02/02/11 (B589) Les chroniques du Sergent Ariko. Le neuvième anniversaire de la Garde républicaine a été bien morose ..

________________________ Préalable
Le Sergent Chef Ariko nous a prié d’adresser, en son nom, ses excuses aux lectrices et lecteurs de l’ARDHD, car il avait été dans l’incapacité de poursuivre ses chroniques pendant plusieurs semaines.
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La garde républicaine a fêté son neuvième anniversaire le matin à 8h 30 au camp Omar Aline.

Une cérémonie bien morose, marquée par le contexte et la rivalité des chefs.

Je tiens, en premier lieu, à adresser à tous les officiers, sous officiers, hommes de rangs et les personnes civils de la Garde républicaine une heureuse fête et une très bonne année 2011.

Comme on s’y attendait de nombreux dérapages ont été au rendez vous. La cérémonie devait être présidée par le commandant Houssein Hassan Farah.

Mais à la dernière minute, la dernière dame de Djibouti, la tigresse Kadra Haid, a réussi un nouveau tour de passe-passe : c’est le commandant Ibrahim Abdi Farah dit Coca qui a présenté les troupes au berger Mohamed Djama Doualeh .

Le colonel est arrivé à 7h00 du matin pour assurer l’inspection des troupes, y compris des jeunes qui ont été recrutés pour assurer la mise en scène de la campagne chaotique du candidat malheureux rejeté par le peuple.

Selon les infos dont je dispose, le colonel aurait demandé où était passé le commandant Houssein Hassan ? Le commandant Coca a simplement désigné un officier qui se tenait à côté des hommes qui portaient le drapeau de la Garde républicaine. Le colonel Mohamed a immédiatement compris le piège et il n a même pas prononcé un seul mot.

Il a commencé à passer les troupes en revue. Elles étaient composées de l’escadron du Groupement 1 commandé par l’adjudant-chef Aden Abdi (ex-garde du corps d’Hassan Gouled), suivi de l’Escadron spécialisé commandé par l’adjudant-chef Ibrahim Hamadou, puis de l’escadron « motard », commandé par le chef Sougueh. Venaient ensuite l’escadron de la brigade « sinophile » commandé par le sous-lieutenant Ahmed Hachi (ex patron des motards de la Garde républicaine, relevé de son poste par le commandant Coca), l’escadron de la sécurité rapproch » du dictateur, commandé par le lieutenant Ismail Ibrahim (ex garde du corps de Hassan Gouled) et enfin les nouvelles recrues commandées par le lieutenant Abdourahman Saïd.

Pendant leur formation, ils sont logés au camp Ali Houne d’Ali Sabieh et on leur inculque les méthodes pour tuer le plus de gens possible à Djibouti. Parmi les invités, on remarquait des anciens membres de la Garde républicaine.

Mais la plupart avaient choisi de bouder la cérémonie comme l’a fait l’adjudant-chef Hadji Yonis Harreh, Ahmed Hareh, le commandant Birrir qui avait été expulsé par le berger Mohamed Djama, le capitaine Farah Robleh, le sous lieutenant Meraneh, l’adjudant Abdourahman Awaleh, le sergent-chef Okieh, l’adjudant-chef Ali Bendira, le sergent Kenedid Farah, le lieutenant Osman Farah dit « Djadabiyeh ou le casseur en langue somali », le colonel Hassan Osman, le capitaine Mohamed Salalasseh, le colonel Abdo Abdi Dembil fondateur de ce corps, ainsi que plusieurs ministres du gouvernement d’Ismail Omar visiblement fâchés avec la Garde républicaine qui a très mal agi avec eux.

Quelques députés ont fait le pari de ne pas honorer l’invitation du corps.

Rien de nouveau !

Le commandant en chef de l’institution à répété le même discours que celui qu’il avait prononcé en 2010 !.

Pas un mot sur la mort du sergent Hassan Ano, chauffeur de la première dame de Djibouti.

Pas un mot sur le détournement de l’argent avec lequel le « bon » colonel berger a pu se faire construire une superbe maison derrière la base.

Pas un mot sur la tribalisation galopante qui ronge à petits feux l’institution à telle enseigne qu’elle a perdu ses valeurs et ses réserves depuis que le grand argentier et sponsor, un certain Abdourahman Borreh s’est enfui de Djibouti pour échapper à la descente en enfer qui lui avait été soigneusement préparée.

Pas un mot sur l’enlèvement en pleine nuit de 4 Djiboutiens. Exploit réalisé par l’unité du commandant Ibrahim Abdi Farah dit Coca. C’est le fameux escadron spécialisé qui travaille maintenant avec le SDS. On n’a plus jamais eu de nouvelles de ces quatre personnes : disparition ?

