25/03/2019 (Brève 1358) Lettre ouverte du Sénateur Pierre Laurent a Jean-Yves Le Drian Ministre de l’Europe et des A.E. au sujet de Kadamy et de la déclassification des archives relatives à l’assassinat du juge B. Borrel à Djibouti

Monsieur le Ministre,

Je me permets d’attirer votre attention sur la situation alarmante de Monsieur Mohamed Kadamy, réfugié politique djiboutien en France depuis de très longues années. Président du Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD). Monsieur Kadamy a fui le régime djiboutien, connu pour être une des pires dictatures d’Afrique qui réprime, torture et assassine ses opposants.

Mis en examen le 13 février 2019 par le juge Serge Tournaire, il est aujourd’hui poursuivi au nom d’une commission rogatoire émise par la juge djiboutienne Lamisse Mohamed Saïd. Il est auditionné par le juge le 28 mars prochain.

Cet état de fait inquiète de nombreux citoyens et militants des droits humains dans notre pays, et un millier d’entre eux ont adhéré à un comité de soutien dont je suis partie prenante. L’inquiétude gagne de nombreux démocrates français attachés au droit d’asile qui, au-delà du seul cas de Monsieur Kadamy, voient dans ces pratiques un possible affaiblissement de la protection du statut des réfugiés politiques.

Mon collègue député Jean-Paul Lecoq vous a interpellé à ce sujet à deux reprises en commission. Par ailleurs la ville de Bagnolet a accordé symboliquement sa protection citoyenne à Monsieur Mohamed Kadamy.

La récente visite du Président de la République, Emmanuel Macron, dans trois pays d’Afrique dont Djibouti, me conduit à vous interpeller de nouveau. La situation de Monsieur Kamady et les inquiétudes qu’elle suscite étant largement publiques au moment de ce voyage, je vous serais reconnaissant de m’indiquer s’il a été fait état de ces inquiétudes auprès du pouvoir djiboutien, quelles réponses dans ce cas ont été apportées par les autorités djiboutiennes et quelles mesures le gouvernement français entend prendre pour assurer à Monsieur Kamady la protection de ses droits et de son statut de réfugié .

Par ailleurs pourriez-vous m’indiquer ce que les autorités françaises ont entrepris comme démarches concernant l’affaire du juge français Bernard Borrel assassiné à Djibouti en octobre 1995 et sur une possible déclassification des archives élyséennes qui pourraient contribuer à élucider les circonstances et les différentes implications de cet assassinat ?

Dans l’attente de votre réponse que j’espère rapide compte tenu de l’urgence de la situation, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations les plus distinguées.