12/04/2000 – Le TRENTIÈME numéro de LA LIBERTÉ

Le premier numéro est paru sous le N° 0. Ce numéro est donc le trentième.

Nous avons lancé ce nouveau journal pour combler un vide … le vide de la presse libre d’opposition à Djibouti. En septembre 99, les derniers journalistes en liberté venaient d’être arrêtés et condamnés. Leurs journaux : « Le Renouveau » et « Le Temps » étaient interdits de parution.

Aujourd’hui la situation semble se calmer à Djibouti et nous enregistrons des témoignages et des faits qui vont dans le sens d’un retour aux Respects des Droits de l’Homme :

– La majorité des prisonniers politiques ont été libérés,
– La circulation deviendrait possible dans le Nord, ce qui laisse entendre si non la fin du blocus alimentaire, tout au moins une détente importante,
– Le cessez-le-feu semble respecté,
– « Le Renouveau » est reparu pour la première fois la semaine dernière.

Notre mission « journalistique » pourrait donc toucher à sa fin, puisque nous n’avons aucune intention de concurrencer les journaux d’opposition djiboutiens qui effectueront leur travail mieux que nous, à condition que le pouvoir leur en laisse la possibilité …

Cependant, nous continuerons de mettre à jour régulièrement le site qui constitue la source d’information la plus riche sur les événements survenus à Djibouti depuis février 1999 et même auparavant. Il permet aux Djiboutiens émigrés en particulier aux USA, au Canada, en Hollande, dans l’Europe du Nord, en Angleterre et en France de recevoir une information « quasi en temps réel » sur leur pays d’origine.

Pour continuer cette action et si les directeurs le souhaitent, nous utiliserons en priorité les informations publiées par les journaux d’opposition. (il leur suffira de nous les transmettre par Fax ou mieux par E-Mail).

Tout au long de cette période, nous avons reçu de nombreux encouragements, des témoignages d’amitié et de soutien. Nous avons aussi fait l’objet de critiques acharnées et permanentes, probablement à l’initiative du pouvoir ou sous son contrôle. Nous avons aussi reçu des lettres critiquant telle ou telle prise de position / information. C’est la vie d’un journal…

L’Action de l’ARDHD se poursuivra sur le plan du Respect des Droits de l’Homme et de la lutte contre toutes les violations dans ce domaine. Les sujets d’actualité sont :

obtenir la libération des 24 enfants injustement emprisonnés à Gabode, ce qui est un scandale sans précédent,

obtenir la libération des 6 prisonniers politiques djiboutiens et des 10/11 adultes OROMO emprisonnés aussi à Gabode,

obtenir que Djibouti demande à l’Éthiopie de libérer Amir ADAWEH, journaliste djiboutien incarcéré dans des conditions inhumaines et qui, victime de ses geôliers, aurait été blessé gravement aux deux jambes.
Notre mission a contribué à l’amélioration des conditions des D.H. à Djibouti. Personne ne pourra jamais mesurer la part prise par notre Association dans le processus « de normalisation ». Cela est sans importance dès lors que des succès tangibles ont été obtenus. Il est certain que la diffusion en temps réel de l’information dans le monde entier (près de 50.000 pages lus par mois) a permis d’exercer une pression sur les autorités djiboutiennes et les a certainement fait réfléchir à l’impact de leurs actes sur l’opinion publique internationale.

Nous avons réalisé un effort très important pour assurer la mise à jour quotidienne (parfois 4 fois par jour) du journal, mais nous le regrettons pas, car nous avons le sentiment :

d’avoir aidé les prisonniers politiques à supporter leur incarcération, puisqu’ils n’étaient pas oubliés au fond de leurs cellules,
d’avoir contribué à aider le peuple djiboutien durant les périodes noires.
Nous remercions tous ceux qui nous ont transmis des informations, parfois au péril de leur liberté et plus particulièrement Jean-Paul Noël ABDI, Président de la LDDH qui n’a jamais failli à son devoir d’information, en dépit de tous les harcèlements policiers dont il était la victime permanente.

Nous saluons les accords de Paix qui ont été signés. L’action d’Ahmed DINI a permis d’obtenir ces améliorations, mais il ne faut pas oublier Ismaël Omar Guelleh qui, dans le contexte, après des années de dictature et de répression féroce, semble se résigner à accepter une ouverture timide vers la démocratie, (quelles que soient ses motivations personnelles…)

Nous remercions aussi tous les lecteurs assidus et tous les abonnés qui ont contribué au succès de ce qui était un véritable défi à l’origine, car nous n’avions aucune idée de l’auditoire possible pour le journal, d’autant plus que le régime faisait régulièrement « couper » la connexion à notre site à partir de Djibouti, comme il le fait pour RFI.

Nous restons très vigilants face à l’évolution de la situation des Droits de l’Homme à Djibouti, prêts à reprendre nos actions immédiates en cas de violation et toujours « sur le pont » pour obtenir les dernières libérations de prisonniers et en particulier celles des 29 enfants dont 18 OROMO et 11 DJIBOUTIENS. Nous participerons aussi à toutes les actions visant à obtenir une assistance médicale (médicaments, personnel médical) pour le Nord.

Si la situation des D.H. est confirmée par de nouvelles améliorations, LA LIBERTÉ pourrait décider d’interrompre sa parution dans les semaines à venir.

Jean-Loup SCHAAL
ARDHD