10/02/2000 – Libération de prisonniers: l’accord de paix entre en application à Djibouti (PAPIER JOURNEE) par Khaled HAIDAR.

DJIBOUTI, 10 fév (AFP). L’accord de paix signé le 7 février à Paris entre le régime de Djibouti et la rébellion armée est entré en application jeudi avec la libération d’une trentaine de prisonniers afars et de trois soldats djiboutiens.

Vingt-huit détenus du Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD) ont quitté jeudi après-midi, sous les youyous des femmes, la prison de Gabode, dans les faubourgs de la capitale, où il ne reste, selon les autorités, plus aucun membre de la rébellion afar.

Un 29ème détenu afar, Mohammed Daoud Chehem, avait déjà été libéré en début de semaine pour se rendre en France au chevet de son frère malade.
Trois militaires djiboutiens détenus par la rébellion sont également arrivés jeudi à Djibouti.
Parmi les rebelles libérés, figurent l’ancien représentant du FRUD en Europe, Mohamed Kadame, et un commandant rebelle, Ali Maki.

Refusant toute déclaration, les anciens prisonniers sont allés fêter leur libération autour d’un repas dans le quartier d’Einguelleh, au centre de la capitale, a rapporté un correspondant de l’AFP.
Seize d’entre eux avaient été extradés en septembre 1997 par l’Ethiopie et 12 avaient été arrêtés lors d’accrochages ou d’opérations de ratissage menées dans le nord du pays par les forces gouvernementales. Aucun n’a été jugé.

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme avaient dénoncé leur détention sans procès.
L’accord de paix, signé à Paris par un représentant du régime de Djibouti et par le président de l’aide radicale du FRUD, Ahmed Dini, en exil en France, prévoyait la libération des prisonniers dans les deux camps ainsi que la suspension des hostilités.
Selon M. Dini, le régime détenait au total 47 « prisonniers politiques », les 29 du FRUD et d’autres appartenant à l’ethnie issa, majoritaire.
Mercredi, une source judiciaire avait indiqué que les prisonniers afar refusaient de quitter la prison sans 23 autres détenus issas, arrêtés en avril et septembre 1998 après la tentative de formation d’une guérilla armée dans le sud et la découverte d’une cache d’armes.

Le procureur général de Djibouti, Ali Mohammed Ardon, a déclaré à l’AFP qu’une dizaine d’entre eux, impliqués dans l’affaire de la cache d’armes, seront présentés samedi devant le tribunal correctionnel, où le parquet ne réclamera qu’une peine égale à leur détention préventive pour permettre leur libération.
Le procureur a ajouté qu’une loi d’amnistie concertant les militants du FRUD était en préparation. Cette loi, qui doit être bientôt adoptée par l’assemblée, facilitera le retour et l’intégration des rebelles qui se trouvent encore dans le maquis, a-t-il précisé.

Le FRUD est un mouvement de rébellion lancé au début des années 1990 parmi les Afars, la secondes ethnie du pays, principalement installés dans la moitié nord de Djibouti, frontalière de l’Ethiopie et de l’Erythrée.

Après plusieurs années de violence, une partie du FRUD a signé en 1994 un accord de paix avec le pouvoir du président d’alors, Hassan Gouled Aptidon, tandis que l’ancien Premier ministre Ahmed Dini avait maintenu la lutte armée.

Depuis 1994, le conflit s’était caractérisé par des accrochages sporadiques dans le nord.
Les harcèlements du FRUD, les opérations punitives de l’armée et les mines posées par l’un ou l’autre camp ont fait de nombreuses victimes, sans qu’aucun bilan ne soit disponible.

Ancienne colonie française, Djibouti accueille la plus importante base militaire de la France en Afrique.