05/11/2018 (Brève 1224) Le régime de Guelleh à Djibouti : un Etat de Droit ? Non, un état aux pratiques de voyou ! (ARDHD)

Sans cesse, nous sommes informés de nouvelles affaires qui démontrent que le régime de Guelleh n’agit pas comme un Etat de Droit, mais comme un régime voyou où même l’application des décisions de justice est impossible à obtenir si elles mettent en cause le régime dictatorial et autoritaire.

Et pourtant il est n’est pas fréquent que les décisions de justice soient contraires aux directives du Palais de l’Escale. Il y a et il y a eu des juges courageux qui ont rendu des décisions en application du Droit, mais elles ne sont pas fréquentes. De nombreux juges préférant appliquer les ordres du Leader suprême pour garantir leur sécurité, leur tranquillité et leur carrière.

Prenons quelques cas :

– Celui de l’opposant Mohamed Ahmed Jabha. Détenu et torturé pendant des années sans jugement, la Cour suprême de Djibouti (dernier recours) avait prononcé un non-lieu des charges qui avaient établies contre lui. Malgré cela et en dépit d’une maladie en phase terminale, il avait été maintenu en prison à la demande du Premier Ministre (dont pourtant les pouvoirs sont très très limités à Djibouti).

– Cas du Pharmacien Jean-Pierre Piffre de la pharmacie de Djibouti. Exproprié par des décisions illégales, il avait obtenu une indemnisation significative par un jugement du 17 février 1991 de la Cour du Contentieux administratif.

Et pourtant il n’a jamais rien touché et pourtant il a mené des démarches nombreuses tant au niveau de Djibouti que de la France ou des institutions internationales. C’est un scandale à tous les niveaux, sachant qu’aucune autorité française n’a jamais levé le petit doigt pour l’aider à recouvrer sa créance, soit par voie de saisie sur des subventions et paiements de loyers qui sont versées à flot continu et qui transitent vers les poches de la famille « régente ».

– Cas de DPW authorities. Bien que n’étant pas informé des détails d’une opération qui nous dépasse, nous savons que Djibouti a expulsé DPW de la gestion du port dans lequel il avait investi de grosses sommes. Guelleh a sollicité un arbitrage international à Londres. Il a perdu et a été reconnu devoir un énorme montant à DPW ou l’obligation de lui rendre la concession du Port. Depuis cette date, Guelleh ne bouge pas.

Ces trois exemples, même s’ils sont symboliques, ne représentent qu’une partie infime des dénis de justice dont est victime la population de Djibouti : arrestations et incarcérations arbitraires, expropriations sans contre-partie, saisies des passeports et pièces d’identité, perquisitions sans mandat, gardes à vue qui se prolongent indéfiniment et tortures. Le tableau est effrayant.

Mais que peut faire un citoyen confronté à un Etat voyou. Il n’a aucune arme pour forcer l’autorité à appliquer les décisions de Justice et pour le forcer à appliquer la Loi et la Constitution. Alors que l’Etat en question dispose de tous les moyens pour contraindre un résident à exécuter des décisions justes ou injustes : saisie, incarcération, privation de nationalité (Plusieurs exemples dont celui de la famille d’Alhoumekani sont bien connus).

C’est le pot de fer contre le pot de terre. Et Guelleh se sentant invulnérable, pénalement immunisé continue à diviser pour régner et au fond, il encaisse l’argent qu’il stocke sous haute protection.