08/01/2012 (B638) Interview d’Ahmed Youssouf, Président de l’ARD, par le Journal Réalité

Djibouti, le 7 janvier 2012

INTERVIEW DE M. AHMED YOUSSOUF, PRÉSIDENT DE L’ARD

« Le pays appartient à nous tous, le combat démocratique doit tous nous rassembler. »

 

Réalité : Assalam aleykoum, Monsieur le Président. Notre parti a publié une note d’information qui fait encore la une. Alors, la première question que tout le monde se pose est la suivante : l’UAD est-elle morte ?

Ahmed Youssouf : la question ne se pose pas en ces termes. Surtout pas pour nous qui sommes, avec l’accord de paix du 12 mai 2001, à l’origine du multipartisme intégral ; lequel a permis la création des nouveaux partis et, par conséquent, de l’UAD. Ayant ouvert ce peu d’espace démocratique, il n’a jamais été dans notre intention de le fermer ou même de le limiter. Une telle posture négative n’est pas la nôtre, mais celle du régime qui embrigade, enferme et verrouille toute la société civile.

L’UAD est née décembre 2002, dans un contexte de compétition électorale, en vue de participer aux législatives de janvier 2003. Avec la conviction de les remporter, même avec le mode de scrutin en vigueur. Elle a été spoliée de sa victoire et a, depuis, systématiquement prôné le boycott.

Donc, dans son appellation même, l’Union pour une Alternance Démocratique est anachronique. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne peut pas y avoir d’alternance démocratique par les urnes à Djibouti sous cette dictature. Mais, plus que jamais, l’Union reste : il faut juste la redéfinir et l’élargir pour l’adapter au nouveau contexte. Et la victoire est à cette condition incontournable.

Réalité : pour couper court aux rumeurs, il faut lever un doute : cette décision est-elle vraiment consensuelle ?

A.Y : absolument ! Cette absolue nécessité de rénover notre grande famille qu’est l’opposition djiboutienne est une demande récurrente de toutes les forces démocratiques, à l’intérieur comme à l’extérieur. Tous nos alliés ont été consultés à ce sujet depuis 2006. Les nouvelles formations politiques émergeantes souhaitent également être associées à cette initiative pour faire entendre leur voix et participer plus activement à notre lutte commune. Le pays appartient à nous tous, le combat démocratique doit tous nous rassembler.

L’objectif d’une telle redéfinition, c’est de dynamiser notre lutte commune en renforçant, dans une nouvelle structure, la représentativité de toutes les composantes de la communauté nationale. Cela restaurera le grand souffle unitaire tel qu’il existait lors de la création du FUOD.

Réalité : concrètement, quelle forme prendra cette nouvelle structure ?

A.Y : elle sera le fruit d’une concertation, qui aboutira bientôt incha Allah, avec toutes les formations, tous les mouvements, toutes les personnalités souhaitant l’indispensable unité d’action pour en finir avec cette dictature.

Une charte en sera le pilier, que tous les membres s’engageront solennellement à respecter. Cette charte définira non seulement le fonctionnement de cette nouvelle union élargie de l’opposition, mais réaffirmera également l’idéal pour lequel nous luttons : l’Egalité et la Démocratie dans un véritable Etat de Droit !

Réalité : dernière question si vous permettez, Monsieur le Président, comment agirez-vous pour mettre en place cette nouvelle structure ?

A.Y
: encore une fois, en étroite collaboration avec tous nos alliés. Nous mettrons en place un cadre adéquat à cet effet.

Mais il est urgent d’agir : l’espoir du 18 février dernier est toujours là, la colère gronde, la situation est explosive car les conditions de vie de nos concitoyens se dégradent de jour en jour. Les manifestations populaires doivent reprendre au plus vite, partout et tous les jours, jusqu’à la chute inéluctable de cette dictature qui n’a que trop duré.

Propos recueillis par
la rédaction de Réalité