25/11/10 (B579) Forum de l’opposition à Londres – Intervention d’Ali Coubba au nom d’Uguta-Toosa

Le forum de Londres : Forum de la concertation

Notre parti UGUTA-TOOSA entend changer le régime en place (les hommes et le système politique en place depuis 33 ans à Djibouti) et non remplacer les dirigeants actuels par des personnalités de l’opposition qui seraient soi-disant plus démocratiques qu’Ismail Omar Guelleh et que nous sommes censés croire sur parole. La démocratisation, à l’instar de la définition que Frantz Fanon propose pour la décolonisation, c’est le « remplacement d’une espèce d’hommes par une autre espèce d’hommes ».

Pour le bien de toute la nation, notre génération doit se donner une seule mission : ancrer définitivement la république de Djibouti dans des institutions démocratiques. Préparons-nous à instaurer une juste représentativité politique des trois nationalités du pays (Afar, Arabe, somali). Fixons-nous pour objectif une intégration sociale équilibrée des régions et des capitales régionales (Ali-Sabieh, Dikhil, Tadjoura et Obock) afin que la génération future investisse toute son énergie dans la lutte contre la pauvreté.

Voici les attentes et recommandations d’UGUTA-TOOSA. Notre analyse part d’un postulat de départ : il y a deux familles, deux idéologies, deux camps politiques qui ne peuvent pas cohabiter. D’un côté, l’opposition qui, malgré toutes ses imperfections, représente la démocratie et l’avenir. De l’autre côté, la dictature et ses partisans, qui sont synonymes de tribalisme, d’injustice, de misère, de la guerre civile.

Notre souhait est qu’aujourd’hui on construise l’unité de toute les forces de l’opposition qui déboucherait sur une dynamique et cette dynamique provoquant une transition démocratique pacifique – passage de la dictature à un Etat de droit – durant l’année 2011.

Les préalables minimums à l’unité de l’opposition

Premièrement, je conseille à tous mes collègues d’entrer dans un processus de dialogue et de construction. Il faut sortir donc du dénigrement des uns des autres et des cache-cache qui entravent notre unité et la bonne marche de notre combat.

Créé en décembre 2004, son journal ayant débuté en janvier 2005 (date de sa création), UGUTA-TOOSA a vu le jour en France. Son ambition première a été dès l’origine de mobiliser la diaspora (dont personne ne parlait alors) avant d’aller sur le terrain et prendre part à la lutte pacifique à Djibouti, aux côtés des partis politiques légaux. En 2007, nous avons modifié notre approche afin de lancer un projet d’alliances et de rapprochement avec les autres formations politiques.

Cette stratégie d’alliance par étapes a donné de bons résultats mais sans aboutir à la création d’un front uni de l’opposition en Europe, que nous nous étions donné comme objectif.

Les réalisations d’UGUTA-TOOSA

En quatre ans, notre bonne volonté a été malmenée par des leaders politiques cachés (les imams cachés de la religion shiite), animés par beaucoup d’amour propre et d’autres considérations dont j’ignore le nom, mais ayant très peu d’amour pour le peuple et l’intérêt général.

Je ne vous ferais pas l’inventaire mais de dirigeants qui n’ont pas daigné œuvrer pour l’unité ni travailler avec un parti ouvert pourtant à toutes les suggestions.

Au final, UGUTA TOOSA a réussi à réaliser une alliance laborieuse l’ARD, des accords avec le PDD de Mohamed Daoud Chechem. Un dialogué a été amorcé avec le GED, sans aboutir à une alliance concrète. Mais tout cela n’a pas permis de créer un programme politique commun ou une steructure politique commune.

Laissez moi vous décrire deux réalités : notre politique de communication et un argument, peu convaincant à mon avis, développé par nos collègues de l’UAD pour ne pas intégrer UGUTA-TOOSA dans la coalition existante.

Notre politique de communication à caractère national

Depuis 2005, notre journal UGUTA-TOOSA à qui nous avons attribué le nom du parti pour amplifier la campagne de communication, a rempli sa tache. Qui ignore aujourd’hui le nom de notre parti et de son président ? Qu’est-ce qui nous distingue des autres organisations politiques ?

Sans discrimination, notre journal diffuse les communiqués de l’ARD, du MRD, du FRUD, du GED de l’UAD.

Sans complexe, dans les colonnes de notre journal, vous trouverez des photos de MM. Ahmed Youssouf, Mohamed Daoud Chehem, Daher Ahmed Farah, de Mohamed Kadami, Ali Iftin, y compris les personnalités politiques telles que M. Ainaché et Abdourahman Booré ici présents. Même quand nous ne partageons pas les opinions exprimées par un parti, nous ne le boycottons pas.

