08/09/2013 (Brève 224) Grâce à nos « envoyés spéciaux » à Sanaa, nous en savons un peu plus sur les détails de l’arrestation de Mohamed Alhoumékani et les faits qui lui sont effectivement reprochés à la seule demande de Guelleh.

Le vendredi 23/08, après une escale aux Emirats arabe Unis, Mohamed Alhoumékani a atterri à Sanaa à 9h00. Il a été immédiatement arrêté par la sécurité nationale, semble-t-il suite à une demande d’Interpol.

Aucune précision ne lui a été communiquée sur la nature des faits qui lui seraient reprochés. Ce n’est que vers 22h30, qu’il a été transféré vers la caserne centrale de la police républicaine. Le lendemain, samedi 24/08, un officier-enquêteur lui a demandé s’il connaissait les charges qui justifiaient sa présence dans leurs locaux.

Il a répondu par la négative ajoutant qu’il était surpris de cette arrestation, car il était venu au Yémen à plusieurs reprises sans n’avoir jamais été arrêté.

L’officier lui a dit qu’il ignorait aussi les charges, mais que le vendredi et le samedi étant des jours fériés, il faudrait attendre le dimanche pour connaitre les raisons de son arrestation par le service Interpol.

Des consignes ont été données pour que Mohamed ne puisse passer des appels téléphoniques vers l’extérieur.

Le 28/08, une audition s’est tenue dans le bureau d’un responsable de la caserne. Après les questions de routine (identité, adresse actuelle, etc…) ce dernier lui a communiqué les deux griefs qui ont été formulés par Djibouti pour obtenir son extradition :

– la falsification de documents en 2004
– des violences physiques sur subordonné en 1993

Mohamed a expliqué qu’il vivait en Belgique depuis 1998 et que n’étant jamais retourné à Djibouti, le premier grief ne tenait pas la route. Quant au deuxième point, il était fort étonné car personne n’avait porté plainte en vingt ans contre lui et bien au contraire, il avait été décoré par l’ancien président et même affecté à sa sécurité personnelle

Il leur a dit que Djibouti cherche à l’extrader uniquement pour son témoignage dans l’assassinat du juge Borrel.

L’officier yéménite lui a dit qu’il devait attendre que la justice Djiboutienne lui transmette les détails des demandes, Au mieux, il serait peut-être libéré le 29/08 puisque des garanties financières (caution) auraient été déposées par des personnes de la famille.

Malgré cela, c’est un véhicule du service Interpol qui l’a transfèré vers la prison centrale de Sanaa vers 13h30 et il y est toujours incarcéré jusqu’à ce jour.

Même s’il on peut penser (seulement penser !) que l’extradition ait cessé d’être à l’ordre du jour, on constate que le Yémen, dans son désir de satisfaire les autorités Djiboutiennes, garde donc Mohamed en prison, sans jugement, ni inculpation.