09/11/2011 (B629) Ouest-France : Somalie : le renfort djiboutien tarde Djibouti veut envoyer un bataillon pour renforcer l’Union africaine. Trois questions à Ahmed Hachin-Loita, représentant de l’Union pour la démocratie et la justice en France.

Des désertions massives en ont retardé le départ.

Le déploiement du bataillon
a l’air compliqué…

La décision a été prise il y a six mois
par le régime, qui a négocié avec
l’Union africaine. Il a été décidé d’envoyer 1.000
soldats. Leur déploiement
devait avoir lieu le 28 octobre.

Mais la
moitié du bataillon a déserté avec ses
armes.

Il a fallu recruter de nouveaux
soldats : des jeunes et des chômeurs
entraînés par l’armée française depuis
septembre. Presque tous les soldats
viennent de tribus Odahgob et Afar,
des éléments dont le régime veut se
débarrasser.

Les envoyer en Somalie
était une bonne occasion, surtout que
l’Union africaine (UA) a financé l’équipement
de ces troupes.

Quelle est la mission
de ces soldats ?

Selon l’UA, ces troupes de combat
vont faire le même travail que les
Ougandais et les Burundais de
l’Amisom. Mais un doute plane sur
leur mission.

D’ailleurs, l’ambassadeur
djiboutien au Kenya a dit que
ces militaires allaient former les soldats
gouvernementaux somaliens et
qu’ils n’allaient pas combattre.

Mais
ils ne peuvent ni former d’autres soldats
ni combattre : ce sont des soldats
sans expérience. Nous leur disons
de déserter et de se mettre au
service du peuple.

Le chef de l’État peut-il compter
sur son armée ?

Pas du tout ! Le président Ismail
Omar Guelleh s’en méfie, comme
de la police.

Il ne peut compter que
sur la Garde républicaine, une milice
qui fait le sale boulot, qui arrête
les gens. Son Centre de recherche
et de documentation est, en fait, un
centre de détention et de torture.

Cette Garde républicaine, avec son
Service de documentation et de sécurité,
traque les opposants dont
ceux de l’Union pour l’alternance
et la démocratie qui a réuni 40 000
manifestants, le 18 février.

Recueilli par
Philippe CHAPLEAU.