30/01/2000 – TCHAD: TROIS APPELS DU CMAP, EN FAVEUR DE L’ÉDUCATION, SUPRESSION DES CRÉDITS AU TCHAD, PLAINTES JUDICIAIRES CONTRE L’ANCIEN PRÉSIDENT Hissen HABRE

COORDINATION DES MOUVEMENTS ARMES ET PARTIS POLITIQUES DE L’OPPOSITION (CMAP)

COMMUNIQUE N° 001/CMAP/2000

La CMAP a appris sans surprise la grève des étudiants tchadiens à N’Djaména. Elle soutient fermement ces jeunes en lutte pour avenir et invite la population tchadienne à les aider.

La CMAP revendique la jeunesse du Tchad l’accès à l’éducation et à la formation dans des conditions décentes et ainsi que le droit à l’emploi pour les universitaires en fin de formation.
Mais il est de notoriété publique que le général Idriss Déby préfère piller les caisses de l’Etat et renforcer son potentiel de répression plutôt que de promouvoir le secteur de l’éducation, vital pour l’avenir du pays puisque vitale pour la formation de nos cadres et dirigeants de demain.

La CMAP exprime également son indignation devant les rafles menées par la soldatesque de Déby dans le Nord-Est du Tchad. Les victimes de ces opérations, des jeunes gens, mineurs pour la plupart, après avoir été parqués dans différents camps d’entraînement, se voient ensuite utilisés comme boucliers humains sur les pistes minées du Tibesti. Ces recrutement forcés, ces crimes contre notre jeunesse, sont passés sous silence.

La CMAP dénonce encore les perquisitions sans motif de nombreux domiciles n’djaménois menés manu militari par la GSP (Groupement de la sécurité Présidentielle).
Devant ces violations flagrantes des droits de l’Homme, la CMAP demande instamment à la communauté internationale et aux organisations de défense des droits de l’Homme d’intervenir auprès du gouvernement tchadien afin de l’amener à respecter les instruments internationaux qu’il a ratifiés, en particulier la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et la convention Relative aux Droits de l’Enfant adoptée par les Nations Unies.

En voilà assez ! La CMAP dit Non à toutes ces pratiques dictatoriales et plus que jamais est résolue à combattre la mafia au pouvoir à N’Djaména, pour un avenir meilleur, pour un État de droit, pour l’égalité de tous les Tchadiens devant la loi.

Fait le 12 janvier 2000

Le porte-parole de la CMAP
Antoine BANGUI

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COMMUNIQUÉ N° 002/CMAP/2000

La CMAP apprend avec satisfaction la résolution prise le jeudi 20 janvier 2000 par le parlement européen  » demandant la suspension des crédits publics alloués en faveur du projet d’oléoduc entre le Tchad et le Cameroun tant que les exigences sociales et environnementales n’auront pas été garanties « .
cette mesure, qui répond aux attentes du peuple tchadien, condamne implicitement le régime dictatorial en place à N’Djaména et retire au général Idriss Déby les ressources sur lesquelles il comptait pour renforcer et perpétuer son pouvoir.
La CEMAP, dont l’objectif est un développement harmonieux dans une alternative économique, s’oppose, dans les conditions actuelles, a toute extraction du pétrole sur l’ensemble du territoire tchadien. En effet, la mainmise du pétrole de Doba par les tenants du pouvoir, loin de permettre aux populations de profiter des retombées économiques les placera encore d’avantage sous la coupe du régime répressif et corrompu et, dans cette zone très peuplée du Sud Tchad, essentiellement agricole, contribuera à déstabiliser un environnement déjà fragilisé par de multiples agressions.
La CEMAP dénonce également la politique de la terre brûlée appliquée dans la région Nord du Tchad et le déplacement forcé des populations villageoises regroupées ensuite dans d’autres localités contrôlées par les forces gouvernementales. De sources concordantes, nous apprenons que villages et palmeraies sont détruits et incendiés, les habitants terrorisés et chassés de chez eux.
La CEMAP souhaite également attirer l’attention de la communauté et des institutions financières internationales sur les aides et crédits accordés au Tchad pour lutter contre la pauvreté et/ou améliorer les conditions de vie des populations. Comme dans toutes les dictatures où la transparence de l’utilisation de l’argent public n’est pas assurée, et contrairement à ce que nous serions en droit d’espérer, les fonds ainsi versés sont sciemment détournés par les fidèles inconditionnels placés à la tête de tous les projets de développement et contribuent surtout au renforcement du système d’Idriss Déby et à son enrichissement personnel.
La CEMAP demande une fois de plus à la communauté internationale de prendre des mesures qui s’imposent contre le régime terroriste du général Idriss Déby afin que cessent les exactions dont sont les victimes les populations civiles du Tchad.

Fait le 24 janvier 2000
Le porte-parole de la CMAP
Antoine BANGUI

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COMMUNIQUÉ N° 003/CMAP/2000

La CMAP approuve sans réserve les plaintes portées contre l’ex-dictateur du Tchad, Hissein Habré, qui a fait régner la terreur pendant neuf ans dans notre pays avec l’instauration d’un régime de délation et d’un appareil de répression sans précédent. Le livre blanc publié en 1991 fait état de plus de quarante mille personnes mortes ou disparues. Ce rapport est tombé dans l’oubli et le régime du général Idriss Déby, hier le principal bras armé de Hissein Habré avant de devenir son rival et son ennemi, n’a pas permis de faire justice et de poursuivre les bourreaux toujours en place sous cette nouvelle dictature.

L’impunité est depuis trop longtemps dans l’ordre des choses au Tchad. La CEMAP s’associe à toutes les victimes qui demandent réparation et fera tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir les associations qui luttent pour qu’enfin justice soit faite avec l’aboutissement des plaintes contre Hissein Habré pour  » crimes contre l’humanité et actes de torture « . elle considère que seul un acte de justice devant un tribunal international pourra faire prendre conscience à la communauté internationale des traumatismes subis par les populations tchadiennes jusqu’ici muselées.

La CEMAP estime également qu’au niveau national seule une Commission Justice, Vérité et Réconciliation permettra de démonter les mécanismes de violence afin que les plaies laissées par plus de trente ans d’affrontements se cicatrisent et que les tchadiens parviennent à reconstruire ensemble une société où toutes les communautés coexistent en paix dans un État de droit.

Fait le 28 janvier 2000
Le porte-parole de la CMAP
Antoine BANGUI