31/01/11 (B589) Courrier des lecteurs. Un internaute nous adresse un message (signé) pour présenter la lettre qu’il a envoyée à I-TV, que nous publions ci-après et qui est restée sans réponse.

____________________________ 1 – Message

Bonjour à l’équipe d’Ardhd,

Je tiens à porter à la connaissance de tous ceux et celles qui rejettent en bloc ce régime tribal avoir écrit à la chaine d’information en boucle I-télé, du groupe Canal-plus.

Ce texte, je l’ai écrit avec le cœur, un cri d’alarme pour attirer le regard du monde entier sur le drame djiboutien. Ce drame est le même que celui que vive les Tunisiens, les Égyptiens et beaucoup des pays africains.

A ce jour, je n’ai eu aucune réponse de leur part. Cela est inquiétant, à la fois pour la démocratie et pour la liberté des peuples africains.

Les Djiboutiens n’ont-t-ils pas droit de cité auprès des médias occidentaux au même titre que les peuples de la Tunisie et de l’Egypte? Il est vrai que notre pays n’est pas aussi médiatisé sur la scène internationale, entres autre pour le tourisme, que ces pays, mais ne sommes-nous pas des êtres humains comme eux qui aspirent à une vie meilleure, à la liberté, à la démocratie ? Y’a t-il deux poids, deux mesures dans le traitement de l’information ?

J’espère que I-télé et les médias occidentaux entendra l’appel des djiboutiens en faveur de la démocratie parce qu’au-delà du combat pour la démocratie à laquelle aspire les peuples du monde entier, c’est aussi l’image des médias français et la dignité du gouvernement français qui est en jeu en ce moment crucial de notre histoire.

Cordialement,

Yanna Culba
du forum Arhotabba !

___________________________ 2 – Lettre à I-Télé

Lettre d’un ressortissant djiboutien à I-télé !

À communication.itele@canal-plus.com

Madame, Monsieur,

Je suis juriste en droit social d’origine djiboutienne. Je suis l’actualité sur votre chaine, matin, midi et soir. C’est vous dire si I-télé est devenue ma principale source d’information.

Ces derniers temps, l’Afrique connait une véritable révolution, de la révolution du jasmin à la révolution égyptienne, en passant par celles qui se couvent dans tous le Moyen-Orient, les peuples africains sont entrain de prendre leur destin en main.

Si je vous écris ce mail, c’est parce que votre chaine est devenue aussi la « chaine de la révolution ». Pour beaucoup des gens, I-télé est associée à cette image de la révolution, à la renaissance africaine.

La république de Djibouti est un pays africain, membre à part entière de la ligue arabe. C’est un pays qui intéresse la France à la fois pour sa position stratégique car située à l’entrée du détroit de Bab-el-mandeb, à l’embouchure de la mer rouge, mais aussi pour son histoire coloniale, la France étant l’ancienne puissance coloniale à Djibouti.

La situation à Djibouti aujourd’hui ressemble en tous points à ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, au Yémen (pays voisin), en Jordanie etc. Tous les ingrédients explosifs sont là pour engendrer une nouvelle révolution à Djibouti, que beaucoup des djiboutiens qualifient de Khamsin, du nom de ce vent de sable chaud qui souffle sur Djibouti.

Nous voulons que I-Télé, chaine libre dans son éditorial, accompagne les Djiboutiens à vivre leur révolution du Khamsin, comme elle a accompagné les Tunisiens, les Egyptiens à réaliser les leurs.

Le Vendredi 28 janvier 2011, plus de 20.000 personnes ont manifesté dans la rue sans qu’aucun média international n’a relayé cette information. La seule chaine nationale qui existe, la RTD, complètement subordonnée au pouvoir dictatorial, n’a accordé que 10 secondes à cette manifestation historique. Depuis 34 ans de dictature, c’est la seule fois où les djiboutiens indignés et scandalisés par le siphonage du budget de l’état et le tribalisme « institutionnalisé » par le régime en place, ont bravé la chaleur et les intimidations de la police en criant « IOG DEGAGE », IOG étant l’acronyme du nom du dictateur Ismael Omar Guelleh.

IOG vient de réviser la constitution pour ouvrir la voie à la présidence à vie.

IOG dirige le pays comme une entreprise familiale. Les communautés internationales sont pourtant présentes à Djibouti : France, USA, Japon, Espagne, Allemagne. Mais, ces derniers ferment les yeux sur les exactions commises par le régime contre toute contestation au nom de leurs intérêts suprêmes, la France pour la position géostratégique du pays et sa base militaire, les américains au nom du terrorisme « islamique », le Japon au nom de la lutte contre la piraterie en Somalie voisine.

Le peuple djiboutien est pris entre le marteau et l’enclume, paie lourd pour ces enjeux géostratégiques en termes de vie humaine, économique et sociale. La démocratie est sacrifiée au nom de la stabilité politique, et au nom de la lutte contre le terrorisme qui n’existe que dans les pays voisins.

Qui se souci de l’intérêt du peuple djiboutien dans tout ca ?

Le peuple djiboutien aspire fortement à la démocratie, à vivre dans la paix. Nos petits enfants ont les mêmes rêves que les petits enfants français : aller à l’école, espérer un avenir radieux, manger à leur faim, jouer etc. Nos enfants à l’heure actuelle souffrent de la malnutrition, l’insécurité, la déscolarisation.

C’est pourquoi, je vous prie, Madame, Monsieur, de m’inviter à votre émission, pour que je puisse porter la voix de sans-voix, la voix de ceux et celles qui ne peuvent s’indigner de leur sort dans leur propre pays.

Vous avez donné cette voix aux représentants du peuple tunisien et égyptien. Je vous prie de me la donner, au nom des principes et valeurs moraux qui guident votre chaine.

Je suis le porte parole de ces hommes et femmes qui croupissent dans la misère dans les quartiers populaires, dans les bidonvilles de Balbala et d’Arhiba (noms des quartiers populaires). Il est de mon devoir de dénoncer les dérives dangereuses de ce régime. S’il-vous-plaît, accéder à ma demande et c’est tout un peuple que vous libérerez de ce joug implacable.

Je vous remercie infiniment pour l’attention que vous porterez à ma demande d’invitation et vous souhaite plein de succès dans votre ligne éditoriale.

Je vous prie, Madame, Monsieur, de recevoir mes salutations les plus chaleureuses.