02/01/11 (B585) Radio-Chine avec XINHUA / Infrastructures : besoin de 80 à 90 milliards USD de financement par an pour l’Afrique, selon la CEA.

Continent assez faiblement doté comparativement aux autres régions du monde, l’Afrique nécessite entre 80 et 90 milliards USD de financement par an d’ici à 2015 pour le développement des infrastructures, estime le rapport 2010 de l’« Etat de l’intégration régionale en Afrique » de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).

Selon ce document publié fin décembre par le bureau sous- régional de la CEA pour l’Afrique centrale à Yaoundé et dont Xinhua a obtenu copie, « il est largement reconnu que l’infrastructure en Afrique est déficiente et médiocre ». Ainsi, indique-t-il, les 65% de la population ont accès à une eau potable et à l’assainissement, contre 80 à 90% pour les autres régions.

Pour l’accès à l’électricité, le taux est de 30% de la population. Pourtant, « l’Afrique qui compte 13% de la population mondiale, ne consomme que 3% de l’énergie commerciale mondiale bien qu’elle ait une part de 7% dans la production mondiale de l’énergie ». Le taux de pénétration des télécommunications est d’environ 3% et celui d’accès routier de 34%.

Pour ce qui concerne particulièrement le secteur routier, la longueur totale des réseaux classés est estimée à environ 2,3 millions de km dont 20% seulement sont bitumés, le reste étant des routes en gravier et en terre. La densité moyenne est en moyenne de 7,6 km par 100 km2, soit 2,6 km par 10.000 habitants.

Défini dès les années 70 pour fournir des liaisons directes entre toutes les capitales africaines et les principales zones de production économique en vue de promouvoir l’intégration des populations et des économies africaines, le réseau des routes transafricaines comporte 9 itinéraires dont 6 routes essentiellement Est-Ouest et 3 routes essentiellement Nord-Sud.

« Un corridor est-ouest supplémentaire est actuellement à l’étude pour relier Djibouti à Libreville. De plus, les deux routes Nord-Sud, Tripoli-Windhoek et Le Caire-Gaborone, ont été prolongées jusqu’au Cap pour réintégrer l’Afrique du Sud dans le réseau continental », indique le rapport de la CEA spécifiquement consacré au développement du commerce intra-africain.

Ce prolongement, précise l’institution onusienne, porte la longueur totale de 54.100 km du réseau à 57.300 km. Par région du continent, 13.292 km du réseau sont situés en Afrique du Nord, 9. 932 km en Afrique de l’Est, 7.988 km en Afrique australe (non compris le prolongement jusqu’au Cap), 11.246 km en Afrique centrale et 11.662 km en Afrique de l’Ouest.

S’agissant des 9 itinéraires inter-capitales, la longueur totale est de 8.636 km pour Le Caire-Dakar, 4.504 km pour Alger- Lagos, 10.808 km pour Tripoli-Windhoek-Le Cap, 10.228 km pour Le Caire-Gaborone-Le Cap, 4.496 km pour Dakar-N’Djamena (baptisé Trans-Sahel Highway), 4.219 km pour N’Djamena-Djibouti, 4.560 km pour Dakar-Lagos (Trans-West Africa Coastal Highway), 6.259 km pour Lagos-Mombassa et 3.523 km pour Beira-Lobito.

En matière de réseau ferroviaire, l’Afrique compte une longueur totale de 89.000 km pour une superficie d’environ 29,6 millions de km2, soit une densité de 2,5 km/1.000 km2, souligne en outre la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.

Seulement 6.500 km de voies ferrées sont électrifiés (Egypte, Algérie et Maroc en Afrique du Nord, et Afrique du Sud et Zimbabwe au Sud), le reste utilise des locomotives à moteur diesel. La plupart des rails utilisés sont réputés vétustes et légers, la capacité de charge à l’essieu étant de 25-36 kg/m et ils sont jugés posés sans être soudés.

En juillet 2009, les chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) ont adopté un programme de nouveaux projets pour l’interconnexion des réseaux de chemins de fer africains concernant le corridor (rail et route) Djibouti-Libreville, le prolongement de la ligne Dar es- Salaam-Isaka-Kigali-Bujumbura. Une initiative de la Tanzanie, du Rwanda et du Burundi, ce projet s’étend sur 691 km et est estimé à 4 milliards USD, fournis par la Banque africaine de développement (BAD).

Une interconnexion Ouganda-Rwanda-République démocratique du Congo (RDC)-Soudan est aussi annoncée. En Afrique de l’Ouest, le projet Africarail devrait relier le Bénin, le Togo, le Burkina Faso, le Niger, avec un prolongement au Tchad en Afrique centrale. Financé par la Communauté économique et douanière des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il porte sur 1.070 km.

En Libye, il est prévu la construction de 2.000 km de lignes parallèles à la Méditerranée entre Ras Ejder et la frontière tunisienne, 1.000 km de Syrte à Messap vers la frontière égyptienne, 170 km de Syrte à Sebha vers Tarot.

Ce projet inclut aussi un prolongement jusqu’au Tchad à travers le Niger, afin d’ établir un corridor de transit Nord-Sud connectant Sebha à N’Djamena.

Dans le domaine de l’énergie, le continent est bien doté en ressources suffisantes (hydroélectricité, charbon, gaz, pétrole, uranium, énergies nouvelles et renouvelables) pour répondre à ses besoins, estime la CEA.

Mais paradoxalement, le commerce intra- africain de pétrole et de gaz reste limité. Des gazoducs et oléoducs sont en cours de construction pour remédier à cette carence.

Parmi eux, le West African Pipeline (WAGP), gazoduc de 678 km, est destiné à alimenter le Bénin, le Togo et le Ghana en gaz naturel à partir du Nigeria. Le Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP), gazoduc transsaharien de 4.128 km, vise pour sa part à exporter du gaz naturel sec du Nigeria vers l’Europe via le Niger et l’Algérie.

Le Tanzanie-Zambie (TAZAMA), oléoduc de 1.710 km entré en service en 1980, alimente la raffinerie de pétrole Indeni, à Ndola, à partir du port de Dar es-Salaam. Le Kenya-Ouganda Oil Pipeline, d’une distance de 352 km, prolonge celui qui relie Mombassa à Eldoret au Kenya.

Le gazoduc Mozambique-Afrique du Sud fait partie du corridor de développement de Maputo, entré en service dans les années 90. De son côté, le gazoduc Tunisie-Libye set à exporter du gaz vers l’Europe.

Pour l’électricité, il est fait état d’une faible capacité de production. En 2005, la capacité totale installée dans 48 pays d’Afrique subsaharienne était de 68 gigawatts (GW) dont 40 GW pour la seule Afrique du Sud. 33 de ces pays produisent moins de 500 MW et 11 d’entre eux moins de 100 MW.