04/10/10 (B572) Nouvelles de Somalie – 7 civils tués dans des combats entre insurgés et force africaine – Mohamud Ahmed Nur, nouveau maire de Mogadiscio – L’obscurantisme guerrier des Shebab (3 articles)

___________________ 3 – AFP

Mogadiscio: 7 civils tués dans des combats entre insurgés et force africaine

Au moins sept civils ont été tués samedi à Mogadiscio lors d’échanges de tirs d’artillerie entre des insurgés islamistes shebab et les troupes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom), a-t-on appris de source médicale.

« Au moins sept civils, dont deux femmes, ont été tués et 31 blessés pendant les échanges de tirs d’artillerie et de mortiers », a expliqué le chef du service des ambulances de Mogadoscio, Ali Muse.

Les tirs ont débuté lorsque les shebab , qui se réclament d’al-Qaïda, ont visé avec des mortiers le palais présidentiel et l’aéroport de la capitale, peu après l’atterrissage de l’avion du président Sharif Sheikh Ahmed.

L’Amisom a aussitôt répliqué avec son artillerie.

Les civils ont été tués par des obus tombés sur le principal marché de la ville, Bakara.

Les civils sont de loin les principales victimes des combats à Mogadiscio entre les shebab et les forces gouvernementales soutenues par l’Amisom.

___________________ 2 – RFI

Mohamud Ahmed Nur, nouveau maire de Mogadiscio

Par Stéphanie Braquehais

Mohamud Ahmed Nur, surnommé Tarzan, a 55 ans. Il a quitté la Somalie en 1977 au début de la guerre de l’Ogaden, après avoir été mis en prison par Siad Barré, dont dit il le régime dictatorial et communiste ne souffrait pas la critique.

Il a d’abord vécu dans les Emirats, puis s’est installé en Grande-Bretagne, où il possédait un cybercafé.

Il n’a remis les pieds dans la capitale somalienne, où il est né et a passé son enfance, qu’en juillet de cette année. Après plus de trente ans d’absence, il a dû se ranger au style de vie ou plutôt de survie de ses collègues du gouvernement.

____________ 1 – Afrik.com (attention article de Juillet 2010)

L’obscurantisme guerrier des Shebab. Les combattants islamistes somaliens prennent de l’envergure en Afrique orientale

PAR LEILA KADDOUR-BOUDADI

Les Shebab ont revendiqué le double attentat, perpétré dimanche à Kampala, qui a causé la mort de 73 personnes et fait plus de 85 blessés. En attaquant deux restaurants qui diffusaient la finale de la coupe du monde de football, ces combattants extrémistes ont déclaré être en guerre avec les Ougandais et les Burundais en raison de leur engagement militaire en Somalie. Gros plan sur ce groupe islamiste somalien qui contrôle plus de 80% du pays.

« Nous sommes derrière cette attaque car nous sommes en guerre avec eux [les Ougandais, ndlr] », a déclaré lundi Ali Mouhamoud Rage, l’un des porte-parole des Shebab. Le bilan de ce double attentat perpétré dimanche à Kampala, capitale de l’Ouganda, au cours de la finale de la Coupe du monde, fait état d’au moins 73 morts et de 85 blessés. Après enquête de la police ougandaise assistée par trois enquêteurs du Bureau fédéral d’investigations (FBI), l’explosion qui a eu lieu dans le restaurant Le village éthiopien est l’œuvre d’un kamikaze.

L’homme portait sur lui des explosifs. Impossible pour l’heure de déterminer si le mode opératoire était le même dans le second établissement visé. Toutefois la découverte, au lendemain de l’attentat d’une veste remplie d’explosifs abandonnée dans une discothèque de la capitale fait pencher pour l’hypothèse des attentats suicides.

Le groupe islamiste somalien, en grande partie issu de la faction la plus extrême de l’Union des Tribunaux islamiques, n’a pas frappé au hasard. Kampala était une cible idéale. Pourvoyeur de la moitié des troupes de la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom) avec 3000 hommes et organisateur du prochain sommet de l’Union africaine, l’Ouganda avait fait l’objet de menaces le 5 juillet suite à l’annonce du renforcement de son contingent à Mogadiscio, capitale somalienne.