Pas un mot sur la mort de deux Djiboutiens froidement abattus alors qu’ils s’étaient enivrés. Ce sont les hommes de l’unité du groupement 1 (qui sont responsables de la sécurité de la maison du couple royale) qui les ont liquidés, puis enterrés afin que l’on ne retrouve jamais leurs corps.

Selon la version des soldats, ces deux jeunes hommes s’étaient trop approchés de la maison du prince et de la princesse. Pour cet acte héroique, les deux soldats de première classe ont été promus au grade supérieur ce matin avec témoignage de félicitations pour avoir tué dans l’œuf deux dangereux Djiboutiens. (Probablement des terroristes en herbe, pourquoi pas ?)

La fin de Mohamed Dajma, le Colonel Berger ?

C’est dans ce contexte de crise que l’institution a fêté son 9ème anniversaire. Le colonel Mohamed Djama n’a plus le moral depuis, que sur les conseils d’Hachi Abdillahi Orah, le président l’a lâché au profit d’autres hommes de confiances.

Le colonel Mohamed Djama a payé cher les propos qu’il avait tenu lorsqu’il était allé voir le président en lui disant que s’il épousait une femme Issa, les Issas oublieraient ses histoires conjugales avec cette folle qui lui colle au train.

Le président avait fini par se ranger à l’avis du Berger, mais sur conseil d’Hachi, il avait reculé.

Hachi n’avait pas oublié de lui rappeler que le président du Congo feu Laurent Désiré Kabila avait été tué par son aide de camp et que Mohamed Djama n’était pas un homme à qui l’on pouvait donner toute sa confiance.

Depuis ce jour, le colonel berger Mohamed Djama a été écarté de la sécurité rapprochée du président et il a été mis dans « un placard ». Mohamed Djama n’a jamais tenté de masquer sa haine contre Hachi Abdillahi Orah qui l’a écarté de sa belle ascencion sociale avec la complicité de la dernière dame de Djibouti la tigresse Kadra. De son côté IOG a très mal vécu cette période.

Pour lui écarter un homme qui a tué de sang-froid des pauvres invalides de guerre en juin 2002 n’était pas une décision facile. Il devait admettre que le colonel berger avait réagi trop vivement en jetant à la face de Paulette qu’elle devrait dorénavant se tenir loin de lui parce que sinon il risquait de l’abattre de sang froid.

Immédiatement informé de ces paroles, le Président l’avait relevé de ses obligations. Il avait convoqué le conseil du Tolka (de la tribu à Haramous) pour que les sages Mamassan BaFourlaba prononcent des sanctions à l’encontre de Mohamed Djama qui avait osé menacer la dernière dame de Djibouti.

Car IOG sait très bien que Mohamed Djama n’est pas un homme à lancer des paroles en l’air. Il sait qu’il est capable, à tout moment, de mettre ses menaces à exécution. Même sa femme Mariam a peur de lui tellement il peut être dangereux.

Les sages auraient proposé que Mohamed Djama abandonne toutes les affaires touchant à la sécurité au profit du capitaine Mohamed Bidare et du lieutenant Ismail Ibrahim Barreh. C’était reléguer Mohamed Djama aux calendes grecques. Le colonel berger qui n’avait pas été convié à la réunion pour se défendre, n’a pas été surpris par le verdict des sages Bafourlaba.

Il sait que ces vieux tremblent devant le gros porc, qui n’a jamais prêté la moindre attention à leurs doléances.

Depuis ce jour la Mohamed broie du noir. Il ne commande plus rien du tout. Il est devenu un fantôme qui n’endosse l’uniforme que pour dire qu’il est la mais qui est cliniquement mort. Ses frasques ont cessé et ses dames de cœurs l’ont quitté l’une à la suite de l’autre.

C’est un Mohamed Djama rejeté dans l’oubli que les Djiboutiens ont vu à la télé ânonnant péniblement son discours, parce qu’il avait trop brouté la veille.
D’un autre côté une tribalisation gagne le corps de la garde républicaine.

La première dame avance à couvert. Elle aurait fait nommer par un décret qui n’est pas encore officiel le colonel Mohamed Ali Absieh comme nouveau commandant de ce corps. Cela devrait intervenir aussitôt après les élections.

Cela Mohamed Djama le sait mieux que quiconque.

