10/12/10 (B581) Le Journal de la Flibuste – Le pirate présumé capturé par le Louise-Marie est en Belgique – l’heure de la relève pour les forces européennes anti-piraterie déployées dans l’Océan indien – Le bâtiment-amiral de l’opération Atalante fait escale à Aden, au sud du Yémen – un pétrolier saoudien capturé en mars par des pirates, libéré contre rançon – La piraterie : nouveau défi du port de Mombasa – WikiLeaks : la folle saga des T-72 ukrainiens destinés au Soudan sud – La réponse française à la piraterie. Seaphora : l’anti-Blackwater (8 articles)

_______________________ 8 – RTL Info (Belgique)

Du jamais vu depuis 400 ans: un procès pour piraterie en Belgique

Nous allons sans doute assister à du jamais vu depuis 400 ans : un procès pour piraterie. En effet, fin novembre, la frégate Louise Marie a arrêté en mer un pirate qui s’avère aujourd’hui être impliqué dans l’attaque du Pompéi dont nous avions beaucoup parlé l’an dernier. Ce pirate est arrivé en Belgique hier, la procédure en justice est lancée.

Il y a une dizaine de jours, les militaires belges ont abordé un bateau suspect au large des côtes kényanes. D’après les militaires, les occupants ont jeté armes et échelles par-dessus bord. Un homme a été immédiatement arrêté et amené à bord de la frégate Louise Marie : "On a appliqué pour la première fois une procédure qu’on a mise sur pied et qui nous permet de transmettre relativement vite en Belgique des empreintes digitales et de l’ADN pour faire des comparaisons. Ici, c’était le premier cas. On a pu présenter quelques photos à l’équipage du Pompéi qui a été pris en otage l’an dernier", explique Lieve Pellens, porte-parole du Parquet fédéral.

Le pirate est impliqué dans l’affaire Pompéi

Et là, surprise, un des hommes, dont l’identité et la nationalité restent confidentielles, est formellement identifié par trois membres de l’équipage du Pompéi pris en otage l’année passée et libéré après deux mois contre rançon.

Un relevé d’empreinte digitale confirme rapidement qu’il s’agit bien d’un des pirates impliqués. La nuit dernière, il a été acheminé par avion militaire jusqu’à la base de Melsbroek.

L’un des premiers pirates jugés en Belgique

"Ce n’est pas une extradition, poursuit Lieve Pellens. Comme le Louise Marie est considéré comme sol belge, un juge d’instruction en Belgique qui a été saisi du dossier Pompéi a procédé à son arrestation provisoire après audition par vidéo conférence. Le mandat d’arrêt est donc provisoire". L’homme devrait être inculpé dans le courant de l’après-midi de piraterie et prise d’otage et sera vraisemblablement l’un des premiers jugés en Belgique pour de tels faits.

_______________________ 7 – RTBF Info (Belgique)

Le pirate présumé capturé par le Louise-Marie est en Belgique

Le pirate présumé capturé fin novembre par la frégate "Louise Marie" de la Marine au large du Kenya et soupçonné d’être impliqué dans la prise en otage du navire "Pompei" en 2009 est arrivé vendredi en Belgique pour y être sans doute jugé, a-t-on appris de sources militaires.

"Il est arrivé à (l’aéroport militaire de) Melsbroek entre 05h00 et 05h30 et a été remis aux autorités judiciaires", a indiqué une porte-parole militaire à l’agence Belga.

L’homme, dont ni l’identité ni la nationalité n’ont été révélées – si toutefois elles ont déjà pu être établies par la justice -, a été amené par avion militaire depuis Mombasa (est du Kenya), où la frégate a fait escale pour le débarquer.

Ce pirate présumé, surnommé 001 par les militaires, fait l’objet d’un mandat d’arrêt provisoire délivré par un juge d’instruction belge.

Selon une porte-parole du parquet fédéral, le pirate présumé pourrait être jugé en vertu des nouvelles lois belges sur la piraterie entrées en vigueur le 14 janvier dernier. Il pourrait alors s’agir du premier procès pour piraterie dans l’histoire de la Belgique.

L’homme fait partie d’un groupe de sept personnes interceptées le 29 novembre au large des côtes kenyanes par la frégate F931 "Louise Marie", engagée dans l’opération européenne Atalanta de lutte contre la piraterie face aux côtes de l’Afrique orientale.

Les six autres devraient être remis aux autorités kenyanes par l’équipage du "Louise Marie".

