28/12/2011 (B636) Chroniques du Sergent Ariko. Le 2 janvier 2012 se déroulera la fête de la gendarmerie nationale. Quel bilan ? (Suite 2/3)

Fête de la gendarmerie nationale le 2 janvier 2012.
Quel bilan?

Malmené par l’État, le colonel Abdi Bogoreh ne pouvait que constater que le moral de ses hommes était au plus bas. N’y pouvant plus, il se décida à interpeller le dictateur pour lui transmettre les doléances des gendarmes. Peine perdue, car le chef de la sécurité l’en dissuada.

Le colonel Bogoreh ne savait plus quoi faire.

Le dictateur lui avait promis lors de la fête du 3 janvier 2006 d’aider la gendarmerie. Le dictateur avait décoré le colonel de l’ordre de commandeur de la grande étoile de Djibouti.

Mais ce cadeau était empoisonné.

Le bon colonel Bogoreh n’avait pas compris ce que cette décoration représentait effectivement.

Pour le dictateur Guelleh, cette distinction signifiait seulement que l’état djiboutien le récompensait pour ses longues années au service de la nation, mais cela n’entrainait pas l’assurance du moindre soutien officiel pour rehausser l’estime de la gendarmerie nationale.

Je remercie les officiers qui m’ont bien voulu me transmettre la photo des médailles militaires, que le Colonel Bogoreh a reçues au cours de sa carrière
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courage et dévouement Fort et juste grande étoile Médaille honneur et nation

Le plus dur commençait pour le colonel Bogoreh, sans aucune aide de l’état.

Les gendarmes étaient délaissés par le régime. Les familles des gendarmes vivaient dans la précarité et l’insécurité !

En effet un jour, le régime donna « congé » aux familles de gendarmes avec ordre de quitter leur logement pour laisser la place à un promoteur à qui l’Etat avait cédé le terrain.

Fou de rage, Bogoreh eut beau protester mais à chaque fois il se heurtait au mur de silence. Pire encore, quand il a enfin compris que le promoteur en question était le Président de la république.

Les familles des gendarmes ont été expulsées de leurs maisons, direction le Pk 12. A ce moment là, les gendarmes ont compris que l’état ne voulait plus d’eux.

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Il faut se souvenir que dès 1995, IOG avait décidé de dissoudre le corps de la gendarmerie au profit de la force nationale de police commandée par Yacin Yabeh Galab, son ami de 40 ans.

C’est Hassan Gouled qui a refusé ce plan. Pour IOG la Gendarmerie n’était que la rescapée d’une institution française et il lui fallait donc l’éliminer.
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Le colonel Bogoreh n’avait plus d’alternative. Il constatait que l’institution périclitait sur tous les fronts et que c’était la paralysie générale.

Alors que l’état djiboutien refusait de l’aider, il a appris que la France ne voulait pas se risquer à heurter IOG qui lui refusait la construction du centre d’instruction de Cheik Moussa.

Finalement en réponse à ses demandes répétées, l’état major des FFDJ accepta de lui fournir une petite aide. C’est ainsi que les gendarmes de l’UPIGN (plus tard recyclés en GIGN) ont été aidés pour leur formation et leur entretien.

Mais IOG surveillait les manœuvres de ce chef de corps qui était décidé à assumer lui-même, les décisions nécessaires pour relever le niveau de son corps. Il s’était entoure d’hommes compétents, comme le colonel Yonis Hoch (un homme que tout le corps de la gendarmerie considérait comme un futur patron) qui était détesté par IOG. A eux deux, ils ont organisé les activités de l’institution militaire. Les américains ont offert leur aide. Ce qui déclencha la consternation au palais !

Ce colonel privilégiait sa mission au service de son corps, mais pour l’Escale, il ne répondait plus au doigt et a l’œil du tyran. On a dit qu’il avait pris la grosse tête.

Submergée par les problèmes quotidiens, la police nationale demanda de l’aide de la Gendarmerie, ce qui lui fut refusé.

Le centre d’instruction de cheik Moussa du Pk 23 était soutenu financièrement par le camp Lemonnier.

En effet, les américains comptaient beaucoup sur la gendarmerie pour les aider à lutter contre les groupes terroristes qui opèrent dans l’océan indien. De nombreux stage de formation ont été organisés au camp Cheik Moussa.

Quelques photos pour en témoigner.

