18/09/10 (B570) Hommage à Ahmed Dini et Chehem Daoud (J-L Schaal)

A la demande d’Ali Coubba, Président d’Uguta-Tossa, Jean-Loup Schaal avait réservé au site Uguta l’exclusivité (pendant quelques jours) de son message. En effet, Uguta avait pris l’initiative d’éditer un numéro spécial en hommage à Ahmed Dini.

Nous publions aujourd’hui ce message qui est daté du 11 septembre.

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(Paris, 11 septembre 2010)


Nous avons fondé l’ARDHD en 1992. Depuis cette période et jusqu’à son retour à Djibouti, j’ai eu l’occasion de rencontrer Ahmed Dini à plusieurs reprises à son domicile, où il m’a toujours accueilli avec la plus grande amabilité.

Très souvent, ce que j’ai beaucoup apprécié, il prenait le temps nécessaire pour m’expliquer la culture du pays, le combat des Afar pour rétablir la Justice et la Démocratie.

Jamais je n’ai senti ni regrets ni amertume. Il était toujours tourné vers l’avenir. C’était un stratège et un sage.

Il ne prenait pas de décisions précipitées et il analysait avec soin, les risques et les conséquences. C’est lui qui m’avait confié la copie des photos prises après le massacre d’Arrhiba et nous les conservons dans les archives de l’ARDHD.


Au cours d’un dîner qu’il m’avait invité à partager avec Chehem Daoud, nous avions évoqué les moyens d’action, car le FRUD manquait d’armes lourdes à cette époque. Je leur avais suggéré de s’attacher un conseiller en « relations presse », leur affirmant que le FRUD souffrait d’un déficit de communication vis à vis de l’opinion française et internationale et qu’il devait œuvrer aussi pour que les européens comprennent mieux les objectifs du mouvement. Je conserve toujours le regret de n’avoir pas été assez convaincant ce soir là, car je suis certain que cela aurait été bénéfique pour le FRUD.



La dernière fois que j’ai parlé avec Ahmed Dini c’était à la conférence de Paris pour la signature des accords. Cette signature devrait apporter l’espoir, la paix et la réconciliation.

Pour être honnête, les discours et les mots qui ont été échangés par les différents orateurs m’ont semblé « peu convaincants ». Comme il n’appartenait pas à l’ARDHD d’interférer, nous avions décidé de suspendre nos publications. Quelques semaines plus tard, en comprenant que Guelleh ne respecterait jamais les termes des accords, nous avions repris les publications.



Pour l’équipe de l’ARDHD, Ahmed Dini et Chehem Daoud sont sur la plus haute marche, de la pyramide dédiée aux héros et aux grands hommes qui ont marqué et influencé la vie djiboutienne. L’annonce de leurs disparitions à quelques jours d’intervalle a été ressentie par toute l’équipe comme un choc profond et un perte immense pour tous ceux qui combattent la dictature.



L’ARDHD s’associe pleinement à toutes les manifestations pour commémorer leur mémoire.



Paix à leurs âmes.