28/12/10 (B584) Nouvelles de Somalie – Le jeu trouble de l’Ouganda en Somalie – La menace des islamistes somaliens « toujours grande » – La Chine offre quatre millions de dollars à la mission de l’UA en Somalie – le mouvement Hezb al-Islam rejoint les insurgés shebab (4 articles)

_______________________ 4 – Ouest-France

Le jeu trouble de l’Ouganda en Somalie

Le Conseil de sécurité de l’Onu a donné son accord à une nette augmentation de la force de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom), où le gouvernement combat les rebelles islamistes. L’Amisom, constituée de soldats ougandais et burundais et qui tient son mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, passera de 8 000 à 12 000 soldats. Kampala fournira l’intégralité des renforts.

Les diplomates du Conseil de sécurité estiment que ces renforts devraient permettre à l’Amisom de reprendre aux miliciens d’Al Chabaab le contrôle de Mogadiscio. Les Occidentaux considèrent la Somalie comme un terreau de l’islamisme en Afrique de l’Est.

Décryptage : le jeu étrange de Kampala

Les troupes de l’Amisom sont payées, par la communauté internationale, 750 dollars par mois. Le gouvernement du Burundi en prélève 100 (pour couvrir ses propres frais) et restitue le reste au soldat. En Ouganda, le gouvernement prélève le tiers de la solde : 250 dollars ! A multiplier par 5 200 (et bientôt 9 200) : 1,3 million de dollars (et bientôt 2,3 millions)!

L’Ouganda a aussi droit à un traitement de faveur puisqu’il a déjà reçu 28 millions de dollars en compensation de l’engagement d’équipements lourds (transports blindés etc.), alors que le Burundi aurait touché pour l’instant moins de 200 000 $. Au final, Kampala fait de très bonnes affaires en Somalie.

L’Ouganda s’intéresse de plus en plus à la Somalie. Il est vrai que le pays est devenu une cible des miliciens Al Chabaab et que Kampala a été la cible d’attentats (la police du Kenya a arrêté mercredi deux Somaliens qui tentaient de passer en Ouganda pour y commettre des attentats). Mais, comment expliquer l’implication ougandaise dans la création des garde-côtes du Puntland ?

L’info date de quelques semaines mais elle a été recoupée par de nombreuses sources et confirmée par deux des acteurs : le diplomate US Pierre Prosper et l’ancien de la CIA Michael Shanklin. Un mystérieux pays financerait la création et l’équipement d’une force anti-pirates au Puntland. Saracen International, une société privée, serait impliquée. Saracen est liée au général Caleb Akandwanaho (alias Salim Saleh), frère cadet et conseiller du président ougandais Museveni. De là à se laisser convaincre que l’Ouganda est derrière ce projet…

Autre projet où Saracen et les Ougandais sont impliqués: la création d’une unité d’élite pour le TRG (le gouvernement transitoire) somalien).

L’Ouganda, en puissance régionale ? Pourquoi pas, puisque l’Éthiopie traîne les pieds et ne montre guère d’enthousiasme à retourner en Somalie.

Affaire à suivre

.________________________ 3 – Angola Press

La menace des islamistes somaliens "toujours grande"

La menace des islamistes somaliens "est toujours très grande" au Burundi, où plusieurs tentatives d’attentats ont été récemment déjouées, selon le ministre burundais de la Sécurité, qui a appelé les Burundais à "la vigilance".

"La menace est toujours grande, elle a été proférée à plusieurs reprises", alors que les shebab et leurs sympathisants "circulent activement" dans toute la région, s’est inquiété le général Bunyoni.

"Nous appelons la population à être vigilante et à signaler tous les étrangers suspects et toute situation anormale", a-t-il poursuivi. "Nous avons déjà déjoué plusieurs tentatives sérieuses et plusieurs arrestations de suspects ont été opérées, dont certains étaient recherchés pour leur participation dans ce type de forfaits", a annoncé le ministre, qui n’a pas donné d’autres précisions.

Ces suspects ont été livrés au Kenya et à l’Ouganda, a-t-il ajouté sans donner davantage de précisions. Le Burundi a envoyé fin novembre un bataillon supplémentaire en Somalie, portant à quelque 3.500 le contingent burundais au sein de l’Amisom déployée à Mogadiscio et qui compte désormais plus de 8.000 hommes, le reste de la troupe étant étant composé de soldats ougandais.