D’ores et déjà, le commandant Ibrahim Abdi Farah dit Coca commence à prendre des décisions sans même consulter son commandant en chef. Il sait que l’avenir va être beaucoup plus rose pour lui si son cousin « tribal » Mohamed Ali Absieh prend la tête de l institution. La dernière frasque de Coca a été de remettre le Grade de Lieutenant au garde du corps de la première dame, le sergent-chef Ahmed God dit Ahmed 13. Eh Oui, Ahmed 13 est devenu lieutenant de la garde républicaine.

Vert de rage Mohamed Djama a fait annuler le décret et il a convoqué à l’Etat-major de la Garde républicaine, le commandant coca. Celui-ci s’est borné à lui dire, qu’il n’avait plus d’ordre à recevoir de lui et que c’était une décision de la première dame de Djibouti.

Le colonel Mohamed Djama a vu le piège se refermer sur lui. Il sait qu’il ne peut pas envoyer le commandant Coca à la retraite comme il l’avait fait avec les anciens gardes du corps d’Hassan Gouled.

Coca est le protégé de la première dame !

La visite du président à l’académie militaire a causé une autre humiliation au colonel berger qui ne bénéficie plus de l’estime du chef suprême des Armées. A la demande de sa femme, IOG s’est déplacé à l’académie militaire interarmes d’Arta, préférant déléguer son premier ministre pantin pour patronner la fête de sa garde personnelle « dite républicaine ».

On voit sur cette photo le dictateur, visiblement mal à l’aise, couper le cordon d’une porte de la chambre des troupes. Le petit IOG sait que ces élections ne seront pas de tout repos et cela l’agace. Pour cela il a demandé à ce que les effectifs de la garde républicaine soient renforcés rapidement. Actuellement 600 hommes la composent.

Pratiquement tous sont issus de l’ethnie Mamassan, à l’exclusion de ceux du clan de l’ex-commandant Iftin qui en sont exclus. En révélant de nombreux détails de l’assassinat du juge Borrel, Iftin a mis le dictateur dans une situation difficile.

Par mesure de rétorsion, les membres de ce clan spécifique, bien que Mamassan, ont été jugés comme peu fiables. Les autres recrues sont scrutées à la loupe. 250 jeunes supplémentaires ont été sélectionnés sur des bases tribales et non de diplômes.

On a fait appel aussi à d’autres officiers « assassins » qui ont juste changé d’uniforme pour endosser celui de la Garde républicaine.

Les jeunes ont déjà terminé leur formation à Holl-Holl et ils sont actuellement au camp d’aguerrissement militaire à Ali Sabieh pour un séjour de 9 mois. A l’académie militaire d’Arta la Garde républicaine est représenté par le sous lieutenant Mohamed Bourhan Ali Warki ex-garde du corps du dictateur, mais en disgrâce.

Il a fallu l’intervention personnelle du ministre des affaires étrangères, Mohamed Ali Youssouf, pour que ce jeune puisse réintégrer la Garde républicaine dont il avait été éjecté.

Le colonel Mohamed Djama sait que l’heure de son déclin est proche et il ne sait plus où aller. Le dictateur peut passer en force et le mettre à la retraite ou le renvoyer à son corps d’origine : la police nationale.

Juste retour des choses ?

Med Djama avait agi ainsi avec le capitaine Awaleh Ali Ouffaneh pour l’éjecter du corps sans raison valable. Son tour est venu, il va disparaître comme ceux qu’il avait fait disparaître avant.

Le régime sait que les heures à venir peuvent lui être fatales. Les régimes les plus durs ne peuvent plus tenir, face aux populations qui sortent pour demander la démission de leur président.

Ismail Omar est fatigué et il est mort de peur. Il est allé en Éthiopie. Au moins là-bas le peuple ne lui jette pas sa haine en pleine figure. A l’heure ou la rue s’est réveillée et que les régimes les plus durs commencent à vaciller et probablement à tomber, Ismail Omar se rapproche de l’Islam pour cacher ses faiblesses et son désarroi.

Les leaders issas ont prévenu que la recréation était finie et qu’il devait laisser la place à quelqu’un d’autre. A Djibouti, les frustrations ont atteint un point tel, que l’on peut parler de non-retour. Le régime tremble de peur.

Censure sur les événements populaires en Egypte et dans les autres pays
le régime a donné l’ordre au petit directeur de la RTD de ne diffuser aucune image de la colère de la rue dans les pays qui étaient amis avec le dictateur Ismail Omar.

La chasse contre les Ogaden

La semaine dernière, il a passé un accord secret avec le maître d’Addis Abeba, Meles Zenawi, pour que ses services secrets pourchassent, sur le territoire djiboutien, les opposants éthiopiens : la fameuse piste Ogaden.

