04/02/11 (B589) Deux communiqués de l’UAD dont l’un nous a été adressé avec retard …

__________________________ 2 – Communiqué du 3 février 2011

Communiqué de presse de l’Union pour l’alternance démocratique (UAD)
Union pour l’alternance démocratique (UAD)

Djibouti, le 3 février 2011

Le crépuscule d’un régime condamné par l’histoire

Poursuivant ses menées répressives d’un autre âge contre les populations civiles, le régime tortionnaire djiboutien vient une fois de trop ôter la vie d’un innocent citoyen au moyen de la torture; ainsi, le jeune Abdallah Mohamed originaire du district de Tadjourah vient de succomber sous la torture à la gendarmerie de cette ville.

Une fois le forfait accompli, les autorités ont refusé de remettre le corps du défunt à la famille, ce qui a généré des protestations et échauffourées au cours desquelles les forces de répression ont tiré à balles réelles sur les manifestants de Tadjourah, blessant au passage un enfant de 13ans Ahmed Mohamed Gaditto amputé désormais de trois doigts à cause de la furie meurtrière d’un régime à l’agonie et condamné par l’histoire.

Face à cette escalade répressive contre les civils et les démocrates de notre pays, l’Union pour l’alternance démocratique (UAD) appelle à un sursaut citoyen et unitaire pour mettre fin pacifiquement à un régime tortionnaire, corrompu et divisionniste qui n’a que trop duré.

Ensemble, faisons barrage au despote tortionnaire, et candidat illégal !

Le Président de l’UAD,
Ismaël Guedi Hared

__________________________ 1 – Communiqué du 1er février 2011

Communication de l’Union pour l’Alternance Démocratique (UAD) le 1er février 2011

UNION POUR L’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE (UAD)
(ARD, UDJ, MRD)

Djibouti le 1er février 2011

SE Mr le sous secrétaire d’état James B. Steinberg
Mmes et Mrs les membres de sa délégation
SE Mr l’ambassadeur des Etats Unis à Djibouti
Mmes et Mrs les représentants de l’UMP et de l’UMD

Depuis la question référendaire du 8 mai 1977sur l’Indépendance, aucun scrutin ne s’est déroulé de manière transparente à Djibouti. L’élection présidentielle, prévue dans deux mois ne dérogera pas à cette règle.

En effet, du multipartisme limité, imposé par le fracas des armes en 1992, au multipartisme intégral, consécutif à l’accord de paix du 12 mai 2001, la situation n’a pas changé : un parti-Etat dirige le pays sans aucun contrepouvoir ; ses alliés réduits au rôle de satellites et ses rivaux de l’opposition démocratique empêchés de véritablement concourir à l’expression du suffrage universel. Le corollaire de ce monopole, c’est la généralisation de la corruption et de l’impunité, le gaspillage des ressources et la dégradation continue des conditions de vie de l’écrasante majorité de notre population.

Une telle injustice ne pouvant indéfiniment perdurer, le Peuple djiboutien, échaudé par toutes les mascarades électorales et déterminé à recouvrer sa liberté, s’est résolument engagé depuis quelques mois et jusqu’à la victoire, dans une mobilisation pacifique sous la conduite de l’Union pour l’Alternance Démocratique (UAD) afin d’écrire lui-même un nouveau chapitre de son Histoire : celui du changement démocratique : ultime chance pour épargner à notre pays un nouveau déchirement aux conséquences incalculables.

Ainsi, et c’est l’objet essentiel du présent mémorandum, si l’UAD est convaincue de la pertinence de son analyse (I) et farouchement résolue à mobiliser le Peuple pour l’avènement d’une réelle Démocratie (II), elle demeure ouverte au dialogue avec toutes les parties concernées quant à la définition consensuelle des modalités d’une transition pacifique (III).