Plus d’une trentaine de soldats burundais ont été tués en Somalie depuis 2007. Les insurgés islamistes shebab ont menacé à plusieurs reprises le Burundi de représailles, notamment dans la foulée d’un double attentat revendiqué par les shebab et qui a fait 76 tués à Kampala le 11 juillet.

________________________ 2 – Chine informations

La Chine offre quatre millions de dollars à la mission de l’UA en Somalie

La commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine (UA) Ramatane Lamamra et l’ambassadeur de Chine en Ethiopie Gu Xiaojie ont signé vendredi à Addis Abeba un accord sur la fourniture d’une aide à la Mission de l’UA en Somalie (Amisom).

L’aide chinoise d’un montant de plus de 4 millions de dollars, sera utilisée pour fournir d’équipements à l’Amisom.

La signature de l’accord s’inscrit dans le cadre de la résolution 1964 du Conseil de sécurité de l’ONU qui demande au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon de continuer à fournir de soutien logistique à l ‘Amisom, pour un effectif maximum de 12.000 soldats, comme exige la résolution 1863.

La résolution 1964 demande à tous les Etats membres de l’ONU et aux organisations internationales et régionales de fournir de soutiens directs à l’Amisom.

En offrant une aide généreuse à l’Amisom, la Chine répond à l’appel du Conseil de sécurité de l’ONU et à l’appel du Conseil de paix et de sécurité de l’UA pour soutenir les efforts en cours en Somalie, a dit l’organisation panafricaine dans un communiqué.

L’ambassadeur chinois en Ethiopie a réaffirmé l’engagement de la Chine à renforcer sa coopération avec l’UA dans la domaine de la paix et de la sécurité et à soutenir tous les efforts à cet égard. Il a salué les efforts et la détermination de l’UA pour promouvoir la paix , la sécurité et la réconciliation en Somalie.

"La Chine a accordé, au fil des années, de multiforme aide à l’UA et aux pays africains pour soutenir leurs efforts visant à relever les défis auxquels fait face le continent. le don d’aujourd’hui est un témoignage supplémentaire de l’engagement de la Chine et de sa détermination à contribuer à la promotion de la paix et de la sécurité sur le continent", a dit le commissaire de l’UA.

_______________________________ 1 – La Croix avec AFP

Somalie: le mouvement Hezb al-Islam rejoint les insurgés shebab

Le mouvement islamiste somalien Hezb al-Islam a officiellement intégré les rangs des shebab, au nom de "l’unité" du jihad et pour fonder un "califat" islamique en Somalie, selon un communiqué publié par les deux groupes.

"Vos frères du Hezb al-Islam annoncent qu’ils rejoignent les moujahidine shebab. Cette année est celle de l’unité", indique ce communiqué commun, rendu public jeudi après-midi au cours d’une cérémonie officielle dans une mosquée de Mogadiscio.

Les objectifs de cette fusion sont notamment "la création d’un califat islamique sur les traces de notre saint prophète (…), la poursuite du jihad (guerre sainte), la lutte contre les croisés chrétiens, et le soutien aux musulmans opprimés dans le monde", selon le texte.

Mouvement politique, le Hezb al-Islam avait été fondé en 2007 par cheikh Hassan Dahir Aweys. Celui-ci n’était pas présent à la cérémonie de jeudi, à laquelle assistait seulement pour les shebab leur porte-parole Sheikh Ali Dere Mohamud Raghe.

Au terme de plus d’un an d’intenses rivalités et affrontements armés, qui ont vu les shebab prendre peu à peu le dessus sur le Hezb al-Islam, les deux mouvements avaient annoncé dimanche dernier leur intention de fusionner.

Après s’être emparés il y a un an du port de Kismayo (sud), les shebab avaient pris par la force début décembre au Hezb al-Islam la ville de Burhakaba, localité stratégique à 180 km au sud de Mogadiscio qui contrôle l’accès à tout le sud du pays.

Les shebab avaient également resserré leur étau autour du corridor d’Afgoye, dernier bastion du Hezb al-Islam en périphérie nord-ouest de la capitale. Les combattants du Hezb al-Islam ont rejoint en nombre cette dernière semaine les rangs des shebab.

Les shebabs contrôlent le centre-sud de la Somalie et la majorité de Mogadiscio, ne laissant que quelques quartiers de la capitale sous le contrôle du fragile gouvernement de transition (TFG) soutenu à bout de bras par environ 8.000 soldats d’une force de l’Union africaine (Amisom).