En outre, pour ne pas oublier d’où nous venons, notre journal publie des articles et des vidéos en afar et en somali.

Pour illustrer notre esprit d’ouverture qui tranche avec les autres, je me limiterais à vous dire que la réciproque n’est pas vraie.

Pour l’instant, si l’on juge avec objectivité, UGUTA-TOOSA est en matière de communication le parti politique le plus représentatif de la république de Djibouti.

Exemple d’un argument intenable qu’on nous oppose

Vous savez tous que notre parti veut prendre part à la mobilisation générale sur le terrain voire même à la campagne électorale. Il faut se préparer à toute éventualité. En cas de report d’élections, sommes-nous préparés à présenter des candidats crédibles ? Et lesquels, s’il vous plaît ? Si une crise politique majeure se produit dans le pays, aurons-nous un leader capable d’assurer l’alternance dans l’urgence ? Il nous faudra pour ratisser large promouvoir deux leaders : un Afar et un Somali.

Notre parti veut être membre de l’UAD or celle-ci nous oppose depuis deux ans l’argument suivant. UGUTA-TOOSA, nous répète-t-on, ne peut pas être membre de l’UAD parce qu’il n’est pas un parti légal. Suivez bien cette rhétorique qui mène à l’impasse. D’un côté, tout le monde est d’accord pour qualifier Ismail Omar Guelleh de dictateur qui viole les lois constitutionnelles.

L’homme s’est placé au-dessus de la loi. Lui seul détermine ce qui est légal et ce qui ne l’est pas. De l’autre côté, on nous exhorte à obtenir l’aval du dictateur, en l’espèce la légalisation du parti, pour qu’on soit admis au sein de l’UAD. Ce qui revient à tenir les propos suivants : « Si le régime vous reconnaît en tant que parti légal, alors nous aussi vous vous reconnaîtrons ». Donc, il faut se faire adouber d’abord par la dictature pour être membre de la coalition. Un argument similaire est d’ailleurs opposé au FRUD armé.

Voilà, au lieu de travailler ensemble, nous nous imposons des freins et des inhibitions. L’unité de l’opposition est une affaire interne à l’opposition. Nous n’avons pas besoin de la caution d’Ismail Omar Guelleh. Faisons l’unité aujourd’hui.

Qu’attendions-nous de ce forum ?

L’opposition djiboutienne doit parvenir à rapprocher les points de vue entre partis politiques et parapher une résolution qui dit que l’UAD intègre toutes les forces politiques de l’opposition et que ces forces vont œuvrer dans l’immédiat à apporter leurs soutien à la Mobilisation générale.

CONCLUSION

UGUTA TOOSA souhaite être membre de la coalition de l’opposition djiboutienne, une UAD rénovée avec un leadership rajeuni et une direction collective ;

UGUTA-TOOSA préconise que l’on participe à la campagne d’élections présidentielles qui se préparent à Djibouti, en mettant à plus tard la présentation d’un candidat unique ; (ne rejetons pas d’office le dialogue avec les Américains ou les Français et l’union européenne).

UGUTA-TOOSA envisage de devenir un parti légal à Djibouti et souhaite que cette opération s’inscrive dans une stratégie de mobilisation générale menée avec l’accord de l’UAD et en concertation avec l’ensemble des forces politiques ;

UGUTA-TOOSA préconise qu’on nomme, parmi les partis présents, ceux qui vont piloter la Mobilisation Générale à Djibouti aux côtés de l’ARD et de l’UDJ. Notre parti aimerait prendre part à Djibouti à cette manifestation ;

UGUTA-TOOSA réclame la rénovation de l’UAD en rajeunissant son leadership et si possible, en nommant une direction collégiale comprenant les présidents de chaque parti ;

UGUTA-TOOSA préconise que l’on nomme deux candidats uniques de l’opposition afin de le préparer à une future élection présidentielle : le mieux est que nous ayons un Afar et un Somali à qui nous faisons confiance et qui, grâce à sa légitimité politique, dispose déjà d’une forte assise populaire. Pour être franc et objectif, je ne vois actuellement un homme autre que DAF et un leader Afar issu de l’ARD.

J’émets les voeux que ce Forum, le Forum de Londres, présidé par M. Mahdi God, entre dans l’histoire de Djibouti pour que chacun de vous puisse dire « j’y étais ».

M. Ali COUBBA
Président d’UGUTA-TOOSA