 

Mais IOG n’appréciait pas ni ces stages ni surtout le fait que le bon colonel ne l’ait pas consulté auparavant.

Finalement les aides américaines pour la lutte contre le terrorisme ont été généreusement attribuées à la Gendarmerie et en parallèle la formation aux méthodes d’interrogatoires si souvent décriées par les organisations de défense des Droits de l’homme.

Excédé, le pouvoir fini par réagir et il imposa au colonel Bogoreh de rester dans sa maison. Puni pour outrage au chef suprême des armées !

Un nouveau mois d’arrêts de rigueur.

Placé aux arrêts de rigueur avec assignation dans sa maison, le Colonel tournait en rond.


En 2009 un scandale éclate à Djibouti.

Plusieurs jeunes filles sont tuées dans différents endroits de la capitale. L’une d’entre elles habitait le quartier 7 tandis que les autres habitaient les quartiers 4 et 2 et la cité du stade.

Affolée la population demande l’aide de la Gendarmerie pour identifier les coupables et restaurer la sécurité.

N’écoutant que son sens du devoir, le colonel fonce et il ordonne à ses hommes de retrouver les coupables.

Très vite un premier suspect est arrêté à Ambouli. Il s’agissait d’un ressortissant sénégalais qui travaillait pour une agence de l’ONU à Djibouti. D’autres coupables sont aussi arrêtés.

Mais ils bénéficient de la protection des plus hautes autorités de l’état. Il s’avère que les criminels opéraient la nuit, avec la complicité de l’état RPP, et qu’ils étaient intouchables.

Sur un coup de téléphone, les suspects ont été immédiatement relâchées par la justice djiboutienne aux ordres du palais de la présidence.

Nouvelle colère du colonel Abdi Bogoreh qui demande alors, que dans ces conditions, le sénégalais reconnu coupable au cours d’un procès marathon, soit aussi libéré au titre de l’équité.

Effectivement le sénégalais est relâché mais de nouveau arrêté, le lendemain, cette fois par la sécurité djiboutienne sur demande d’IOG : entre temps les familles des victimes étaient venues le voir pour exiger le prix du sang.

Le Sénégalais est placé en dépôt. Son pays proteste et son ambassadeur se rend à Djibouti afin de demander sa libération. Le gouvernement sénégalais de Wade essuie une fin de non-recevoir. Leur ressortissant est détenu dans une prison djiboutienne, pour crime.

Mais l’état RPP ne refuse pas la négociation et il demande a l’Etat sénégalais une somme pharamineuse que le Sénégal n’a pas les moyens de payer. IOG se montre inflexible et il maintient que tant que la somme ne sera pas versée, le citoyen sénégalais restera derrière les barreaux.
IOG a la mémoire courte.
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En 2011, il propose au Sénégal l’établissement de relations diplomatiques, alors que le climat est assombri par cette affaire. Wade lui renvoie l’ascenceur sous forme d’un refus diplomatique.

En fait, IOG voulait se débarrasser de Yacin Elmi Bouh, que son épouse, la Paulette, soupçonnait de vouloir prendre la tête du pays.

Mais la aussi c’est raté.

Yacin Elmi Bouh ne quittera pas Djibouti. Il sait que s’il accepte un poste à l’étranger, il deviendra plus facile pour IOG de le limoger et de le jeter à Gabode afin qu’il goutte aux supplices de cette prison dont la construction incombe a Ali Aref Bourhan et qui a accueilli les anciens du RPP.

Yacin Elmi Bouh est trop malin pour se laisser sacrifier de la sorte. Il reste à Djibouti afin d’échapper à la guillotine de Haramous mis en orbite par Hachi et Kadra Haid.
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Pour le régime, le colonel Abdi Bogoreh devient trop indiscipliné. S’ensuivirent des bagarres entre le colonel tantôt avec le ministre « dormeur » de la défense Ougoureh tantôt avec le premier ministre Dileita a la primature.

Découragé le colonel Bogoreh est allé voir sa famille au Canada. Mais avant, sur réquisition du FBI il avait donné l’ordre au SRD de fouiller le port de Djibouti : les américains soupçonnaient une contrebande d’alcool via le Yémen et les pays du golfe.

En échange de leurs investissements à Djibouti, les entreprises issues des pétro-dollars avait demandé au régime la liberté de commerce du khat, de la drogue et de l’alcool. Le président Ali Abdallah Saleh, qui devait recevoir une part considérable, en a été écarté …

Ce qui explique la plainte déposée auprés des officiels américains dénonçant IOG comme le pourvoyeur du monde arabe en alcool et en drogue dure via son port administré par Dubaï Port Authority.

