shebab ont annoncé que trois ONG humanitaires sont accusées de prosélytisme chrétien et sont donc interdites d’exercice en Somalie depuis dimanche.

Les ONG visées (World Vision, the Adventist Development, Relief Agency and Diakonia) ont affirmé que leurs équipements avaient déjà été saisis dans certains de leurs bureaux.

"Agissant comme missionnaires sous couvert de travail humanitaire, ces organisations ont propagé leur idéologie corrompue en vue de déteindre sur la croyance pure des musulmans en Somalie" ont soutenu les rebelles shebab.