25/11/10 (B579) Réflexions préliminaires de la Mission d’observation électorale à Djibouti 2010-2011 : un admirable air de pipeau sur fond de politiquement correct. Avec la pratique d’une telle langue de bois, IOG n’a pas à s’inquiéter … Démocraty International vient au secours de la dictature en péril !

______________________________ Note de l’ARDHD

A la première lecture de ce rapport qui vient de nous être communiqué par un lecteur, (dont nous allons approfondir l’analyse dans les prochains jours), il semble que les délégués de D.I., en charge de la rédaction de ces réflexions préliminaires, ont été guidés par le souci de ne pas déplaire au régime et de n’émettre que des conseils doucereux, en se gardant bien de formuler des recommandations précises .. et dérangeantes !

Un exemple parmi les autres. Le N°11 est un chef d’oeuvre !
« 11) Le mandat que s’est donnée la Radio Télédiffusion de Djibouti “vous informer de manière objective (et) à suivre des débats nationaux” gagnerait à travers la recherche de possibilités d’engager tous les partis légalisés dans des discussions et des débats publiques radiodiffusées afin de mieux informer le public au cours de la période de la campagne électorale. »

Nous parlons d’un pays qui n’a plus aucun media d’opposition, d’un pays où les seuls organes de communication sont la RTD et La Nation, totalement inféodées au régime dictatorial et sans aucune indépendance ni liberté éditoriale … d’un pays qui censure, selon son bon plaisir, les sites internet d’opposition, quand ils le dérangent …

Que trouvent à proposer les gentils émissaires de D.I. ?
La RTD gagnerait à rechercher des possibilités d’engager tous les partis légalisés (ils oublient allègrement au passage tous les autres partis et en particulier celui qui a été illégalement « délégalisé ») dans des discussions ou des débats publiques …

Et l’article 12 continue sur le même registre !
la RTD et « La Nation », en tant qu’unique médias nationaux, sont encouragés à faire tous les efforts pour couvrir les événements importants qui influent sur la vie politique de Djibouti pour faire en sorte d’exposer des points de vue alternatifs

Sans aucune concurrence à l’intérieur du pays, qui pourrait nous dire ce que la RTD aurait à gagner ? De l’audience ? De la crédibilité ?

Allons, Messieurs les experts de D.I., on peut comprendre les motivations qui sont les vôtres et votre objectif de ménager IOG et son troisième mandat : c’est votre choix ! Mais allez jusqu’au bout, soyez honnêtes et annoncez la couleur en affirmant par exemple « haut et clair » « Je vote Guelleh ! » pour pouvoir continuer à travailler à Djibouti, car Guelleh m’offre un cadre de vie confortable !

Mais ce que vous n’avez pas le droit de faire, travaillant sous la bannière « Démocratie », c’est de vous moquer ouvertement d’un peuple djiboutien qui souffre, d’un peuple qui est asservi et d’un peuple qui n’a plus d’espérance, de travail, de ressources, de centres de soins, d’école et de justice !

Cela est honteux ! Et vous en porterez la lourde responsabilité !

N.B. : l’ordre des Brosses à Reluire sera certainement très réceptif à votre demande de cooptation

_____________________ Réflexions préliminaires de D.I.

Réflexions préliminaires de la Mission d’observation électorale à Djibouti 2010-2011

Mission d’observation électorale à Djibouti 2010-2011
Première visite de l’équipe d’observation à long terme de
Democracy International en République de Djibouti:
Réflections préliminaires pour l’amélioration
du processus électoral djiboutien

Une mission d’observation à long terme de Democracy International s’est rendue à Djibouti du 1 au 9 novembre 2010 pour commencer son évaluation des préparatifs électoraux du pays. Dans ce cadre des réunions ont été tenues avec les institutions gouvernementales impliquées dans les opérations électorales, ainsi qu’avec tous les partis politiques et certains groupes de la société civile. Sans exception les interlocuteurs n’ont pas ménagés leurs efforts pour apporter leur contribution au succès de cette mission. L’équipe sera de retour à Djibouti à nouveau en Janvier 2011

Administration des élections

1) En tant que manifestation concrète de son engagement continu pour le progrès démocratique, il serait bénéfique pour le Gouvernement de la République de Djibouti d’envoyer à l’Assemblée nationale un projet de texte portant ratification de la « Charte Africaine sur la Démocratie, des Elections et la Gouvernance » que Djibouti a signée le 15 juin 2007.

2) En prévision des élections présidentielles de 2011, le gouvernement pourrait instaurer une plus grande confiance dans le système électoral à travers la rapide promulgation d’un décret précisant les détails chronologiques relatifs au scrutin à venir. Il devrait contenir, mais sans s’y limiter, les dates de:

• L’élection ; • La publication de la liste électorale ; • La délivrance des cartes d’électeurs ; • La définition des protocoles permettant l’accès des partis politiques à la liste électorale générale ; • L’installation de la CENI ; • Début et la fin de la période de campagne électorale ; • Du dépouillement et la totalisation des votes et annonce des résultats ;

3) Permettre l’accès en temps opportun à la liste électorale à la fois aux partis politiques et au grand public favoriserait une plus grande transparence et augmenterait la crédibilité du processus électoral.

