23/03/11 (B596) Libération (Blog) Djibouti : une présidentielle qui s’annonce mal (Info lecteur)

Par Sabine Cessou

L’opposition djiboutienne va boycotter l’élection présidentielle du 8 avril, qui sera remportée sans problème par le président en place, Ismail Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, dont le parti dirige l’ancienne colonie française depuis son indépendance en 1977. Pratique courante en Afrique, mais qui passe de plus en plus mal à l’heure des révolutions tunisienne et égyptienne : le chef de l’Etat a fait modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat…

Les opposants dénoncent une répression tous azimuts, depuis la manifestation monstre du 18 février, au moins 20 000 personnes, qui s’est soldée par deux morts (un gendarme et un manifestant).

Trois leaders de l’opposition, arrêtés après la manifestation, sont en résidence surveillée.

Leurs résidences seraient encerclées par les forces de l’ordre.

Quelque 200 personnes sont portées disparues depuis la manifestation, et des "révoltés" potentiels, y compris des mineurs, seraient "enlevés" par la police, qui demanderait ensuite aux familles 50 000 Francs djiboutiens (150 euros) pour les libérer. Du coup, les parents bouclent leurs enfants à la maison.

Des membres de l’opposition, notamment de l’Union pour l’alternance démocratique (UAD), accusent l’armée française d’assister sans rien faire à la répression – en envoyant des hélicoptères surveiller les manifestants, dans un pays hautement stratégique où se trouve la plus grande base militaire française en Afrique, mais aussi une base américaine et une base japonaise.

C’est de Djibouti, notamment, que les puissances occidentales mènent la bataille contre les pirates somaliens, et envoient des avions de chasse dans le cadre de l’opération militaire en cours en Libye.

Djibouti, principal débouché sur la mer de l’Ethiopie, est l’un des pays les plus pauvres du monde, et affiche un taux de chômage d’au moins 60 %.