30//07/2020 (Brève 1665) Le soldat Ismaël Ibrahim intronisé par Paulette dans l’ordre des Bourreaux

Ce samedi matin, une foule d’obligés du régime, triés sur le volet se pressait pour s’attribuer les meilleures places dans les tribunes qui avaient été hâtivement dressées devant le Palais de l’Escale, quartier général de la mafia dominante locale.

Il s’agissait, somme toute, d’un fait peu fréquent. Assister à la cérémonie d’intronisation du soldat Ismaël Ibrahim de la Garde républicaine dans le prestigieux ordre des Bourreaux de la République, présidé par Hassan Madobé dit Hassan Saïd, sous les auspices de son Président d’honneur et à vie S.E. Ismaël Omar Guelleh était considéré comme un honneur suprême..

La rumeur s’était rapidement propagée au sein des meilleurs mabrazes de la capitale, ce serait la Grande Paulette dite RPP (Reine Paulette de Pacotilles) qui remettrait personnellement les insignes de l’ordre à ce talentueux tortureur, capable de faire atrocement souffrir ses victimes, mais sans les tuer : ce qui démontre une grande expertise en la matière. (Application de la méthode chinoise ?)


Effectivement Paulette a fait son apparition, tirant par le bras son fidèle époux, nouveau père de la Nation, qui semblait encore plus hébété qu’à l’accoutumée. Mais la poigne solide de son épouse l’a aidé à marcher droit jusqu’au pupitre où ils devaient s’installer pour prononcer l’éloge du nouveau coopté.

Très rapidement, ne laissant aucune chance à son illustre époux, Paulette s’est emparée la première du micro pour prononcer un long (trop long ? ) discours, mal rédigé et émaillé des banalités probablement en usage au sein du couple, à propos de l’impérieuse nécessité de pratiquer la torture sans modération pour assurer la continuité du régime.

Puis, suivie de près par son Garde du corps, le chevaleresque Colonel « Berger » dit Mohamed Djama Doualeh, patron de la Garde républicaine, elle s’est dirigée vers le soldat Ismaël Ibrahim figé dans un garde-à-vous impeccable.

Elle a accroché la prestigieuse décoration sur la tenue du soldat en disant : « Au nom des pouvoirs que j’ai temporairement confisqués à notre illustre Président et candidat à un 5ème mandat, je vous intronise dans l’Ordre des Bourreaux de la République et je vous remets les insignes qui ne devront plus jamais vous quitter, tant que la justice ne se sera pas penchée sur vos actions ». (la foule se demanda quelle menace était cachée derrière cette dernière et perfide affirmation … une méthode habituelle chez elle, qui consiste à lancer des avertissements imprécis…)

Aussitôt après la musique militaire a lancé l’hymne djiboutien.

Toutes nos félicitations au nouveau membre de l’Ordre prestigieux des Bourreaux de la République.

Mais toutes nos pensées sont tournées vers sa victime, le malheureux soldat Youssouf Mohamed Ali, gravement blessé sous la torture puis jeté dans l’enfer de Gabode, privé de soins médicaux, souffrant le martyr et sans avocat pour assurer sa défense.