24/05/2000 – ENFIN UNE ANNONCE OFFICIELLE CONCERNANT LA LIBERATION DES ENFANTS MINEURS INNOCENTS, INCARCERES DANS LA SINISTRE PRISON DE GABODE.

Hier soir (21/05/2000) la télévision de Djibouti a montré un reportage sur Madame HAWA AHMED YOUSSOUF Ministre déléguée chargée de la Promotion de la Femme et du Bien-Etre familial effectuant une visite à la sinistre Prison de Gabode.

C’est la première fois qu’ elle s’y rend et qu’elle feint s’intéresser aux femmes détenues à qui elle s’est contentée de distribuer à chacune un exemplaire du Saint Coran lequel n’a dû rien lui coûter car la plupart des pays musulmans de la région offrent régulièrement des quantités énormes du Livre Saint.

En réalité ce fut le stratagème grossier que le régime a trouvé à cours d’idées pour lui faire visiter en même temps qu’à la télévision les locaux des mineurs miraculeusement réhabilités en partie seulement depuis la campagne déclenchée à la suite des révélations faites par des personnalités et par votre journal.

Inutile de dire qu’elle n’a rien fait de plus que passer faisant montre d’une curiosité qu’il ne serait pas exagéré de qualifier de malsaine.

Le mêrne qualificatif devrait s’appliquer aussi mais avec plus de dégoût au représentant de l’UNICEF lequel a, très curieusement, le même jour effectué  » une visite éclaire à la Prisonn Civile de Gabode  » selon les termes mêmes employés par les scribes du régime et reproduits dans la Nation du 22 mai 2000.

Selon cet organe de propagande du régime, aussitôt après son arrivée et son accueil en fanfare par tous les responsables de cette tragédie  » le représentant de l’UNICEF s’est rendu dans le quartier des enfants mineurs au nombre 23. Il s’est enquéri de leur situation pénale, de leurs conditions de détention et des loisirs « . La feuille de choux en question continue:  » contrairement aux allégations de certains esprits haineux qui font de la Prison civile de Gabode, un cheval de bataille politique, le représentant de l’UNICEF constate de ses propres yeux, combien ces gosses d’origine éthiopienne et somalienne, inculpés pour usage de drogue, sont bien traités à l’intérieur de l’ établissement pénitencier. Ils sont isolés dans un bâtiment à eux, éloignés de la population adulte. Ils ont deux heures de loisir par jour où ils s’adonnent à des activités sportives.

A l’intérieur, ces gosses disposent d’un canevas de jeux variés, jeux de cartes, de domino. Au 13 juin prochain, ces derniers seront libérés après avoir purgés leur peine  »

NB le texte est livré avec les fautes.

Bien évidemment nous ne pouvons que nous réjouir de l’annonce de la libération prochaine de ces pauvres enfants tout en nous inquiétant de ce qu’ils vont devenir après le 13 juin. C’est pourquoi je me demande s’il ne serait pas possible de solliciter vos amis pour qu’ils saisissent sans délai Monsieur KOFI ANAN ainsi que le Directeur de l’UNICEF pour leur demander expressément de veiller personnellement ou par un mandataire spécial qui travaillerait en étroite collaboration avec le Président de la Ligue Djiboutienne des Droits Humains et le Vice-Président de l’UIDH pour suivre sur place la situation des 23 enfants car il est à craindre que le pouvoir djiboutien s’en débarasse en plein désert sans autre forme de procès.

L’envoi d’un représentant spécial est absolument indispensable du fait de l’incurie du représentant en exercice de l’UNICEF. Malgré la campagne lancée sur Internet dont tous Djiboutiens sont au courant car le régime a multiplié les interventions sur ce sujet, le représentant de l’UNICEF ne s’est penché sur la situation de ces enfants malheureux qu’après la convocation du régime afin de lui servir d’alibi télévisé. S’il avait fait son travail il se serait rendu compte que ces enfants étaient privés de tout déjà avant leur arrestatIon (il y en a encore d’autres dans les rues) puis au moment de leur arrestation et leur  » jugement  » car ils n’ont pas été assistés d’un avocat : ce qui constitue une cause de nullité d’ordre public. (*)

Plus grave encore le représentant de l’UNICEF, alibi du régime, n’a pas pris soin de vérifier si dans les autres parties de la sinistre prison il se trouvait ou non d’autres mineurs détenus avec des adultes d’autant plus que tous les témoignages concordent pour dire que les mineurs sont au nombre d’au moins 29 ainsi que cela a été publié par la Liberté.

Il ne s’est pas non plus demandé ce qu’ était devenu la réhabilitation effectuée par I’UNICEF notamment du Centre d’éducation surveillée complètement délabré et retapé sommairement à la suite de la publication des révélations de Monsieur KADAMY Il ne s’est pas interrogé sur l’absence d’enseignant sur les lieux Il a soigneusement évité d’interroger un seul de ces enfants malheureux dont la plupart a subi les pires atrocités.

(*) PS Je vous adresse aussi ci-joint l’arrêt n°17/P/AG du 16/4/2000 qui confirme la nullité d’ordre public dont il est fait état ci-dedans dans un cas similaire concernant des adultes ! !

Il me semble qu’il serait bon de publier cet arrêt et de féliciter les membres de la Cour Suprême qui l’ont rendu en prenant soin de signaler qu’il faut espérer que les autres juges s’en inspireront désormais.

Pour quelles raisons mystérieuses des enfants n’ont pas bénéficié de ce cas de nullité qui les concernait pourtant ? Parce qu’ils sont mineurs et sans défense ?