31/01/2000 – MONTÉE DE TEMPÉRATURE À ADDIS-ABEBA (Extrait des Nouvelles d’ADDIS)

Extrait du SITE DES « NOUVELLES D’ADDIS ».
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selon des sources éthiopiennes et occidentales concordantes, les prochains jours pourraient voir une « initiative éthiopienne forte » dans la guerre opposant l’Éthiopie et l’Érythrée depuis vingt mois.

CONTEXTE POLITIQUE. — au mois de mai, se tiendront des élections générales pour le renouvellement du Parlement éthiopien (Chambre des représentants des peuples et Chambre de la fédération). Même s’il est admis que l’opposition éthiopienne n’est pas en condition de « faire beaucoup de mal » au pouvoir en place, une élection reste une élection – d’autant que celle-ci est placée sous haute surveillance des institutions financières internationales – ; le risque d’une redistribution des cartes à l’intérieur même du pouvoir n’est pas à exclure. Dans cette perspective, les « libéraux-pragmatiques » misant sur le développement doivent tenir compte de la pression de plus en plus forte de « challengers » militaro-nationalistes par opportunité. Nécessité donc, pour les uns et pour les autres, d’adresser « un signe fort » à l’opinion naissante dans le pays ; et de le faire « maintenant », où bonnes conditions climatiques et montée en puissance du débat électoral coïncident. Ironie tragique, la « so!
lution » militaire pourrait se trouver privilégiée surtout pour ajourner les conflits internes du parti au pouvoir.

DEUX HYPOTHÈSES. — 1) La voie politique. Toujours possible, puisque, ces dernières semaines, nous avons constaté une survalorisation mutuelle de la scène internationale de la part de l’Éthiopie et de l’Érythrée, que ce soit pour relancer les initiatives (en Afrique et en Europe) ou pour remuscler le discours (aux États-Unis). Même si le résultat de cette stratégie n’est pas lisible aujourd’hui, une initiative diplomatique éthiopienne, de tonalité radicalement nouvelle (dans le seul cadre crédible, le plan de paix de l’OUA), en point d’orgue du nouveau cycle diplomatique, n’est pas à exclure. — 2) La solution militaire. Très crédible, celle-ci pourrait prendre la forme d’un « gros coup de pouce », pour reconquérir des zones chères à l’Éthiopie, dans la région de Zala Anbessa (nord)

L’HYPOTHÈSE MILITAIRE. — Des Éthiopiens d’Addis-Abeba, en voyage privé dans le nord du pays (entre Addigrat et Meqellé, 100 km du front), nous ont rapporté cette semaine que « la circulation serait fermée aux civils dans les quinze prochains jours ». Par ailleurs, on note un regain de « sujets guerriers et nationalistes » à la télévision éthiopienne, comprenant « certaines images subliminales de victoire ». Propagande subtile, pour le moment. Mais des voix se font entendre, parmi les jeunes de la capitale notamment, critiquant « le parti du nord », coupable selon eux de mener « une politique guerrière contraire aux intérêts du pays ». S’ils veulent étouffer les effets de ce mouvement pacifiste naissant, dangereux dans la perspective électorale, les tenants de la solution militaire et ceux qui pourraient s’y trouver contraints devront agir vite. —
AA — 30/01/00 — © LNA 2000