30/01/2012 (B641) Chroniques du Sergent Ariko : le 10ème anniversaire de la Garde républicaine : l’heure du bilan !

10ème anniversaire de la garde républicaine.
A l’heure du bilan.

Je tiens tout d’abord à adresser en cette journée historique du 30 janvier 2012 une bonne fête a tous les militaires de la garde républicaine et à leurs familles.

Historiquement la garde républicaine a hérité de la tradition de la gendarmerie djiboutienne (escadron présidentiel) du au camp Barkhat Siraj. Délaissée et ternie par des luttes tribales entre le colonel « fou » Mahdi Cheik Moussa et le jeune lieutenant Ali Abdillahi Iftin, l’institution de la garde républicaine a périclité à tous les niveaux.

Sa création a été décidée à la suite du coup d’état organisé par le général Yacin Yabeh le 7 décembre 2000.

En raison de la faiblesse des autres institutions militaires pour prévenir un coup d’état, le dictateur Ismail Omar avait décidé en janvier 2012 de créer une institution indépendante de la gendarmerie, qui serait apte à le servir fidèlement en toutes circonstances.

La première direction a été confiée à un colonel expérimenté, le fameux colonel Abdo Abdi Dembil.

Après avoir construit l’institution, le colonel fut mis à la retraite anticipée au sein de l’état major des forces armées. Puis le commandement fut confié à un berger, ex-membre de la Brigade spéciale de la police nationale. Cet homme, que le Général Yacin détestait, fut vite « recyclé » par son cousin, le dictateur IOG.

– Le bilan de l’institution est morose.

Comme les autres institutions républicaines, la garde républicaine n’échappe pas à la folie des « maîtres des lieux ». Par exemple, la dernière dame a mis son grain de sel, en privilégiant des officiers de son ethnie. Voyant la situation dérapée, le colonel berger a-t-il fait assassiner le chauffeur de la dernière dame, le regretté sergent Moumin ?

Aucune enquête n’a jamais été diligentée pour identifier les meurtriers du sergent-chauffeur. Sa famille n’a même pas reçu d’aide de l’institution. Pire, on leur a ordonné de se taire face à ce crime.

A ce moment où l’institution fête son 10éme anniversaire, on peut dire que la situation des soldats et des nouvelles recrues, officieusement chargés de faire peur à une population déjà meurtrie, n’est pas au zénith. Au sein du camp Omar Aline, les soldats se plaignent d’une discrimination qui ne dit pas son nom. Le berger a commencé à se débarrasser de tous les officiers qui lui étaient hostiles.

Le commandant Birrir et le capitaine Farah Robleh Liban ont été mutés dans l’armée nationale, le capitaine Awaleh Ali Ouffaneh dans la police, le commandant Ibrahim Elmi Kaib et le capitaine dahir Ladieh Waiss dans la gendarmerie.

Les anciens gendarmes, qui servaient Hassan Gouled, ont été brutalement mis à la retraite sans préavis.

Après ce nettoyage, le berger s’est rendu maître de l’institution en s’affublant du titre ronflant de Commandant en chef de la garde républicaine. Dernièrement, sur instruction d’Hassan Saïd le SDS utilise les pick-up de la garde républicaine pour terroriser, le soir venu, les citoyens qui osent (encore ?) tenir tête au régime ou les nostalgiques d’Abdourahman Borreh, l’homme d’affaire qui était hier encore, l’allié du dictateur.

Depuis le départ de Borreh, l’argent a cessé de couler à flot !

On sait que grâce à Borreh, des compagnies étrangères avaient pu transmettre leur savoir-faire à la garde républicaine. C’est Boreh qui détenait l’argent de la garde républicaine. Depuis sa brouille avec le régime c’est Djama Mahamoud Haid, le frère de la dernière dame qui gère la caisse.

Pendant l’été 2010, trois jeunes soldats ont déserté l’institution pour demander l’asile politique en Suède. La République fédérale d’Allemagne n’a pas encore répondu à une demande du gouvernement djiboutien pour la formation des soldats de la garde républicaine.

– Du jamais vu en république de Djibouti.

Ignorant pratiquement les autres corps et ne faisant plus confiance à la gendarmerie ni à la police, le chef suprême (et auto-proclamé) des armées privilégie sa garde républicaine. Dernièrement le régime a recruté 290 filles et garçons pour renforcer l’institution. Contrairement à l’intégration dans les autres corps, les jeunes recrues ont du prononcer le serment de servir fidèlement le gros chef, sur le livre sacré du Coran.

