06/05/11 (B602) Intervention de l’Observatoire pour la protection des Défenseurs des Droits de l’Homme (FIDH / OMCT) à Banjul (Extrait concernant Djibouti) … (Information LDDH)

Lien avec le texte complet de l’intervention

INTERVENTION ECRITE – L’OBSERVATOIRE

COMMISSION AFRICAINE DES DROITS DE LHOMME ET DES PEUPLES

49ème session ordinaire – Banjul, République de Gambie – Mai 2011

Contribution de
la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH)
et de lOrganisation mondiale contre la torture (OMCT)
dans le cadre de leur programme conjoint, LObservatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme

Sous le point de lordre du jour :
Situation des défenseurs des droits de l’Homme

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de leur programme conjoint, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, expriment leur vive préoccupation eu égard à la situation des défenseurs des droits de l’Homme qui continuent d’œuvrer pour le respect, la promotion et la protection des droits de l’Homme pour tous sur le continent
africain dans un contexte hostile et risqué.

Si aujourd’hui les femmes et les hommes qui sont en première ligne de la défense des droits de l’Homme sont dans de nombreux cas mieux protégés que lors de l’adoption de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs en 1998, notamment grâce à l’instauration de mécanismes d’alerte et de protection au niveau national et régional, ils sont également plus menacés en raison des avancées qu’ils obtiennent chaque jour. Avec laide de programmes spécifiques, tels que l’Observatoire, qui les accompagne depuis plus de 14 ans, les défenseurs ont pu faire entendre leurs voix au niveau national et au sein de forums, et d’organisations régionales et internationales. Ils continuent de s’investir sur des sujets aussi variés que les droits économiques, sociaux et culturels, les droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) et la lutte contre la corruption ou la lutte contre l’impunité. Leurs efforts ont permis des avancées considérables pour faire reconnaître la place primordiale des droits de l’Homme dans l’exercice du pouvoir et la résolution des conflits.

La Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) a largement contribué à cette évolution, notamment en adoptant plusieurs résolutions en faveur de la promotion et de la protection des défenseurs des droits de l’Homme en Afrique, et en faisant de cette question une préoccupation constante de ses travaux et de son ordre du jour.

En Afrique du nord, le début de cette année 2011 a été marqué par un enchaînement de protestations sociales traduisant l’aspiration des peuples en faveur de réformes sociales et politiques, afin de jouir pleinement des droits et libertés fondamentaux universellement reconnus, mettant en évidence toute l’importance d’une société civile forte et reconnue pour porter et canaliser les revendications des peuples auprès des dirigeants. De Sidi Bouzid, en Tunisie, en décembre 2010 au Caire quelques semaines plus tard, cette vague deprotestation sociale massive a gagné ses voisins comme la Libye ou l’Algérie.

Cet élan protestataire a eu des conséquences au Zimbabwe, où 46 personnes ont été arrêtées en février dernier pour avoir visionné une vidéo relative aux mouvements de protestations sociales en Tunisie et en Égypte et dans d’autres pays. En effet, craignant la multiplication de mobilisations populaires réclamant le respect des libertés fondamentales, certains Etats ont accru leur répression, particulièrement à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme.

Malgré ces avancées, les défis restent immenses pour promouvoir et protéger les défenseurs, et force est de constater que ces derniers font encore l’objet de graves persécutions dans de nombreux pays. A cet égard, l’Observatoire reste préoccupé par la multiplication de violations à l’encontre des défenseurs commises par des acteurs étatiques et non étatiques le plus souvent dans un climat d’impunité.

Entraves à la liberté d’association

Législation ou pratique administrative visant à entraver la liberté d’association

Certains États parties ne laissent que peu ou pas d’espace à la liberté d’association.

(..) De même, à Djibouti, le 9 février 2011, M. Jean-Paul Noël Abdi, président de la
Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH), a été arrêté par des éléments de
la Gendarmerie nationale et conduit dans les locaux de la Direction de la
Gendarmerie nationale de Djibouti-ville.

Le même jour, M. Jean-Paul Noël Abdi et
M. Farah Abadid Heldid, membre de la LDDH arrêté le 5 février, ont été déferrés devant le parquet de Djibouti, et accusés de participation à un mouvement
insurrectionnel en relation avec leur soutien présumé au mouvement des étudiants
et lycéens qui manifestent depuis décembre 2010 dans les rues de Djibouti, qui a été sévèrement réprimé.

M. Jean-Paul Noël Abdi avait dénoncé la répression par les autorités de Djibouti de ces manifestations, au cours du mois de décembre 2010[3].

Le 9 février 2011, M. Jean-Paul Noël Abdi a été placé en libération provisoire pour raisons de santé[4]. M. Farah Abadid Heldid (toujours détenu) et M. Noël Abdi encourent jusqu’à quinze ans de réclusion criminelle et une amende de 7 000 000 francs djiboutiens (environ 27 404 euros). (…)

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Banjul, mai 201