I) Eléments pour une analyse du blocage actuel

Depuis l’Indépendance, Djibouti connaît une situation de conflit civil, ouvert ou latent. L’absence de tout espace d’expression démocratique et les multiples formes de ségrégation (régulièrement établies par les rapports du Département d’Etat américain) ont conduit à une confrontation armée dont la dernière a pris fin avec la signature de l’accord de paix du 12 mai 2001, salué par l’ensemble de la communauté internationale : Nations unies, Union Européenne, Ligue Arabe, Union Africaine, Etats-Unis d’Amérique, etc.

Cet accord se proposait à la fois de remédier aux causes du conflit et d’en réparer les conséquences. Malgré son bien-fondé, cet engagement dans la voie pacifique par le recours au verdict des urnes n’a malheureusement pas permis ni d’instaurer la Démocratie ni encore moins de restaurer la paix civile.

Le constat ne fut pas difficile à dresser : il n’y a pas d’élection digne de ce nom car il n’y a pas d’électeur respecté dans ses droits et devoirs ; il n’y a pas d’électeur digne de ce nom car il n’y a pas de citoyen dont les droits pourtant inaliénables et constitutionnellement garantis seraient protégés et respectés. En clair, cette dictature prétendument sortie des urnes interdit toute expression libre d’une réelle société civile.

I.1) Législatives 2003 : une opposition spoliée de sa victoire

Assoiffé de liberté et de changement démocratique, le Peuple Djiboutien s’était massivement mobilisé au côté de l’UAD lors des premières élections pluralistes du pays dans le cadre d’un multipartisme intégral : les législatives du 10 janvier 2003. Rétention et falsification des listes électorales, violences militaires et policières à l’encontre des votants et des délégués de l’opposition, bourrage et confiscation des urnes, rédaction unilatérale des procès-verbaux fantaisistes, etc. : nul ne peut sérieusement nier le caractère massif des fraudes qui ont détruit, ce jour-là, les aspirations majoritaires au changement démocratique et depuis toute confiance dans quelque scrutin que ce soit, comme le démontre l’incontestable succès du boycott prôné dès lors par l’UAD.

Boycott lui-même imposé par l’absence de réponse de la part du chef de l’Etat à la correspondance que lui avait adressée l’UAD et dans laquelle étaient définies les conditions de transparence à garantir pour une participation aux élections. Enfin boycott qui, ajouté à la dénonciation par l’ARD (continuité historique du FRUD-armé cosignataire) de l’accord de paix du 12 mai 2001, dévoile le processus électoral en République de Djibouti tel qu’il est réellement : élément d’un vaste décorum à prétention démocratique uniquement destiné à la communauté internationale ! Mépris suprême d’une société civile étouffée au quotidien, mais déterminée à arracher son droit à la vie.

I.2) Une société civile étouffée

La raison d’être d’un parti politique, qui est d’accéder au pouvoir par les urnes grâce au vote de ses électeurs, présuppose l’existence d’une réelle citoyenneté.

Pour louable que soit cette posture, se focaliser sur le seul processus électoral et s’acharner à obtenir la participation des partis d’opposition est, du point de vue de l’UAD, une erreur d’analyse. Comme celle de ce passant qui, ayant perdu un soir les clés de son domicile, s’obstine à ne les rechercher que sous un réverbère, au prétexte que c’est la seule zone éclairée dans la rue. De nombreuses atteintes aux droits fondamentaux persistent, auxquelles il convient au préalable de remédier, comme le stipulait notre accord de paix :

  • Il existe une citoyenneté à plusieurs vitesses en vertu de laquelle une ségrégation divise et oppose les Djiboutiens dans l’accès aux pièces d’identité nationale, au marché de l’emploi, à l’Education, à la Santé et, d’une façon générale, aux politiques publiques initiées essentiellement grâce à l’aide internationale ;
  • Il n’existe aucun syndicat libre toléré et le régime djiboutien est systématiquement dénoncé par les organisations syndicales internationales et le Bureau International du Travail ;
  • Il n’existe aucune presse indépendante tandis que les médias publics sont uniquement les instruments de propagande du parti-Etat au pouvoir ;
  • Le secteur associatif est rigoureusement contrôlé par le régime qui l’utilise comme moyen de captation de l’aide internationale à l’exception notable de l’unique organisation de défense des droits humains qu’est la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH).
  • Etc.

