23/05/2019 (Brève 1395) Les décisions de l’administration américaine à l’encontre de la Chine auront-elles un impact à Djibouti ? (Lecteur)

A l’heure actuelle nous n’avons pas une évaluation des conséquences, sur l’activité économique djiboutienne, des dernères mesures annoncées récemment par l’Administration américaine à l’encontre de la Chine. Nous espérons avoir une meilleure idée dans les prochains jours.

Déjà des rumeurs nous ont fait part d’une certaine fébrilité au niveau des dirigeants djiboutiens, mais nous n’en savons pas plus.

En revanche, grâce à publication de qualité, qui nous a été envoyée par un lecteur, nous savons que les mesures américaines, plus anciennes, ont et auront un fort impact sur les activités portuaires.

_______________________________ Signé Madhi A.
Retrait de la certification ISPS de Djibouti
par Mahdi A., mai 2019 (Human Village 36).

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Les gardes-côtes américains ont décidé d’imposer des restrictions de sûreté (ISPS) aux navires à destination des États-Unis depuis les ports de Djibouti, à l’exception de deux d’entre eux : le Doraleh Container Terminal (DCT) et le Doraleh Oil Terminal (Horizon). Le code ISPS (International Ship and Port facility Secutity [1]) fournit un cadre de gestion des risques qui vise à rendre l’industrie maritime moins vulnérable.

Cette notification serait la conséquence de plusieurs visites d’évaluation effectuées par les gardes-côtes américains, qui auraient relevé des défaillances graves. Les recommandations formulées – une première fois, le 18 aout 2016, puis notamment en février 2017, en mai 2018 et en septembre 2018 – pour corriger des manquements répétés aux standards internationaux de sécurité des installations portuaires n’auraient pas été suivies d’effets. Les modifications apportées seraient, selon les gardes-côtes, insuffisantes pour lutter efficacement contre le terrorisme et la détection et la prévention de tout acte illicite ou malveillant.

La mesure va porter un coup dur aux relations commerciales entre Djibouti et les États-Unis notamment en renchérissant pour les armateurs les coûts de transport. Les nouvelles mesures auxquelles seront soumis, à compter du 30 mai 2019, tous les navires venant de Djibouti arrivant aux États Unis, allongera les délais, et donc le coût, de l’acheminement de la marchandise.

Cette sanction peut évidemment impacter le niveau de fréquentation de certains de nos ports, dont notamment le Doraleh Mulipurpose Port (DMP) et le Port autonome international de Djibouti (PAID), puisque des armateurs pourraient être tentés de les éviter. D’ailleurs, comment cette réglementation risque t-elle d’affecter les millions de tonnes de denrées alimentaires de l’USAID à destination de la population éthiopienne acheminées à 100 pour-cent par des armateurs américains et dont le déchargement s’effectue jusqu’à lors, principalement au DMP ?

Comment ces derniers vont-ils réagir aux surcoûts engendrés par cette politique aux intentions très clairement définies ?

La concurrence portuaire régionale moribonde, peut se frotter les mains, l’oncle Sam vient de lui donner un extraordinaire coup de pouce…

Pour Djibouti, fière d’abriter sur son sol le Centre régional de formation maritime (CRFM [2]) – couvrant 21 pays -, dont l’une des thématiques concerne le Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (ISPS), c’est un véritable camouflet.

Maintenant interrogeons-nous sur l’étrange rapprochement entre cette décision – aux conséquences financières évidentes, et déplorable en terme de réputation portuaire pour Djibouti – et la déclaration de John Bolton du 13 décembre 2018 relative à la politique d’endiguement de la présence chinoise et russe en Afrique.

L’installation à quelques centaines de mètres du DMP de la seule base militaire chinoise à l’étranger peut-elle expliquer la décision prise par les gardes-côtes américains de lister Djibouti aux côtés de pays comme le Yémen, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye, le Venezuela, l’Iran ou l’Irak ?

Djibouti la belle ne se retrouve-t-elle pas, à son corps défendant, prise en étau dans une confrontation entre géants qui la dépasse ?

Elle commence à mesurer – tardivement – avec stupeur le large éventail du répertoire américain pour l’amener à revoir sa relation avec celui que l’on désigne comme « l’Empire du Milieu »… Comme dit le dicton, lorsque l’on veut se débarrasser de son chien, on dit qu’il a la rage.

Enfin, comment interpréter – si ce n’est de façon intentionnelle – le refus des gardes-côtes américains de désigner le Doraleh Container Terminal (DCT) sous son appellation légale et en vigueur depuis le 22 février 2018, comme la Société de Gestion du Terminal à Conteneur de Doraleh (SGTD) ? Peut-il s’agir d’une sorte de parti pris dans le contentieux qui oppose le groupe émirat, DP World, et la République de Djibouti, depuis la nationalisation contestée de l’infrastructure portuaire ?