30/10/2013 (Brève 293) Selon un article publié « en exclusivité » par Le Parisien.fr, Wahib Nacer, « le beauf’ du Corbeau repenti », pourrait être de nouveau entendu, mais cette fois en France, par les enquêteurs dans l’affaire de Karachi, à propos de transferts de fonds…

Lien avec l’article : http://www.leparisien.fr/faits-divers/karachi-la-nouvelle-piste-des-juges-30-10-2013-3272145.php

Karachi : la nouvelle piste des juges

Selon nos informations, la justice examine des documents montrant que le versement des commissions avait repris entre1997 et 1999.Un témoin clé pourrait bientôt être entendu.

Matthieu Pelloli | Publié le 30.10.2013,

Voilà plus de dix ans que la justice française enquête sur l’« affaire Karachi » et l’origine de l’attentat qui, le 8 mai 2002, a provoqué à Karachi au Pakistan, la mort de quatorze salariés de la Direction des constructions navales, dont onze Français. La piste terroriste s’est transformée en scandale politico-financier, fondé sur des soupçons de financement par rétrocommissions de la campagne d’Edouard Balladur de 1995. 

Or, selon nos informations, une piste, déjà évoquée en 2011, retient désormais toute l’attention des deux juges du pôle financier chargé de l’affaire, Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire. Désormais, les deux magistrats instructeurs examinent de près des documents saisis il y a deux ans par la Dnif (Direction nationale des investigations financières), montrant que, à partir de 1997, le versement de commissions sur le contrat Sawari II signé avec l’Arabie saoudite avait bel et bien repris.

Dès 1996, le président Jacques Chirac avait pourtant décidé d’y mettre fin. Ces documents prouvent que quelque 3 milliards de francs (environ 450 M€) avaient été versés par le biais de la Sofresa, la société qui regroupait l’Etat et les industriels de l’armement pour la commercialisation du matériel militaire au Moyen-Orient, à trois sociétés, Chesterfield Assets (qui en bénéficiait déjà avant cette date), Issham (qui a reçu entre 1999 et 2000 l’équivalent de 230 M€) et Parinvest (13 M€ entre 1997 et 2000).

Les investigations pourraient s’élargir à d’autres politique

Preuve que les juges prennent au sérieux ces éléments : selon nos informations, une commission rogatoire internationale a été exécutée le 24 mai à Genève pour entendre Wahib Nacer, l’un des représentants, avec le Saoudien Khaled Bugshan, de la société Parinvest. Devant le peu de loquacité de ce témoin, les juges français s’apprêteraient à l’entendre de nouveau, mais cette fois-ci à Paris.

Les juges n’abandonnent cependant pas la piste Balladur. Ce dernier et son ministre de la Défense d’alors, François Léotard, pourraient être entendus dans les prochains mois par la Cour de justice de la République. Mais les investigations pourraient s’élargir à d’autres acteurs de la vie politique.

Comme il le réaffirme dans nos colonnes, Ziad Takieddine, un des intermédiaires du contrat saoudien, mis en examen en 2011 pour « complicité, recel d’abus de biens sociaux et faux témoignage », les représentants de Parinvest (Wahib Nacer et la famille Bugshan) auraient des liens avec l’homme d’affaires Alexandre Djouhri, proche de Dominique de Villepin, secrétaire général de l’Elysée entre 1995 et 2002.

Une affirmation qu’a toujours démentie Alexandre Djouhri(*), qui assure avoir fait la connaissance de Wahib Nacer bien après les faits du dossier Karachi.

Quant à Dominique de Villepin, il a reconnu, lors d’une audition le 6 janvier dernier par le cabinet du juge Van Ruymbeke, avoir des liens d’amitiés avec Djouhri depuis le milieu des années 1990 mais sans rapport avec les affaires de l’Etat.

(*) Plusieurs autres journaux ont rapporté, à propos du versement de 500.000 € à Claude Guéant, qu’Aref Mohamed, le beau-frère de Wahib Nacer, avait des liens très étroits avec Alexandre Djouhri … ? (Note de l’ARDHD)