_______________________ 6 – Bruxelles 2

Les forces européennes anti-piraterie déployées dans l’Océan indien (déc.2010)

Nicolas Gros-Verheyde

C’est l’heure de la relève dans l’Océan indien pour la mission européenne anti-pirates Eunavfor Atalanta. Le vice-amiral français Coindreau, cédant le commandement de la force sur zone à un contre-amiral Espagnol, Juan Rodríguez Garat, embarqué à bord du Patino.

Les forces sur zone seront composées de navires espagnol, italien, français, allemand et belge, rejoints ensuite par un finlandais. Coté aérien, on pourra compter sur un P3 Orion Espagnol, les Merlin III Luxembourgeois et un avion français (Falcon ou Atlantique II selon les disponibilités).

• Navire ravitailleur et de soutien Patino A-14 (Espagne). Entré en service en 1995, il a une capacité de 7 millions de litres de diesel marin et de 2 millions de litre de combustible d’aviation, 200 tonnes d’eau potable, 115 m3 de vivres et 68 m3 de vivres réfrigérés. Il est doté de trois bateaux semi-rigides (RHIB) et de deux hélicoptères Sea-King SH3D, il dispose d’un hôpital de campagne de 8 lits (dont 4 en soins intensifs), équipé en salle de radiologie, de stérilisation, de chirurgie, télémédecine par satellite. Avec un équipage de 210 personnes (187 hommes et 23 femmes), il embarque l’Etat-Major de la force (COMEUNAVFOR) qui comprend 8 nationalités, une unité aérienne, une équipe opérationnelle de l’infanterie de marine, le personnel médical, un traducteur, un prêtre. Il comptera à son bord un officier croate. NB : Le Patino a participé à l’opération « Sharp Guard » d’appui à l’embargo en ex-Yougoslavie en 1996, et l’opération « Allied Action » durant la crise du Kosovo en 1998.

• Frégate Louise-Marie F-931 (Belgique). Frégate multifonctionnelle (anti sous-marine, antiaérienne, navires de surface), acquise par la Belgique récemment(en avril 2008), auprès de la marine néerlandaise (dans le cadre d’un contrat de coopération Benelux). De 3300 tonnes, elle peut filer à 21 noeuds. Equipage de 145 marins. Elle reste dans l’opération jusqu’à mi janvier 2011. Commandant : Capitaine de frégate Carl Gillis

• Frégate Hamburg F-220 (Allemagne). Frégate de la dernière génération (classe Sachsen, 124), 5.600 tonnes, vitesse : 29 noeuds, 255 soldats à bord. Commandant : Frank Schwarzhuber.

• VPD (Estonie). Un détachement de protection des navires estonien prendra part à l’opération à bord du navire allemand Hamburg. Ce sera la première participation opérationnelle de l’Estonie à l’opération Atalanta (1).

• Frégate Floréal, relevée à Noël par la frégate Montcalm D-642 (France). Frégate de lutte anti-sous-marine de type F70, mis en service en 1982, le Montcalm a une autonomie de 45 jours. Longueur : 139 mètres, 4.830 tonnes, vitesse : 21 nœuds. Il peut embarquer 2 hélicoptères WG-13 LYNX. Equipage : 244 marins, hommes et femmes (22 officiers, dont 4 pilotes, 145 officiers mariniers, 77 quartiers-maîtres et matelots). Commandant : Capitaine de vaisseau Guillaume Chové.

• l’aviso EV Jacoubet F-794 (France). Aviso de type 69, dédié à la lutte sous-marine dans les eaux côtières, mis en service en 1982. Longueur : 80 mètres, 1.410 tonnes à pleine charge, vitesse : 24 noeuds. Il peut être armé de 4 missiles Exocet mer-mer 40, est doté d’une rampe double Simbad pour missiles Mistral, d’une tourelle de 100 mm AA Mle 68, de deux canons de 20 mm AA F2, de 4 mitrailleuses de 12,7 mm et de 4 tubes lance-torpilles de 550 mm L 5 mod 4. Equipage de 89 marins (7 officiers, 58 officiers mariniers, 24 quartiers-maîtres et matelots). Commandant : capitaine de corvette Pierre Lachard.

• ITS Zeffiro F-577 (Italie). Frégate italienne, de classe Maestrale, mise en service en 1984, 3.000 tonnes, longueur 123 mètres, vitesse maximale : 32 noeuds. Equipage de 223 hommes et femmes (28 officiers, 67 sous-officiers, 33 sergent et 104 marins). 2 hélicoptères. Commandant: Marco Montoneri. Elle a franchi le canal de Suez le 27 novembre.

