21/03/2019 (Brève 1354) Le Parisien : Bagnolet accorde sa protection citoyenne à Mohamed Kadamy (Par Fanny Rocher)

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++ Mohamed Kadamy, réfugié politique djiboutien en France depuis 2006, a été mis en examen le 13 février dernier, à la demande son pays d’origine. Il est soutenu par sa ville d’adoption.

Quand on pose une question à Mohamed Kadamy, il nous fixe quelques instants avant de répondre, comme pour peser chaque mot. Depuis le 13 février, ce Djiboutien de 68 ans est mis en examen à la demande de son pays d’origine, alors qu’il a obtenu le statut de réfugié politique en 2006. Une décision « purement politique » selon lui, qui s’expliquerait par son rôle d’opposant au pouvoir djiboutien.

La ville de Bagnolet, où il réside, vient de lui accorder une « protection citoyenne » symbolique. Une soirée de solidarité est également organisée, ce vendredi soir au théâtre de l’Echangeur.

++ Plusieurs séjours en prison
« Dès le lycée », Mohamed Kadamy s’engage « contre le colonialisme ». Après l’obtention de son baccalauréat, il mène des études de droit à Paris. Il est très actif au sein de mouvements pour l’indépendance djiboutienne, proclamée le 27 juin 1977.

« Depuis son indépendance, le pouvoir à Djibouti a été confisqué par un clan qui écarte les autres groupes sociaux », déplore-t-il. Durant les années 1980, il effectue plusieurs séjours en prison, à cause de son engagement.

++ Il préside le Front démocratique de libération de Djibouti
En 1991, le Front démocratique de libération de Djibouti (FRUD) est créé et devient le principal parti d’opposition, dirigé depuis 2004 par Mohamed Kadamy. « Nous défendons l’idée d’une démocratisation du pays et du respect de toutes les communautés », explique le président du FRUD.

Le mouvement prend rapidement les armes, et Mohamed Kadamy continue la lutte depuis l’étranger. « En septembre 1997, le gouvernement éthiopien a demandé l’extradition des dirigeants du FRUD », se rappelle le Djiboutien.

++ Réfugié politique depuis 2006
Mohamed Kadamy va passer trois ans en prison, jusqu’en février 2000. Il s’installe alors à Bagnolet, avant d’obtenir le statut de réfugié politique en 2006.

Mais le 13 février, Mohamed Kadamy a été mis en examen, la justice française ayant accepté d’exécuter une commission rogatoire internationale émise par une juge djiboutienne.

Il est accusé d’avoir commandité la destruction de trois véhicules servant à transporter des militaires en septembre 2015, ce qu’il nie.