22/06/2019 (Brève 1407) Programme des différentes manifestions organisées par Survie « Rwanda – massacre de Bisesero » (22, 26, 27, 28 et 29 juin 2019)

Lien avec le site de l’Association SURVIE : http://www.survie.org

Rwanda, 1994 : deux rescapés de Bisesero à Paris pour témoigner de l’inaction de l’armée française

Débutée le 22 juin 1994, l’opération Turquoise reste un des points de cristallisation du rôle de la France au Rwanda. Dans le cadre des commémorations des 25 ans du génocide des Tutsis et à l’occasion du 25ème anniversaire de cette opération militaire, Survie a invité à Paris deux rescapés de Bisesero, pour plusieurs événements du 22 au 29 juin, dont une commémoration publique sur les bords de Seine (opportunité photo/reportage). L’objectif est de faire connaître « le scandale français » de Bisesero, du nom de ces collines où l’armée française laissa sciemment des centaines de Tutsis se faire massacrer, du 27 au 30 juin 1994.
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Paris, le 21 juin 2019

Deux des rescapés tutsis de Bisesero qui ont déposé en 2005 une plainte visant les responsables militaires et politiques de l’opération Turquoise [1] viennent d’arriver à Paris :

Eric Nzabihimana est l’enseignant qui a arrêté le premier convoi de militaires français en présence de journalistes, le 27 juin 1994 (il figure à ce titre dans la bande dessinée de Patrick de Saint-Exupery et Hippolyte, La fantaisie des dieux, éd. Les Arènes, 2014).
Bernard Kayumba avait 25 ans en 1994 et était avec dans le groupe d’Eric quand les militaires français se sont arrêtés le 27. Quand ces derniers leur ont dit qu’ils allaient partir et revenir dans 3 jours, Bernard leur a demandé de les tuer tout de suite, avec leurs armes à feu, plutôt que de les abandonner aux machettes des miliciens.
Ils participeront avec Survie, et en présence d’avocats des parties civiles et de représentants d’associations de rescapés du génocide des Tutsis du Rwanda, à une
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Cérémonie publique de commémoration
de la Résistance des Tutsis de Bisesero et de leur abandon depuis Paris

++ Mercredi 26 juin, 18h, Port Solferino

en contrebas de la passerelle Léopold Sedar Senghor
(Quai Anatole France, 75007 Paris ; Métro « Musée d’Orsay », « Solférino » ou « Concorde »)

Le 26 juin 1994, des journalistes informaient des militaires français de l’opération Turquoise de la présence de Tutsis, traqués par les génocidaires, dans les collines de Bisesero : la résistance s’y était organisée, pour faire face collectivement aux attaques des tueurs.

Vingt cinq ans jour pour jour après cette première alerte, l’association Survie et des rescapés de Bisesero vous invitent à un temps de recueillement à la mémoire des dizaines de milliers de résistants de Bisesero et pour dénoncer l’absence d’ordre donné aux militaires français pour leur venir en aide.

Tandis que l’association Survie détruira les ordres d’intervention qui ne furent jamais donnés, les rescapés jetteront de la terre de Bisesero dans la Seine, là où de part et d’autre, entre les différents lieux de pouvoir français, des décisions ont été prises menant à l’inaction des militaires présents sur place, permettant aux massacres de se poursuivre.

Eric Nzabihimana et Bernard Kayumba participent à d’autres rendez-vous dans le cadre de la campagne « France-Rwanda, 1994 : 25 ans d’impunité » :

++ Samedi 22 juin, 10h-18h, colloque « Bisesero – L’opération Turquoise face au génocide des Tutsis au Rwanda »

Le samedi 22 juin, jour « anniversaire » du début de l’opération Turquoise, la FIDH, la LDH et Survie organisent un colloque à La Colonie pour confronter les regards de rescapés, témoins, avocat·e·s, magistrat·e·s et chercheurs·ses sur ces trois jours à Bisesero (programme détaillé ici).

++ Rencontres « Bisesero : 27, 28, 29 juin, les trois jours de trop »

Du jeudi 27 au samedi 29 juin, dates commémoratives de la poursuite des massacres de Bisesero au vu et au su de l’armée française, Survie donne rendez-vous aux Parisiens pendant trois jours sur la péniche El Alamein, amarrée à deux pas de la Bibliothèque Nationale « François Mitterrand ». Au programme, des rencontres avec des artistes et des journalistes, des témoignages de rescapés, des projections, des spectacles et des concerts (Voir le programme plus détaillé ici).

La campagne « 25 ans d’impunité »
Ces événements s’inscrivent dans le cadre de la campagne « France-Rwanda, 1994 : 25 ans d’impunité », initiée par l’association le 4 avril, en allant rapporter une caisse d’armes à Hubert Védrine à l’occasion de la publication du rapport « Déni et non-dits ». Survie réclame ainsi la reconnaissance officielle du rôle joué par la France et la fin de l’impunité dont jouissent les responsables militaires et politiques français, impliqués dans le soutien aux génocidaires.

Contact presse :
Thomas Borrel – (+33)6 52 21 15 61 – thomas@survie.org

Notes :
1. Rappel des faits : Le 22 juin 1994, le génocide contre les Tutsis du Rwanda est en cours depuis deux mois et demi lorsque les autorités françaises déclenchent l’opération Turquoise, avec l’objectif officiel de mettre fin aux massacres.

Le 27 juin 1994, à Bisesero, une hauteur surplombant le lac Kivu, des survivants tutsis reprennent espoir lorsqu’ils voient arriver un petit détachement de militaires français accompagné de journalistes. L’officier conseille aux survivants, qui implorent la protection française, de retourner se cacher, mais promet de revenir. Trois jours s’écouleront avant le retour de militaires français.

Entre temps, des centaines de Tutsis auront été massacrés par les génocidaires. Que s’est-il passé dans la chaîne de commandement militaire et politique française ? Y a-t-il eu une terrible erreur d’appréciation, ou ce délai traduisait-il la volonté délibérée de ne pas intervenir, au risque de faciliter l’extermination des Tutsis de Bisesero ?

C’est tout l’enjeu d’une instruction ouverte à la suite d’une plainte contre X déposée par six rescapés tutsis et que le pôle « Crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre » du tribunal de Paris s’apprête à enterrer.