• Mouilleur de mines Pohjanmaa 01 (Finlande). A partir de janvier 2011. Ce sera la première participation maritime de la Finlande à l’opération anti-pirates (2). Le Pohjanmaa, mis en service en 1979, est le navire emblème de la flotte finlandaise. Il a servi de navire-école jusqu’en 1992. D’une longueur de 79 mètres, et de 1.450 tonnes, il peut atteindre une vitesse de 18-19 noeuds. Il est équipé de canons Bofors 57 mm et 40 mm.

_______________________ 5 – Portail des sous-marins

Le bâtiment-amiral de l’opération Atalante fait escale à Aden, au sud du Yémen

Par Rédacteur en chef.

La frégate française De Grasse, bâtiment amiral de l’opération européenne Atalante, est arrivé le 8 décembre dans le port d’Aden afin de saluer les autorités yéménites et de mener des exercices avec les gardes-côtes du Yémen dans le cadre de la coopération maritime permanente entre l’Union Européenne et le Yémen.

Au cours de l’escale, le commandant de la force européenne, le contre-amiral Philippe Coindreau, a rencontré les autorités yéménites pour partager connaissance et expériences sur la menace pirates dans la région, et discuter d’exercices Europe – Yémen.

La visite est destinée à consolider la coopération maritime croissante de l’Union Européenne avec le Yémen. Cette coopération fait partie du soutien apporté par l’Europe aux gardes-côtes et à la marine du pays. La commission européenne, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni ont apporté un soutien substantiel pour développer les infrastructures des gardes-côtes.

_______________________ 4 – AFP

Somalie: un pétrolier saoudien capturé en mars par des pirates, libéré contre rançon

Un petit pétrolier saoudien capturé par des pirates somaliens en mars dernier a été libéré mardi contre rançon, et il naviguait en sécurité jeudi sous escorte, a indiqué à l’AFP l’association Ecoterra, spécialisée dans les questions de piraterie.

Le Al Nisr Al Saudi, un tanker battant pavillon saoudien, avait été capturé dans le Golfe d’Aden le 1er mars dernier, alors qu’il revenait à vide vers Jeddah après avoir livré sa cargaison de pétrole au Japon.

Le bâtiment de 5.136 tonnes (à vide) "a été libéré mardi après paiement d’une rançon", a indiqué à l’AFP l’association Ecoterra. "Il navigue maintenant dans des eaux sûres, sous escorte", a ajouté un responsable de cette organisation.

"Tous les membres de l’équipage sont sains et saufs", précise Ecoterra, à propos des 13 marins sri-lankais et du capitaine grec à bord du pétrolier. Le montant de la rançon demeure inconnu.

Après sa capture, le bateau avait été ramené face à la localité de Garacad, un repaire de pirates dans le centre de la Somalie, puis transféré vers le port de Kulub.

Le tanker saoudien aurait été utilisé en octobre dernier par les pirates pour lancer une attaque, qui avait finalement échoué, contre un autre bâtiment commercial, le Go Trader, battant pavillon maltais, selon Ecoterra.

Les pirates somaliens détiennent toujours 35 bâtiments étrangers et au moins 649 otages, selon le décompte de cette association. Un acte de piraterie sur deux dans le monde est commis au large des côtes somaliennes ou dans le Golfe d’Aden, selon le bureau maritime international.

_______________________ 3 – RFI

La piraterie : nouveau défi du port de Mombasa

Par Claire Fages

C’est la porte d’entrée et de sortie principale des marchandises d’Afrique orientale, mais il devient de plus en plus coûteux d’utiliser le port de Mombasa, au Kenya. Déjà congestionné, il doit faire face à un nouveau défi : la piraterie.

Les contrats d’assurance imposés aux affréteurs qui passent par le port de Mombasa ont triplé en quelques mois. La raison : les pirates. Jusqu’à présent cantonnées au golfe d’Aden, ils s’aventurent aujourd’hui jusque dans les eaux territoriales du Kenya, où l’on a dénombré neuf actes de piraterie cette année, contre zéro l’an dernier. Au cours des deux mois passés, deux cargos ont été détournés à moins de 50 kilomètres du port de Mombasa.

L’un venait de vider sa cargaison de GPL – les produits pétroliers sont au premier rang des marchandises qui transitent par le port kényan – ; il a donc été détourné à vide, mais cela a suffi pour faire grimper les prix locaux du gaz. Pour la bonne raison que les affréteurs répercutent aux importateurs l’augmentation des primes des compagnies maritimes pour naviguer dans ces eaux de plus en plus craintes. L’huile de palme importée d’Asie est également vendue plus chère sur le marché kényan.

