23/11/11 (B631) « Un enfant qui meure de faim c’est un meurtre prémédité passible des Tribunaux internationaux » (Par Bouh Warsama)


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« Un enfant qui meure de faim c’est un meurtre prémédité passible des Tribunaux internationaux »


Par Bouh Warsama

– Qui sait que 817 millions de personnes souffraient de la faim en 2007 et seraient plus d’un milliard en 2011 et ce malgré les chiffres « aménagés », publiés officiellement ?

– Qui sait que de par le monde, toutes les quatre secondes un enfant de moins de 10 ans meurt, victime de la faim ?

– Qui sait que des centaines de millions d’autres enfants, et leurs familles (estimation de plus d’un milliard d’êtres humains victimes de la faim dans le monde selon les données statistiques de 2011), souffrent d’une grave sous-alimentation ; dont plus de cent vingt mille personnes à Djibouti ?



La majorité étant en situation de famine avec peu de chances de les sauver tant cette malnutrition est avancée.

– Qui sait que 23,7 % de la population djiboutienne est en danger – chiffrage minimisé pour ne pas « indisposer » les autorités locales et leurs falsifications – et pour beaucoup de familles en situation de famine, particulièrement dans l’Ouest et le Nord du pays ?

Comme l’explique fort bien le sociologue suisse Jean Ziegler, vice-président du Comité consultatif des Droits de l’Homme, dans son dernier livre « Destruction massive, Géopolitique de la faim » (paru aux éditions du Seuil), la situation est catastrophique car l’ETAT D’URGENCE est largement dépassé dans la Corne Est de l’Afrique.

– A chaque enfant qui naît dans une famille, c’est un monde qui recommence. Un nouvel univers qui apparaît !

La plus importante conséquence de la crise financière gravissime qui frappe le monde a été, dans un premier temps, de réduire de manière très importante les moyens d’action de lutte contre la faim qui étaient mis précédemment à la disposition des organisations internationales.

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui est en charge de l’action d’urgence a vu ainsi son enveloppe budgétaire être divisée par 2 depuis l’année 2008.

Cet état de faits est la conséquence d’une importante réduction des contributions versées par les pays dits industrialisés, une nouvelle orientation, un nouveau choix pour tenter de sauver les pays et les organismes publics/privés au bord du gouffre économique et financier tels que la Grèce, l’Italie …et les banques.

A cette faim dite structurelle s’est ajoutée une faim « conjoncturelle » liée à des catastrophes naturelles dans la Corne Est de l’Afrique, à des guerres comme celle du Darfour. Certes à des guerres mais aussi à l’attitude de bon nombre d’Etats – dont celui dirigé par les Tyrans Ismaïl Omar Guelleh/Kadra Mahamoud Haïd – qui n’ont, en aucun moment ou de quelque manière que ce soit, anticipé la crise en provisionnant des ressources capables de jouer un indispensable « Tampon alimentaire ».

Tampon alimentaire stocké et distribué le moment venu afin de tenter de limiter au mieux les conséquences désastreuses de la famine auxquelles sont confrontées les familles djiboutiennes, celles originaires des pays limitrophes – pour ne prendre qu’elles – qui résident sur le sol djiboutien.

A ceci s’ajoute le fait incontestable que les spéculateurs boursiers et les marchés ont ruiné les économies locales – dont celle de Djibouti – par leur folle avidité et qui ont surchargé la gravité d’une crise entretenue, il est vrai et depuis des dizaines d’années, par toutes les incompétences et les corruptions de haut niveau dans le pays…. des « braves »…

Et comme s’il y avait collusion entre spéculateurs boursiers, marchés et système politique corrompu, c’est une seconde ruine qui a fait son apparition avec toutes les spéculations, constatées au jour le jour, de manière légale sur les prix des matières premières agricoles.

Le résultat en est que les coûts de l’alimentation de base – denrées essentielles de première nécessitée – explosent tels des pétards sans limite alors que la nourriture au quotidien est de plus en plus inaccessible pour les familles les plus pauvres.

La paupérisation des classes dites moyennes, militaires et policiers, fonctionnaires…est évidente avec, de surcroît, des retards importants dans les versements des soldes et salaires.

S’il est vrai que les corruptions de certains gouvernements sont notoires et aggravent la situation, on peut affirmer que la faim est bien plus un problème politique, économique et de bonne gouvernance d’un pays, qu’une question de saturation de la planète.

En effet, selon le Rapport annuel de la FAO – Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation humaine – dans les conditions de production, l’agriculture mondiale serait en mesure de nourrir pas moins de 12 milliards d’êtres humains ; soit presque le double de la population mondiale actuelle.

Constat est fait qu’au début de ce nouveau millénaire il n’y a plus aucune fatalité. La planète Terre regorge de richesses, certes parfois mal exploitées mais elles existent.

– Un enfant qui meurt de faim est victime d’un crime avec préméditation ; il n’est pas la victime d’une loi de la nature.

La voie de la révolte est tracée car c’est la seule alternative que les dictatures et tyrannie ont laissé aux peuples, elle a ouvert des portes pourtant cadenassées, réputées infranchissables.

Ismaïl Bobard et ses « charognards » qui vivent de la misère qu’ils entretiennent à Djibouti et indirectement en Somalie devraient être bientôt traduits devant une forme de Tribunal de Nuremberg sous le motif de « Crimes contre l’humanité ».