03/12/2011 (B633) LDDH : le témoignage des tortures qu’il a subies au SDS, puis à la Gendarmerie par une victime : Houssein Robleh Dabar, défenseur des Droits de l’Homme et journaliste.


Le Président
DIFFUSION D’INFORMATION

TEMOIGNAGE DE TORTURE


Tortures commises par la police politique (SDS)
rattachée à la Présidence de la République

Victime : le défenseur des Droits de l’homme et journaliste HOUSSEIN ROBLEH DABAR

Djibouti, le 1er décembre 2011

Le 21 novembre 2011, j’ai été enlevé à 11 heures 30 par quatre membres des services, que je ne connaissais pas. Je n’ai pas eu le temps de bien les regarder car tout est allé très vite.

J’ai été jeté dans une voiture de l’EDD, immatriculée 1668C. Cela se déroulait en plein centre ville. Je fus immédiatement cagoulé.

Arrivé à destination, on m’a fait monter un escalier qui menait à la salle de torture. Je fus jeté à plat ventre par terre, un pied fut posé sur ma nuque, un autre pied sur mes reins et deux autres pieds sur mes mollets.

Alors commença les séances de tortures, qui ont duré presque une éternité, environ trois heures, avant de m’amener dans un bureau climatisé pour me faire déposer mes empreintes du pouce en guise de signature.

Ces méthodes de tortures, que j’ai subi sont les suivantes :
– Bastonnades sur les cuisses et mes fesses ;
– Suivis par des frappes interminables et très, très douloureuses sur la plante des pieds, non loin des talons, afin de ne pas laisser des traces, je me suis évanoui et pendant un moment j’étais dans le coma ;
– Ensuite j’ai subi des chocs électriques sur mes testicules dont celui de gauche qui a été très atteint et je continue encore à en souffrir.
– Durant tous ces tortures j’ai éjaculé du sperme, puis j’ai pissé sur moi, tellement la douleur était violente ;
– Toutes ces tortures ont été accompagnées des questions notamment et d’emblée sur Jean-Paul Noel pour savoir si c’est lui qui avait rédigé l’article signé par le Juge Mohamed Cheick Souleiman, sur la date de la mobilisation des militants de l’UAD, de mes liens avec la Voix de Djibouti et tant d’autres questions.

Je ne me souviens plus de mes réponses qui ont été contradictoires, en raison de l’intensité des tortures. On m’a traité comme si j’étais un violent terroriste.

A peine repris mon souffle, je fus amené à la Brigade de la Gendarmerie où je fus jeté dans une salle de tortures aux puanteurs insupportables puis la cagoule m’a été enlevé.

Vers 17 heures, l’officier de la Gendarmerie m’a amené dans une autre salle où je fus interrogé.

A la Gendarmerie, je n’ai pas été torturé aussi sauvagement qu’à la SDS.

Le 25 novembre 2011 menottés ensemble, avec Farah Abadid, le Juge et un autre, nous avons été traduits devant les deux Procureurs Maki et Djama Souleiman en présence de l’Officier de la police judiciaire de la gendarmerie qui commandait les auteurs de torture. Il a assisté à tout l’interrogatoire, certainement pour m’intimider, mais je n’ai pas hésité à décrire avec des précisions les tortures atroces que j’ai subies.

Reste à savoir les mesures que prendront les deux Procureurs.

Puis dans la nuit, je fus interrogé par la Juge d’Instruction Ad Hoc de la Cour Suprême. Elle, a demandé au gendarme de sortir et c’est avec avec sérénité qu’elle m’a posé des questions. Je n’ai pas manqué de l’informer que j’avais été sauvagement torturé et risqué de perdre la vie, Madame la Juge a tout noté.

La juge d’instruction de la Cour Suprême nous a placé Farah et moi en liberté provisoire et nous attendons la copie de son ordonnance.

A aucun moment, je n’ai caché ma détermination à combattre la dictature qui nous tue à petit feu. A l’origine, j’avais soutenu Mohamed Djama Elabeh lors des élections présidentielles de 1993, puis Hamarretay lors des élections parlementaires de 1997. J’ai été un membre actif du GDR avant de rejoindre le Frud-armé dirigé par Ahmed Dini.

Actuellement je suis membre fondateur de l’UDJ et membre actif de l’UAD

En tant que personnalité politique, je suis aussi journaliste et défenseur affilié à titre individuel à la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH), membre du Conseil national des Droits de l’Homme.

Houssein Robleh Dabar