Contrôlant plusieurs régions dans le sud et le centre de la Somalie, ainsi que de nombreux quartiers de la capitale Mogadiscio, les Shebab se sont attaqués à un restaurant éthiopien, nation ennemie, et qui diffusait du football, activité proscrite par la Charia des Shebab. Des attentats qui ont renforcé le président ougandais, Yoweri Museveni, dans sa volonté de maintenir ses troupes en Somalie. Il a même souhaité, jeudi, que les effectifs de la force de l’Union Africaine montent jusqu’à 20 000 hommes pour « éliminer les terroristes ».

Formé depuis 2004 par Aden Hashi Farah, le groupe djihadiste somalien est issu en grande majorité de la fraction la plus radicale de l’Union des tribunaux islamiques (UTI) mise en place initialement pour mettre fin aux violences nationales en imposant la Charia. Chassé du pouvoir par l’armée éthiopienne en 2006, les chefs de l’UTI ont pris la fuite laissant leurs combattants rejoindre les rangs du Shebab. `

En 2009, ce groupe armé part en guerre contre le gouvernement du président Sharif Cheikh Ahmed, ancien membre plus modéré de l’UTI, chargé de rétablir la paix après dix ans de guerre civile. Dirigé par Moktar Ali Zubeyr, religieux natif du Somaliland, les Shebab entretiennent des liens étroits avec Al-Qaïda.

Un groupe d’hommes en leur sein ont été formés en Afghanistan explique Roland Marchal, chercheur au Centre national de recherches scientifiques (CNRS) et spécialiste de la Somalie. Placé sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis en 2004, ce groupe islamiste est soupçonné de servir les intérêts d’Al-Qaïda au Pakistan. En mars 2009, Oussama ben Laden a d’ailleurs appelé dans un enregistrement à renverser et combattre le président Sharif Cheikh Ahmed.

Cette milice ultra-radicale, qui prône une application à la lettre de la Charia, s’est même récemment réconciliée avec le Hizb-al-Islam, organisation islamique d’un ancien leader de l’UTI, Hassan Dahir Aweys. Tous deux s’étaient déjà affrontés pour des raisons claniques mais veulent à présent s’associer pour éliminer le gouvernement de transition qui ne contrôle déjà plus vraiment le pays. En effet les Shebab ont entre leur main environ 80% de la Somalie. Mal connu, ce groupe armé, qui fait régner la terreur par des procès expéditifs et des mutilations publiques, est capable de mobiliser plus de 7 000 hommes.

La Charia version Shebab

Charia, en arabe la « voie », doit indiquer au musulman le chemin pour respecter la loi de Dieu. Elle régit aussi bien la vie publique que privée des pratiquants. Les Shebab appliquent littéralement leur propre lecture du texte saint. L’extrémiste de leur interprétation se traduit par les mesures radicales qu’ils imposent à la population.

Il est interdit, par exemple, aux femmes de porter un soutien-gorge sous peine d’être fouettée publiquement. Jugé anti-islamique, impur et offensant, ce sous-vêtement « trompe sur l’état naturel des seins, accentue les formes féminines et suscite des désirs sexuels » selon un chef du mouvement fondamentaliste.

Les hommes ne sont pas en reste, ils sont dans l’obligation, quant à eux, de porter la barbe mais de se couper la moustache pour se différencier des polythéistes.

Plus absurde encore la diffusion de musique est interdite sur les ondes radiophoniques, idem pour les sonneries téléphoniques. – Le football ne serait que gesticulation et la danse un péché.

En octobre 2008, une petite fille de 13 ans a été lapidée à mort dans un stade par cinquante hommes en présence de mille spectateurs alors qu’elle avait été violée.

Si le viol n’est pas reconnu, le vol est sévèrement puni. Deux jeunes hommes ont été amputés de la main droite en septembre 2009 comme le prévoit la loi coranique. Toutes ces sanctions sont publiques et participent à terroriser la population.