11/02/2019 (Brève 1282) La Présidence de la République française prépare-t-elle la tournée africaine en donnant des gages au dictateur Guelleh ?

La convocation de Mohamed Kadamy, d’abord au Commissariat de Police de Nanterre, puis après quelques jours seulement devant le Juge Serge Tournaire, pour une possible mise en examen peut surprendre à plus d’un motif.

++ L’extraordinaire rapidité de la justice, contre Kadamy, pourrait-elle avoir un lien avec le voyage programmé du Président de la République française ou l’extradition du terroriste Peter Cherif, qui était semble-t-il bien accueilli par Djibouti, avant l’intervention des enquêteurs français qui ont fini par retrouver sa trace ?

La justice n’est pas connue pour sa rapidité – plusieurs exemples montre qu’elle prend parfois son temps (très long) – pour répondre, aux commissions rogatoires émises par un pays étranger.

La rapidité de la réaction, en ce qui concerne Kadamy peut surprendre et force à se poser des questions sur un échange secret conclu entre Djibouti et Paris. Peut-être est-ce une idée farfelue de notre part, mais on pourrait imaginer un accord du style : » on vous donne un terroriste, mais nous extradez un opposant ». Et de finaliser l’accord avant le déplacement du Chef de l’Etat français.

Bien sûr, comme nous ne disposons d’aucun élément pour confirmer cette thèse, nous nous contenterons de considérer qu’il s’agit d’une simple hypothèse.

++ Application du droit pénal français pour des délits commis par un étranger à l’étranger. Question de compétence

Nous ne sommes pas juristes et eux seuls pourront répondre à la question. Ce que nous savions, c’est que désormais la justice française peut juger des crimes commis à l’étranger par des étrangers, … mais seulement certains crimes comme le génocide ou des crimes contre l’humanité, mais pas des affaires comme le détournement de matériels de transport.

Or le juge Serge Tournaire s’appuie sur les articles du Code pénal français pour justifier sa convocation. Bizarre, car on n’imagine pas que Kadamy puisse être jugé en France ! Le Juge prépare-t-il une procédure d’extradition pour faire plaisir à Guelleh et lui montrer que la France sait renvoyer l’ascenseur, afin d’attirer ses bonnes grâces… . Pour vérifier ce point, nous allons demander l’avis d’avocats.

Ne poursuivons pas plus avant ces interrogations. Ce contexte laisse supposer que la complicité de la France avec le régime dictatorial (certains disent sanguinaires) est intacte et que le nouveau Président marche dans les bottes de ses prédécesseurs, au moins en ce qui concerne la volonté affirmée de fermer les yeux sur le sort des malheureux djiboutiens, tout cela pour rassurer le dictateur sur les bonnes intentions présidentielles françaises.