13/02/2015 (Brève 450)Houssein Ibrahim Houmed nous fait parvenir la copie de la lettre ouverte qu’il vient d’adresser au Président de la République française. Nous la publions dans son intégralité sans commentaire.

Houssein IBRAHIM HOUMED                                                    
Professeur de Philosophie
Diplômé de l’Université de Paris-IV-Sorbonne
Militant du Parti Socialiste-Rennes Centre
Ancien candidat à l’investiture socialiste Municipales Rennes 2014
Ancien colistier de Jean-Yves Le Drian- Régionales 2010
Courriel : housseinphilo@gmail.com  

A Monsieur François Hollande
Président de la République Française

 

Rennes, le 13/02/2015

 

Objet : Soutenir la transition démocratique
            En République de Djibouti

 Monsieur le Président,

C’est en tant que citoyen Français originaire de la République de Djibouti que je viens par la présente solliciter auprès de votre haute bienveillance de bien vouloir soutenir la transition politique à Djibouti.

 Monsieur Ismaël Omar Guelleh, est au pouvoir depuis plus de 40 ans. D’abord en tant que Chef de cabinet de son oncle Hassan Gouled Aptidon de 1977 à 1999, ensuite  en tant que Président autoproclamé de la République de Djibouti, à partir de 1999.

Cet ancien policier est déjà cité dans plusieurs affaires par nos services de renseignements. Une note de la DGSE le décrit comme un « homme affairiste, corrompu et sans aucun scrupule moral ou humain». Il y a de cela quelques années, il faisait brûler ouvertement le drapeau français sous les fenêtres de l’Ambassade de France à Djibouti et il en faisait publicité. Il fait partie des personnes qui empêchent la République de Djibouti de se développer, en organisant le pillage de ses maigres ressources avec la complicité de sa tribu et le clan de son épouse qui ont institué un système de prédation, alors que les citoyens meurent de la malnutrition dans les villes et sont menacés de famine dans l’arrière-pays. La quasi-absence des soins et d’éducation s’ajoute à ce décor hors du commun et qui n’ont rien avoir avec l’indispensable mission confiée à la Francophonie. Dans le même temps, une jeunesse, désemparée, continue de fuir le pays qui ne lui offre aucune perspective d’avenir.

Ismaël Omar Guelleh est également l’homme qui a orchestré, durant la guerre civile de 1991-1994 des crimes de guerre, génocide et des « crimes contre l’humanité » contre la communauté AFAR. Quant aux tortures menées contre les opposants, sous son autorité en tant que chef de la Sécurité nationale depuis 1977, elles ont traumatisé plusieurs générations de Djiboutiens, en n’épargnant aucune communauté.

D’ailleurs, une plainte a été déposée par mes soins le 22 novembre 2013, contre le président autoproclamé de Djibouti, à la Cour Pénale Internationale (CPI).

Je ne veux pas que notre pays, la France, fréquente dorénavant des dirigeants politiques peu recommandables. Au moment où les médias annoncent la prochaine visite de notre ministre de la Défense à Djibouti, Monsieur Jean-Yves Le Drian, dont je fus un des colistiers lors des régionales 2010 dans la commune de Rennes, je me presse de vous rappeler que, dans un récent discours au Sénégal, vous avez affirmé que la France « serait du côté du peuple » dans le continent africain et qu’elle accompagnerait la transition démocratique. Vous avez cité comme exemple le Burkina-Faso où il venait de se produire une révolution qui a chassé le dictateur Blaise Compaoré.

Vous en conviendrez avec moi que 40 ans de souffrances, c’est trop ! La France ne devrait pas envoyer ses ministres et représentants de haut rang auprès du président autoproclamé Ismaël Omar Guelleh, avant que celui-ci ait donné des gages fiables et non des promesses sans lendemain. Toute visite officielle des personnalités du monde occidental est en effet interprétée par le peuple djiboutien comme un soutien apporté au dictateur.  

Nous savons que ses déclarations d’amour pour la Francophonie et la langue française, exprimées dans le magazine Jeune Afrique, relève de la pure falsification des vérités : « la francophonie nous protège, nous y tenons. L’Éthiopie  et Dubaï réclament des professeurs français djiboutiens ». Hier, il traitait les intellectuels djiboutiens francophones d’être de « purs produits de la France ». Il faut entendre par-là qu’il a peu d’estime de la France et des opposants « francophones ».

 J’ose espérer, Monsieur le Président de la République, que vous partageriez l’esprit de ces lignes et qu’au nom des valeurs défendues depuis son origine par le Parti socialiste, la France ne soutiendra plus les dictatures en Afrique. Je vous demande, Monsieur le Président de la République, de favoriser la démocratisation de la République de Djibouti et de l’Afrique francophone, ce qui serait une mission noble et légitime.  

Il est temps que La France, patrie des droits de l’Homme, rompt les relations de complaisance entretenues avec Ismaël Omar Guelleh dont je viens de vous décrire un portrait bien en-deçà de la réalité (en matière des crimes commandités dans toute la corne de l’Afrique).

Je vous remercie de l’intérêt que vous voudrez bien accorder à ma demande et vous prie de croire, Monsieur le Président de la République,  en l’assurance de mes respectueuses salutations.

Houssein IBRAHIM HOUMED