Ce qui fait les affaires du berger Mohamed Djama Doualeh, qui a décidé de se servir en premier. C’est ainsi que les nouvelles recrues ne perçoivent qu’un salaire de misère d’environ 15.000 Fdj alors que les anciens sont bien payés. Alors les jeunes crient à la trahison ! Mais ils savent aussi que le chômage les attend au dehors : donc ils se taisent.

La cérémonie se tient le 30 janvier cette année au camp Omar Aline.

Comme d’habitude, elle est présidée par « la vache qui rit » avec Abdoulkader Kamil, le ministre de la défense.

Faute de moyens financiers, les habits rouge pur sang ne seront pas là. On les remplace par des habits kaki, cette année encore. Le berger a aussi invité les chefs des corps des autres institutions sœurs (police, armée, gendarmerie, forces françaises, forces américaines, espagnoles, italiennes, allemandes ainsi que les ambassadeurs de France, des États-Unis et de la Chine. Les anciens mis à la retraite par le colonel berger seront aussi représentés.

Un nouveau discours sans intérêt sera annonné par le berger pour dire que tout va bien. Il ne parlera pas des désertions au sein de la garde républicaine, ni du meurtre du sergent Moumin, ni de la tribalisation galopante qui secoue l’institution, ni des salaires qui sont volés aux nouvelles recrues. Rien de tout cela ne sera abordé.

Les deux figurants du gouvernement Tiji vont prononcer eux aussi un discours.

Des médailles et des attestations seront remises à certains sous-officiers et militaires du rang qui se sont distingués dans leur manière de servir l’institution. Le tout sera réglé avec un gâteau pathétique que découpera le berger.

Le général Zakaria et « la vache qui rit » échangeront des amabilités avec ce berger qui a participé au Somaliland à l’ouverture d’un puits financé avec les deniers publics djiboutiens.

A l’heure où ses amis arabes dictateurs tombent les uns après les autres, boutés hors du pouvoir par les vaillants peuples arabes, le dictateur IOG s’arme. C’est dans ce contexte que des armes ont été récemment livrées par la Chine à la garde républicaine afin de mater toute forme de contestation de l’ordre dictatorial établi.

Mais au sein même du pouvoir les agissements du Colonel berger commencent à agacer le couple diabolique. Après être impliqué dans des affaires de mœurs à Doraleh, il a été décidé d’en finir avec lui car il devient trop dangereux. Il a été empoisonné, mais son heure n’était pas arrivée. Il s’en est tiré miraculeusement.

Depuis lors le berger est redevenu doux comme un agneau. Même chose pour son collègue de la police nationale.

Le bilan qu’on peut dresser aujourd’hui à l’aube de ce 10ème anniversaire est un bilan morose.

C’est celui d’un berger devenu colonel qui est parti en guerre contre tout le monde. Dernièrement il a décidé de faire revenir de l’académie militaire de Arta des officiers de la garde républicaine qui était en formation parce que monsieur déplait à Mohamed Ali Absieh, le patron de cette académie (la fameuse Amia).

Des officiers de la garde républicaine en formation au sein de l’académie de police de Nagad ont aussi rebroussé chemin. Au sein du camp Omar Aline le moral n’est plus au zénith.

Les soldats semblent réaliser que la partie est finie.

Ils craignent pour leur avenir, si jamais le régime tombe. Les assassins qui sont au sein de cette institution semblent craindre une révolte à la libyenne en République de Djibouti. Pour IOG l’heure est grave.

Rien ne marche plus dans le pays.

Tout y est paralysé. Les rares officiers encore présents sont embrouillés entre les ordres du Commandant Ibrahim Abdi Farah dit Coca qui monte en puissance et qui fait peur au colonel berger, qui a tout tenté pour le réduire à néant.

Mais le commandant Coca est le protégé de la dernière dame. Encore un conflit qui éclate à un moment où l’institution traverse des heures difficiles. Le budget a été considérablement réduit. Dernièrement un peloton de jeunes filles a été recruté non pas sur la base de diplômes mais pour d’autres qualités. Aucune transparence dans ce recrutement.

C’est dans ce climat de peur, d’angoisse et d’un lendemain sans certitude, que la garde républicaine a fêté le 10ème anniversaire de sa création. Mais le Colonel berger n’aura pas le droit à la RTD, parce qu’il ne s’exprime pas correctement en Français.

Sergent Ariko
Londres