En tout, le coût du fret a augmenté de 40 % à destination du Kenya. Et cela s’ajoute au prix déjà élevé d’un passage au port de Mombasa. Victime de son succès, ce magnifique port naturel autour d’une île est totalement engorgé, avec un trafic en augmentation de 40 % en cinq ans. Les importations en vrac de ciment, de fer et d’acier suivent la croissance économique de l’Afrique orientale.

Quant aux porte-conteneurs qui expédient le thé et le café produits dans la région, mais surtout qui font entrer de nombreuses pièces et produits de consommation, ils ne savent plus où décharger. La logistique a beaucoup de mal à suivre, les formalités sont trop lentes.

Au point que Mombasa a perdu l’activité de transbordement des conteneurs depuis le Mozambique et les îles de l’Océan indien au profit du port tanzanien de Dar es Salaam, pourtant deux fois plus modeste en tonnage. L’Autorité portuaire de Mombasa a programmé des travaux pour doubler les capacités ; elle annonce aussi à terme vouloir privatiser la logistique.

________________________ 2 – Le Monde avec WikiLeaks

WikiLeaks : la folle saga des T-72 ukrainiens destinés au Soudan sud

Jean-Philippe Rémy

Ce n’était qu’un cargo parmi d’autres sur l’océan Indien, naviguant vers Mombasa, au Kenya. Mais lorsque le Faina, battant pavillon du Belize, est capturé par des pirates au large de la Somalie, le 25 septembre 2008, ces derniers découvrent dans ses soutes une cargaison inhabituelle. D’importants stocks d’armes et de munitions, et des chars T-72.

Lorsque la nouvelle est connue, les Etats-Unis prennent le dossier très au sérieux. Il faut tout faire pour éviter que ces chars reviennent à l’insurrection islamiste en Somalie, dont certains groupes armés se réclament d’Al-Qaida.

Après de longues tractations et le paiement d’une rançon de 3,2 millions de dollars (2,4 millions d’euros), le Faina est relâché, avec sa cargaison intacte. Il reprend alors son chemin vers sa destination. La saga des T-72 du Faina est loin d’être terminée.

Les chars sont officiellement destinés à l’armée kenyane, les documents encadrant l’exportation en témoignaient. Mais, comme le note un télégramme américain obtenu par WikiLeaks et révélé par Le Monde, ils doivent en réalité parvenir au Sud-Soudan et à son Armée de libération (SPLA), l’ex-rébellion sudiste.

"LA COLÈRE DE SALVA KIIR"

Les Etats-Unis s’opposent discrètement à leur transfert. Des responsables kényans, dont le premier ministre, Raila Odinga, tentent de les convaincre de fermer les yeux. Les autorités de l’entité semi-autonome du Soudan sud voient approcher la date du référendum d’autodétermination qui peut permettre au Sud d’accéder à l’indépendance, au risque d’une reprise de la guerre, interrompue en 2004, avec le Nord. L’ambassadeur américain essaye de convaincre le premier ministre kenyan, qui propose de transférer les chars via l’Ouganda voisin, d’abandonner ce projet.

Une réunion est convoquée entre un militaire américain et des officiers supérieurs kényans. Un responsable des services de renseignements militaires kényans insiste sur "les pressions" du gouvernement sud-soudanais pour obtenir les chars, et précise que "le président [Mwai] Kibaki est personnellement très en colère à cause de ce problème".

Il ajoute aussi que les responsables kényans sont "troublés" par la position américaine, ajoutant que dans des cas précédents de livraisons d’armes au Soudan sud, il n’y a pas eu d’obstruction, dans la mesure où ce transfert, selon eux, s’inscrit dans l’application de l’accord de paix.

Puis le responsable des renseignements militaires insiste : annuler la livraison va "coûter extrêmement cher" et de plus, "Salva Kiir va se mettre en colère".

Le 16 décembre, les tanks se trouvent encore sur des flatcars, des wagons prévus pour le transport de blindés, dans un camp militaire près de Nairobi. L’affaire se traite au plus haut de l’Etat, puisque le président Kibaki lui-même tente de débloquer le dossier et de faire parvenir les chars au Soudan sud. Le chef des renseignements militaires demande alors à ses interlocuteurs américains de l’aider à réunir des arguments pour "tenter de convaincre le président".

La nature des liens entre le Kenya et le Sud-Soudan est examinée. "Au cours des deux dernières années, des responsables du ministre de la défense kenyan ont échangé avec nous des détails complets de leur engagement aux côtés de la SPLA, de la même façon que nous avons partagé avec eux les détails de programme d’entraînement pour la SPLA, incluant le programme de combat pour les soldats."