4) L’intégrité du processus électoral dans son ensemble peut être renforcée par la création d’une CENI équilibrée et compétente, dirigée par une personne dont l’intégrité est incontestée, et nommé dans le délai maximum autorisé par la loi, et lui fournir les moyens et l’autonomie nécessaires pour que cette dernière puisse fonctionner correctement.

5) La transparence peut être améliorée en rendant publics les détails relatifs au financement des partis politiques par des fonds publics pendant la période de campagne électorale.

6) Compte tenu des importantes responsabilités des préfectures dans la planification et la mise en œuvre des élections au niveau local, tous les efforts devraient être faits pour s’assurer qu’ils sont pourvus de moyens de communications, financiers, logistiques nécessaires afin de leur permettre de s’acquitter convenablement de leurs fonctions qui sont par ailleurs essentielles.

Concurrence politique.

7) Tous les partis politiques légalement enregistrés sont invités à participer pleinement et activement à la vie politique du pays, notamment en recherchant le dialogue avec les citoyens sur les questions importantes pour le développement du pays; en informant le public de leurs programmes politiques ; et s’il le désire, en posant leurs candidatures, ainsi qu’en soutenant et en faisant campagne pour leurs candidats.

8) Les partis sont invités à poursuivre le dialogue entre eux pour bâtir une confiance réciproque.

9) En plus de leurs activités politiques partisanes, toutes les parties sont instamment invités à assumer leurs responsabilités nationales pour vérifier la liste des électeurs, participer à la CENI, chercher un accès régulier et efficace aux médias publics, et plus généralement promouvoir les pratiques démocratiques.

10) Comme c’est le cas dans de nombreux pays, les partis politiques devraient envisager sérieusement d’élaborer, d’approuver formellement et de respecter un code de conduite pendant la campagne afin de faire en sorte que la période avant, pendant et après l’élection se caractérise par le respect de la civilité, la non-violence, le respect de la primauté du droit et de la tolérance pour les différents points de vue politiques.

Communications

11) Le mandat que s’est donnée la Radio Télédiffusion de Djibouti “vous informer de manière objective (et) à suivre des débats nationaux” gagnerait à travers la recherche de possibilités d’engager tous les partis légalisés dans des discussions et des débats publiques radiodiffusées afin de mieux informer le public au cours de la période de la campagne électorale.

12) En outre, en dehors de la période spécifique de la campagne électorale, la RTD et « La Nation », en tant qu’unique médias nationaux, sont encouragés à faire tous les efforts pour couvrir les événements importants qui influent sur la vie politique de Djibouti pour faire en sorte d’exposer des points de vue alternatifs.

13) Les médias et les relais d’information doivent contribuer à la paix et la stabilité en effectuant une couverture responsable des questions électorales et politiques d’intérêt pour le public, et en s’abstenant des attaques personnelles et d’éviter un langage aux fins de division.

14) De manière générale, il est de la responsabilité éthique et professionnelle des canaux d’information de refléter la diversité d’opinion et de présenter une image équilibrée des événements politiques et électoraux.

Education civique des électeurs

15) Le gouvernement est invité à lancer une vaste campagne d’information en diffusant des messages d’éducation des électeurs sur les principes démocratiques, la signification des élections et les rôles et les responsabilités des citoyens.

16) En outre, une campagne d’éducation visant à combler les lacunes du public par rapport à la compréhension de ces derniers des domaines importants tels que l’inscription des électeurs et la délivrance des cartes nationales d’identité irait bien à une meilleure compréhension et encourageant une plus large participation du public dans les processus électoraux.

17) A titre de complément des efforts d’information de l’État et afin d’encourager une plus grande participation populaire dans les élections, les organisations de la société civile devraient rechercher les moyens d’entreprendre des campagnes non partisane d’éducation civique et électorale en direction des groupes traditionnellement marginalisés comme les femmes, les handicapés, et en milieu rural les populations semi-nomades.

Soutien externe

18) Les organisations internationales, les missions diplomatiques ainsi que les agences bilatérales et multilatérales sont instamment invités à apporter un soutien concret à la population de Djibouti sur le chemin d’une plus grande démocratie.

19) Toutes les parties prenantes Djiboutienne sont encouragées à tirer parti des possibilités existantes afin de bénéficier de l’assistance technique dans une grande variété de domaines, notamment la vérification de la liste des électeurs, l’éducation civique des électeurs, l’observation électorale, le développement d’un code de conduite pour les partis politiques, la formation des partis politiques, la formation des médias, la communication des résultats, et d’autres domaines.

Democracy International (DI) est basée aux États-Unis et fournit des services d’analyse, offre une assistance technique, et met en œuvre des projets à travers le monde pour la démocratie et la promotion de la gouvernance. La mission d’observation de DI à Djibouti est soutenue par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) en vertu d’un accord entre les États-Unis et le gouvernement de Djibouti intitulé, « Gouverner avec Justice et Démocratie ».

(Auteurs: Christian Hennemeyer, El Obaid Ahmed El Obaid, et Kevin Colbourne, 21 Novembre 2010)

Contact: Kevin Colbourne, Directeur de Mission d’Observation Électorale: +253- 34 46 52
Email: kcolbourne@democracyinternational.com