30/03/2016 (Brève706) Le Parisien / Arcueil : dix femmes en grève de la faim contre les viols à Djibouti (Par Anne-Laure Abraham)

Le ParisienLien avec l’article du Parisien : http://www.leparisien.fr/arcueil-94110/arcueil-dix-femmes-en-greve-de-la-faim-contre-les-viols-a-djibouti-29-03-2016-5670441.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F

Allongées sur leurs lits de camp, certaines ont l’air bien fatigué. Depuis vendredi dernier, dix femmes djiboutiennes sont en grève de la faim dans un local de l’association Femmes solidaires à Arcueil. Leur objectif : dénoncer, à quelques jours de l’élection présidentielle de Djibouti prévue le 8 avril, les viols et les violences dont certaines ont elles-mêmes été victimes et dont sont victimes les femmes dans leur pays, à plus de 5 500 km de la France.

Grève de la faim - Djiboutiennes à Arcueil
Arcueil, ce mardi. Dix femmes djiboutiennes sont en grève de la faim depuis vendredi dans un local situé dans le quartier du Chaperon vert. Elles ont reçu la visite de la députée européenne (FG) Marie-Christine Vergiat (en manteau noir).(LP/A.-L. A.)

Sur place, les bénévoles s’organisent pour aider leurs protégées à travers une douche, un code wi-fi, du thé sucré. « C’est pas facile de rester sans manger, concède Fatouma, 29 ans, mais c’est le seul moyen d’interpeller les gens. » Aïcha Dabalé, représentante en France du comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l’impunité, l’affirme : les femmes, particulièrement les femmes Afar, peuple présent dans trois pays de la Corne de l’Afrique, font l’objet de viols de la part de l’armée gouvernementale djiboutienne depuis 1991. Deux femmes auraient été abusées il y a quinze jours. « Elles sont soupçonnées de sympathie à l’égard du FRUD (NDLR, Front pour la restauration de l’unité et la démocratie, un front armé opposé au gouvernement). On veut que ces viols soient reconnus comme crime de guerre et que les auteurs soient punis », avance-t-elle.

246 victimes ont été identifiées par l’association, mais il y en aurait bien plus selon le comité. « Personne ne veut prendre leur plainte par peur de représailles. L’impunité favorise la récidive et maintient la peur. Il faut que cela cesse », reprend-elle.

Arcueil, mardi. Une partie des grévistes de la faim se sont isolées au sous-sol car elles se sentent faibles. À droite, cette femme a été violée en 1993 lorsqu’elle était bergère. Sa plainte n’a jamais abouti. « Après ce que j’ai subi, c’était naturel d’être ici », confie-t-elle dans un souffle. (LP/A.-L. A.)

Et la France a un rôle à jouer selon les associations : « Elle a sa plus grande base militaire là-bas et elle sait ce qu’il se passe. Il faut qu’elle demande une enquête internationale aux Nations unies. On ne peut pas fermer les yeux », martèle Sabine Salmon, présidente de Femmes solidaires, qui soutient le comité depuis 1995.

L’association a écrit au ministère du Droit des femmes et va contacter le Président de la République. Marie-Christine Vergiat, députée européenneFront de gauche, compte demander une résolution au Parlement européen. « Peut-être y en aura-t-il une après les élections… », glisse-t-elle. Malgré plusieurs appels, l’ambassade de Djibouti en France n’a pas pu être jointe.