Rixe en plein Conseil des ministres

Ses ministres s’entretuent à petits feux pour des histoires de jupon. Le premier ministre s’est battu avec le ministre de la santé Abdallah Abdillahi Miguil. Les Djiboutiens ne savent pas pourquoi ces deux responsables se sont battus dans la salle du conseil des ministres.

On sait seulement que le ministre de la Santé sort avec l’ex-femme du premier ministre et qu’elle perçoit un salaire de ce ministère, sans ne jamais se présenter au bureau. L ex-femme du premier ministre aurait dévoilé les particularités du plaisir sexuel du premier ministre et ses manies de coucher à droite et à gauche.

Le ministre de la Santé qui a insulté le premier ministre aurait fait état en publique de ses préférences sexuelles, de ses penchants pour, disons, un certain masochisme et le nom de certaines dames parfois mariées qui lui donnent satisfaction.

Ainsi, certains ministres auraient découvert que leurs femmes auraient pu avoir couché avec le premier ministre… qui a piqué une colère et qui lui aurait renvoyé en public, le nom de certaines femmes ou filles que le Ministre la Santé avait séduite, en particulier des mineures, élèves au Lycée et filles de directeurs .. Bref, ce n’est plus de la politique, mais du vaudeville.

Cela expliquerait que ces échanges se soient terminés par une bagarre qui a fait quelques blesses légers dont la ministre de la femme Nema Bourhan Houssein qui a reçu une chaise « volante » sur le coude et le ministre de la défense qui a reçu un coup de poing « perdu. Pour cause de fête tardive la veille, ce dernier dormait encore en dépit de la bagarre qui se déroulait autour de lui.

Pendant que ses ministres réglaient leurs différends à coup de poing, le président était remonté pour rire à son aise dans sa bureau. Il a demande à son aide de camp, le colonel Mohamed Ibrahim, de s’enquérir sur le nom du vainqueur afin de pouvoir le féliciter à la sortie.

La dernière dame n’a pas été la dernière à s’écrouler de rire et elle a tenu à féliciter aussi le gagnant du combat de boxe organisé au plus grand plaisir du couple régnant au palais.

C’est dans ce contexte de crise de confiance au sein du gouvernement et de la pauvreté qui touche les Djiboutiens, que le peuple est sorti de sa peur bleue pour dire non au système mafieux de IOG.

Une autre bagarre s’est déroulée entre le ministre de la Communication, Ali Abdi Farah et le ministre du commerce, Rifki Abdoulkader Bamakrama. Le motif ? Ali Abdi avait éclaté de rire au moment où le dictateur avait giflé son ministre Rifki au cours de la préparation du show télévisé de décembre 2010 pour présenter ses vœux à la population, oubliant qu’il est le responsable de son malheur.

Dans ce contexte de crise, l’heure n’était pas vraiment à la fête pour le neuvième anniversaire de la garde républicaine. La troupe attendait mieux !
Surtout qu’Hassan Saïd Kaireh avait refusé de signer les avancements des officiers de la garde républicaine. Du fait de la crise économique qui frappe Djibouti, les avancements prévus ont été ajournés. Toutes les subventions sont suspendues parce que les caisses sont vides.

On découvre que les troupes françaises vont plier bagage et que le président dictateur doit rencontrer son homologue français Sarkozy à Addis Ababa, car ce dernier ne tienr pas à venir à Djibouti. A-t-il peur de constater avec ses propres yeux la misère qui mine la société djiboutienne.

IOG, n’ayant même aucune idée des discussions en cours sur les accords de défense, a emmené avec lui le colonel Mohamed Elmi, chef du cabinet militaire de la présidence. Ce colonel, proche de Hassan Saïd Kaireh, a défendu bec et ongles, les termes de l’accord de défense avec le chef de la coopération militaire et le représentant du ministère français de la défense du ministère français.

À Addis Abeba les deux hommes devraient évoquer le désengagement français à Djibouti. D’ores et déjà, Mohamed Djama a demandé à ce que la Garde républicaine récupère l’ancien Mess des officiers des FFDJ qui est situé sur la route de Boulaos, prés de la caserne Omar Aline de la garde républicaine.

Que va-t-il faire de ces lieux?

En conclusion c est une fête morose que les Djiboutiens ont pu voir à la TV.

Des soldats qui n avaient même plus le moral pour travailler.

Espérons qu’ils sauront se ranger aux côtés de la population et de la démocratie.

L’heure n’est plus non plus à la fête dans la maison de leur chef Mohamed Djama, mais à la désillusion et à la recherche d’une autre affectation.

Ainsi va la Garde républicaine !

Sergent chef Ariko
Londres