C’est donc le citoyen qu’il convient d’abord de restaurer dans ses droits fondamentaux. Et, faute d’avoir été jusqu’à présent écouté par la classe dirigeante des prédateurs, notre Peuple est désormais déterminé à se faire entendre dans la rue, conscient de la justesse de sa Cause et conforté par une récente actualité, véritable Bérézina des dictateurs se croyant éternels.

II) Mobilisation populaire et unité d’action

II.1) Mobilisation populaire

Depuis le congrès de l’A.R.D. de 2006 ayant décidé le recours à la Mobilisation Générale et à la désobéissance civique pacifique pour parvenir à nos fins, il est indéniable de constater que ce recours à la Mobilisation Générale a également été adopté par l’ensemble des forces politiques composant l’U.A.D et d’autres mouvements, forces et associations….

Depuis le printemps 2010 date à laquelle cette Mobilisation a débuté jusqu’à ce jour, ce mouvement va crescendo et a conquis toutes les composantes du peuple ainsi que tous les régions de l’intérieur dépassant ainsi tous les obstacles et vaines tentatives de division. La Direction de l’UAD a toujours maintenu le contact avec ses militants et sympathisants, malgré leur criminalisation par le régime qui leur interdit tout travail salarié, le vice-président de l’ARD s’ayant même vu son passeport et billet d’avion confisqué alors qu’il se rendait à une réunion de l’O.A.T au Maroc.

II.2) Renforcement de l’unité d’action

L’UAD, malgré l’interdiction infondée du MRD, reste une coalition solide et sérieuse comme le démontre son unité d’action qui a survécu en toutes circonstances depuis 2006.

C’est pourquoi l’U.A.D. forte de sa cohésion et la cohérence de sa démarche invite toutes les formations politiques de l’opposition ainsi que de la société civile à conjuguer leurs efforts avec les siens et à apporter leur contribution propre pour en finir unis avec une dictature aussi sournoise que malfaisante.

III.3) Propositions pour une transition pacifique

Loin d’être l’expression d’un apolitisme, l’abstentionnisme à Djibouti traduit avant tout le bon sens citoyen : participer à des élections revient à cautionner une fraude généralisée. C’est donc tout l’environnement institutionnel qu’il convient au préalable d’assainir et de pacifier. Pour ce faire, l’UAD propose et, à défaut, entend imposer par la rue djiboutienne :

  1. Le report de l’élection présidentielle et donc le rejet d’un 3eme mandat anticonstitutionnel
  2. La désignation d’un gouvernement d’union nationale chargé de mettre en place un cadre institutionnel véritablement démocratique par l’application de toutes les dispositions de l’accord de paix du 12 mai 2001, à savoir notamment

    • a) L’octroi des pièces d’identité nationale à tous les citoyens sans discrimination,
    • b) Le respect du droit syndical et associatif afin qu’émerge une véritable société civile,
    • c) La refonte des listes électorales en les rendant conformes à l’état réel du corps électoral,
    • d) La mise en place d’une Commission Electorale Nationale Indépendante intègre,
    • e) La libéralisation de l’espace médiatique,
    • f) La lutte contre la corruption, le népotisme et la concussion,
    • g) Le retour des exilés chassés par le conflit civil
  3. La rédaction d’une nouvelle Constitution garantissant une stricte séparation des pouvoirs,
  4. La promulgation d’une loi d’amnistie autorisant le retour des opposants politiques exilés.

Il appartiendra à toutes les parties concernées de se concerter afin d’arriver à une définition consensuelle de la composition et de la durée de ce gouvernement d’union nationale. C’est avant tout à la mise en place d’institutions solides qu’il convient de s’atteler et non perdre son temps dans l’inutile recherche d’un improbable leader charismatique.

Sans toutes ces réformes, non seulement Djibouti ne connaitra pas la paix civile indispensable à toute Démocratie et à tout Développement, mais continuera d’exporter sa propre instabilité dans la région.

Pour l’UAD
ADAN MOHAMED ABDOU