Les américains sont exaspérés par les coups tordus d’IOG et ils n’oublient pas la fin tragique du chef de sécurité de leur ambassade de Djibouti.

Une autre affaire Borrel en perspective ?
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– Le détournement du milliard de l’US AID

La gendarmerie a fourré son nez dans les sales affaires du régime, en particulier dans l’affaire dite des « gros sous ».

Cette affaire s’est déroulée entre IOG et son ministre Abdallah Abdillahi Miguil (envoyé récemment en Chine pour remplir les poches du régime et non pas pour exercer la moindre diplomatie).

L’US AID avait donné plus d’1 milliard de Fdj au ministère de la santé pour les soins à donner aux malades du Sida.

Mais l’argent a été détourné par les deux gros Warabeys de la république de Djibouti.

Constatant le détournement, l’ambassade des États-Unis avait demandé l’aide de la gendarmerie pour enquêter sur les auteurs. L’ambassadeur a informé Washington sur « ce vol commis en plein jour ».

L’ambassade a demandé à un bureau d’audit dirigé par une djiboutienne de faire le bilan des fausses factures. Car l’ambassade des États-Unis n’a plus confiance dans la Cour des comptes et la Chambre de discipline budgétaire.

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Autrefois IOG avait ordonné de mettre le feu aux locaux, afin que le FMI ne puisse pas avoir la preuve des malversations financières qui ont été enregistrées.
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La jeune comptable djiboutienne a remis son rapport d’audit à l’Ambassade des États-Unis, qui l’a transmis immédiatement au département américain de la justice et au FBI.

Le FBI a requis que Djibouti diligente la gendarmerie pour poursuivre l’enquête.
Haramous a très mal pris la chose et il s’en est pris à la jeune comptable djiboutienne qui s’est défendu en assurant qu’elle n’avait fait que son travail, en toute honnêteté et indépendance.

Mais le mal était fait.

La gendarmerie a demandé que le ministre en exercice de la santé et certains de ses collaborateurs soient arrêtés.

Le ministre étant intouchable et bénéficiant d’une immunité, c’est le fils du maire de Djibouti Ali Ismail Yabeh qui a été accusé du vol avec d’autres personnalités.

Cependant l’ambassade n’a pas accepté cette mauvaise comédie et elle a continué à demander la tête du ministre à IOG, qui ne pouvait pas l’accorder, car c’eut été prendre le risque de dévoiler sa propre complicité dans ce vol.

Face au refus de la présidence, de limoger le ministre de la santé, l’agence US AID a suspendu son contrat à Djibouti et elle a plié bagages.

Elle n’avait jamais rencontré des voleurs aussi grands que ceux qui commandent Djibouti.

Le fils d’Ali Ismail Yabeh a payé. Il a été démis de ses fonctions comme tous les autres à l’exception du ministre de la santé qui est apprécié du couple royal pour avoir volé des milliards et les avoir largement partagés avec eux.

A son tour Washington s’est plaint et les USA ont fermé tous les robinets qui étaient largement ouverts jusque là.

Washington soutient ouvertement Jean-Paul Noël Abdi qui est devenu la bête noire du régime RPP. Le régime accuse le coup et il s’en prend à Jean-Paul en le traitant d’ivrogne et de sale menteur dans les majliss de Djibouti.

Jean-Paul réagit et il exige des explications et des excuses. Le régime ne lui répond pas.

– Déversement de déchets toxiques au large de Tadjourah

Pendant ce temps les gendarmes bloquaient sans mandat, des conteneurs dans l’enceinte du port de Djibouti.

Ils ont arrêté des collaborateurs de Saad Omar Guelleh. Dubaï port Authority ne voyait pas d’un bon œil que tous ces conteneurs soient exposés à la vue de tous et que personne ne soit autorisé à les ouvrir sous peine de sanctions.

Asmara accusera plus tard le régime djiboutien de faire passer par son port, des armes de guerres destinées à l’Éthiopie de Meles Zenawi. Le régime ne dément pas et il laisse « filer » l’information…

Plus tard on apprendra que des conteneurs de déchets toxiques ont été déversés en mer de Djibouti dans le Golf de Tadjourah.

Les pêcheurs se sont plaints mais le régime les a totalement ignorés.