26/01/2016 (Brève 653) 1°) Selon plusieurs sources d’information en provenance de Djibouti, il semble que l’exfiltration du député Saïd Houssein Robleh ait été considérée comme un revers par les tenants du régime, qui n’avaient pas anticipé cela – 2°) Une opération secrète des services djiboutiens en cours de programmation sur le territoire belge ? (Equipe ARDHD)

Colère au Palais de l’Escale ?
On dit que le dictateur aurait « piqué » l’une de ses colères habituelles et légendaires en apprenant l’exfiltration du député Saïd Houssein Robleh. En réaction, plusieurs fonctionnaires des postes de contrôle aux frontières auraient déjà été frappés par des mesures immédiates de licenciement et c’est inacceptable.

Monsieur Saïd Houssein Robleh ne faisait l’objet d’aucune poursuite judiciaire et il avait un passeport en règle. Pour quel motif aurait-il dû être empêché de franchir la frontière avec l’Ethiopie ? Mais comme chacun le sait dans un état de non-droit le dictateur a tous les droits de vie, d’incarcération et de mort (et nous pesons ces mots) sur tous les citoyens, qui ne lui lèchent pas les pieds en lui jurant allégeance..

Le jeune député savait cela très bien et c’est la raison pour laquelle il n’a pas tenté de prendre un vol au départ de Djibouti.

Forte mobilisation pour obtenir son arrivée en Europe : un pied de nez à la dictature, qui l’avait blessé grièvement !
Comme on le sait, son évasion, puis la délivrance d’un visa pour l’Europe, sont le résultat d’une fantastique mobilisation de l’ARDHD en premier lieu, puis de plusieurs associations et ONG partenaires (FIDH, Survie, ACAT en particulier), de plusieurs élus au Parlement européen, des diplomates et des représentants de l’Union européenne à Bruxelles et à Djibouti.

Une prise en charge immédiate en France puis ensuite en Belgique.
Pendant son bref séjour à Paris, il a été pris en charge par l ARDHD et quelques amis djiboutiens établis en France et conscients de leur obligation de solidarité envers un concitoyen, victime, comme ils l’avaient été avant lui, de la dictature et de l’injustice. Il a pu passer un scanner pour évaluer les risques réels sur sa vie, puisqu’il a toujours une balle dans le cou.

Dès son arrivée à Bruxelles, Mohamed Alhoumekani et Ali Iftin ont pris le relais. Visites chez leur avocat, accompagnement au Service public fédéral de l’intérieur, accompagnement vers un établissement hospitalier en vue d’une opération d’extraction de la balle.

Bref en quelques jours à peine et grâce à l’action de ces deux personnalités, ce jeune député qui avait failli mourir sous les balles des milices spéciales de Guelleh a déjà obtenu un récépissé de sa demande d’asile et l’ouverture d’une couverture médicale, qui va lui permettre d’être rapidement soigné et probablement d’obtenir le statut de réfugié dans un temps record.

Des craintes en provenance de Djibouti
Des rumeurs convergentes laissent penser que Guelleh aurait envoyé cinq hommes en mission à Paris puis à Bruxelles pour « terminer le travail » sur la personne de Saïd Houssein Robleh.

Désormais MM Ali Iftin et Mohamed Alhoumekani, toujours susceptibles d’être visés et exécutés aussi par un commando des services djiboutiens sous l’autorité d’Hassan Saïd dit Madobe, ont réactivé leur plainte devant la Police belge avec demande de protection et aussi de surveillance de l’arrivée possible des sbires d’Hassan Saïd. Conjointement avec eux le jeune député va déposer sa propre plainte pour demander sa protection.

Compte-tenu en particulier d’actions tentées dans le passé (mais sans succès) par ces mêmes services sur le territoire belge, les plaintes sont prises très au sérieux par les services belges, qui mettent en place des mesures de protection des personnes et d’alerte de l’Ambassade de Djibouti à Bruxelles.

L’opposition toujours paralysée ?
Il est à noter que l’opposition djiboutienne reste très discrète au fond sur les événements du  21décembre et leurs conséquences. En dépit de quelques communiqués fort rares de condamnation, les observateurs ne notent pas de véritables accusations contre les auteurs, les complices ni les commanditaires des massacres, des exécutions sommaires et des tentatives d’homicide.

Probablement affaiblis dans des contradictions internes et des querelles de préséance, les leaders auraient-ils une fâcheuse tendance à s’affronter et à se neutraliser au sein de leurs propres organisations politiques ? Plutôt que de concevoir une feuille de route pour mettre en échec le régime et garantir l’après Guelleh, dans la paix, la sécurité et la justice pour toutes et pour tous.

Jamais nous n’avons eu connaissance d’un programme politique structuré et adapté pour répondre à la dégradation constante du pays, des services de l’état, de la justice, de l’éducation et de la santé et surtout pour répondre aux aspirations légitimes de la population.

Un tel programme est un préalable indispensable pour préciser les objectifs de l’opposition et la façon dont elle entend remettre le pays sur les rails, mais aussi pour rassurer le monde occidental sur l’avenir du pays. Mais…  il requiert un travail intense et sérieux. Est-ce ce combustible qui ferait défaut en ce moment ?

Sachant que désormais la mainmise progressive de la Chine, sur des fondements entiers du système bancaire, de l’économie et de la défense intérieure et extérieure, va vite devenir un réel handicap dans l’avenir, dès lors qu’il s’agira de conduire le pays dans sa souveraineté et vers la démocratie.

En laissant filer le temps, sans ne manifester de véritable réaction, les dirigeants de l’opposition accumulent les retards et demain Guelleh sera réélu pour un prochain mandat, avec tous les pouvoirs et l’immunité judiciaire nécessaire pour poursuivre son œuvre d’asservissement du pays et de cession de ses actifs à l’étranger. Demain il sera trop tard pour se plaindre.