Les responsables kényans ont l’impression que les Etats-Unis, en bloquant le départ des chars, ont "changé de bord" et sont désormais "du côté de Khartoum". Les diplomates américains s’efforcent de leur expliquer que contrairement aux livraisons précédentes, compatibles avec l’accord de paix, celle-ci sort du cadre et "mériterait une sanction".

Pourquoi le Kenya tient-il tant à expédier les chars ? D’abord, précise un télégramme, Nairobi est proche des responsables de la SPLA. Mais aussi, "il est toujours possible qu’il y ait là-dessous un bénéfice financier pour un haut responsable kényan (ou deux, ou plus) pour avoir facilité le transfert".

Les T–72 arrivent finalement au Soudan sud, mais il s’agit déjà de la seconde livraison. Ces transferts vont-ils se poursuivre ?

UNE SÉRIE D’IMAGES SATELLITE COMME PREUVE

Les diplomates américains tentent de l’empêcher en frappant à la source, en Ukraine. Ils en parlent avec des responsables ukrainiens à Kiev, commençant par signaler que selon leurs informations, les chars T-72 "avaient été achetés par le ministère de la défense kényan pour le compte du Soudan sud".

Un responsable des exportations de matériel militaire ukrainien insiste : la cargaison est bien "destinée au Kenya". "L’Ukraine n’a pas expédié de matériel militaire au Soudan sud". Le diplomate américain soumet alors au responsable ukrainien une copie du contrat qui prouve que les chars sont destinés au Soudan sud. Son interlocuteur ne cille pas et "exprime ses doutes quant à l’authenticité du texte". Il demande "si les Etats-Unis ont des preuves plus solides de leurs allégations".

Le diplomate américain, en signifiant son "regret d’en arriver là" produit alors une série d’images satellite montrant "les T-72 déchargés au Kenya, transférés par train à l’intérieur du pays et arrivant finalement au Soudan sud". Note du diplomate américain, appréciant visiblement son effet : "Cela produit une forte commotion côté ukrainien."

Poussant son avantage, le diplomate lance une "mise en garde" en faisant remarquer que "ces mensonges ne sont pas ce que les Etats-Unis attendaient d’un partenaire stratégique", mais aussi que "l’Ukraine n’avait rien à gagner en mentant ainsi, et tout à perdre". Réponse : "L’Ukraine va étudier cette situation à la lumière d’une relation entre partenaires, de telle manière que les USA sauront à quel point l’Ukraine est un partenaire fiable.

__________________________ 1 – Bruxelles 2

La réponse française à la piraterie. Seaphora : l’anti-Blackwater

Nicolas Gros-Verheyde

L’idée est née après la signature par neuf pays africains du code de conduite de Djibouti. Dans ce document, signé en janvier 2009, les pays exprimaient le souhait d’être aidés sur différents points : formation de gardes-côtes, acquisition de patrouilleurs et de radars, ouverture de centres d’information à Sana’a, à Dar es Salam et à Mombasa.

Et elle s’est concrétisée lors d’un déplacement à Djibouti, en juillet 2010, autour d’une question : « Comment répondre à la piraterie, non seulement en matière de sécurité immédiate, mais sur le long terme, en ayant une réponse globale, qui s’attaque aux causes ? » explique Christian Ménard, un de ses promoteurs et rapporteur du projet de loi sur la piraterie. « Pourquoi la France ne pourrait pas présenter un projet propre, quitte à le compléter par la suite grâce à l’apport d’autres pays européens » . Par exemple, en prévoyant un développement économique au niveau de la pêche, en (ré)installant une conserverie au Puntland, bâtir un tribunal… « Les Français et les Européens se sont engagés de façon importante dans la lutte anti-piraterie avec l’opération Eunavfor Atalanta. Pourquoi ce seraient les Américains ou les Sud Africains (NB : ou les Britanniques) qui vont rafler ensuite les marchés. »

Les principaux groupes français – DCNS, Thalès, EADS, V-Navy, Altran, etc. – ont dit « oui » assez rapidement. Un consortium, dénommé Seaphora a été constitué pour mettre sur pied un projet commun, et vise l’organisation d’une conférence interrégionale, à Djibouti par exemple. Un projet, suivi de près à l’Elysée, et qui a fait l’objet de discussions en aparté, entre le président de la république et les industriels dans l’avion qui amenait Nicolas Sarkozy en Inde .