17/06/2000 – Note d’information sur le déroulement de la Conférence d’Arta et sur les réaction

LIGUE DJIBOUTIENNE DES DROITS HUMAINS
L. D. D. H.
Le Président NOËL ABDI Jean Paul
SIÈGE Q. V. BOULEVARD DE GAULE
B.P. 74 DJIBOUTI
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NOTE D’INFORMATION N° 12/LDDH/2000 du 15 juin 2000

I Sur la Conférence somalienne à Arta (Complémentaire à la Note N°12/LDDH/2000 du 7 Juin).

Attention : Une décision non écrite peut en cacher une autre

A) Sur une nouvelle répartition
Après les répartitions A et B qui figurent dans notre précédente Note d’Information, nous avons pu obtenir la dernière proposition, qui est la suivante :

C :

1) DAROD 160 + 23 Femmes = 183 = 19,97
2) DIR 200 + 29 Femmes = 229 = 25
3) HAWIYE 160 + 23 Femmes = 183 = 19,97
4) OTHERS 80 + 12 Femmes = 92 = 10,60
5) RAXAWEN 160 + 23 Femmes = 183 = 19,97
6) Deeq (accordé au Président
djiboutien) 40 + 6 Femmes = 46 = 5,30

_______ _______

Soit 916 Délégués 100 %

La partie la plus délicate, la plus dure pour les organisateurs était celui d’imposer ou de faire accepter, les répartitions tribales des membres de l’Assemblé des Grands Electeurs,
dont la dernière proposition (ci-dessus) a été directement peaufinée par Monsieur Ismael Omar Guelleh. Nous ne savons toujours pas si cette dernière proposition a été retenue ou non. Toutefois nous verrons plus claire le 15 Juin 2000 lors de l’ouverture officielle et définitive, néanmoins il est étonnant d’apprendre que :
le 13 Juin la BBC a annoncé que les Dir n’ont pas voulu signé la dernière proposition qui leur donne 200 Délégués .

B) Sur les nouvelles réactions et leur impacts.

Dés la parution de notre Note d’Information dans  » La Liberté  » des personnalités nous ont informé l’omission d’un passage important, de l’interview du Président Egal, dans le résumé de la Note d’Information n°11/LDDH/2000 du 7 Juin. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour cette omission, que nous allons reprendre ci-dessous.
Nous tenons à remercier Jean-Loup Schaal qui diffuse immédiatement dans  » Liberté  » toutes nos communications et nous sert de support médiatique international.

1) S.E.I.H.Egal (Partie omise dans le résumé de l’interview par la BBC du 3 Juin 2000)

Après avoir affirmé que le Somaliland n’était pas du tout opposé à la réconciliation somalienne, bien au contraire, a précisé le Président Egal :  » nous apprécions toutes les démarches qui vont à ce sens « , même si le Somaliland ne se sent pas concerné par cette réconciliation car le Somaliland n’est pas en conflit. Mais l’un des points, où nous ne sommes pas d’accord, découle de la première expérience de réconciliation somalienne qui s’était déroulée à Djibouti et l’élection d’un Président de la Somalie lors de cette conférence qui avait engendré un bain de sang dés le retour du Président issu de cette conférence à Mogadiscio.

Les fractions rivales ont contesté par la violence cette nomination tout en refusant de le reconnaître comme Président. Ce fut le début d’une guerre civile très sanglante. Aujourd’hui encore le Président Ismael reprend le même scénario en disant qu’il va construire un gouvernement somalien.

Il a émis un certain nombre de conseils, notamment les faits que la guerre civile n’a aucun sens. L’exemple des Hutus et des Tutis en est la preuve, et l’expérience nous a montré qu’aucune tribu ne peut vaincre une autre tribu et que la guerre tribale est donc absurde. Sur cette Conférence, il a cité un proverbe somalien  » Nin aan ila furayni, yun nu i raarin awr keega. (Celui qui ne va pas décharger mon chameau, ne doit en aucun cas le charger Traduction approximative).

Et de préciser, qu’il faut éviter la nomination d’un gouvernement qui comme en 1991 pourrait être violemment contesté. Après avoir encouragé les conférenciers il a suggéré à ce qu’ils regagnent leur territoire et de procéder à l’intérieur de la Somalie la désignation du Président et du gouvernement.

En un mot il a dit :  » Il faut réserver et faire la cuisson de vos décisions dans votre pays « .

2) Interview de Monsieur Osman Atto (Interview à la BBC à son retour à Mogadiscio de Hargheisa).

Dans le cadre des consultations, je me suis rendu a Hargheisa en compagnie d’une importante délégation en accord avec les responsables du gouvernement de la Somaliland. Nous sommes convenus de s’opposer, à tout ce qui est au contraire aux intérêts et au bon fonctionnement de nos deux pays. Nous sommes convenus également à chercher et trouver une solution définitive et durable aux problèmes somaliens dans le cadre de consultations permanentes.

Je viens d’effectuer un voyage fructueux au Somaliland et nous avons constaté qu’un progrès exemplaire et énorme a été réalisé et nous nous sommes mis d’accord pour une concertation périodique et permanente dans le but de trouver une paix harmonieuse dans notre région.

Le Président djiboutien avait déclaré, a dit Mr Atto, que les problèmes somaliens ne concernent pas une partie des somaliens, et c’est ainsi que dés le début il a procédé au partage des somaliens. C’est dans cet esprit de division que la Conférence de Djibouti a été convoquée, et nous pensons que cette Conférence ne répond pas aux aspirations du peuple somalien. Mr Osman Atto pense que les problèmes de la Somalie reviennent aux somaliens et c’est à eux d’organiser la tenue d’une Conférence de Réconciliation Nationale. D’ailleurs plusieurs démarches de bonne volonté sont en cours et c’est ainsi que je me rendrais prochainement au Puntland, Baye et Bogol dans le cadre des concertations régionales, afin de mettre sur pied des structures nécessaires pour la paix et le développement .

3) Interview du Ministre des Affaires Etrangères de la République Djibouti à la BBC le 12 Juin 2000

La BBC a interviewé le Ministre des Affaires Etrangères djiboutien sur les propos de certains responsables politiques somaliens tel que, le Secrétaire Général de la R.R.A et le Président de l’Etat du Puntland, ce dernier avait récemment reproché au Gouvernement djiboutien le non-respect de la libre circulation de leurs délégations ainsi que le contrôle imposé sur leurs communications extérieures. Le Ministre a qualifié ceux-ci de non-fondés, en outre, il a cité cité un proverbe somalien :  » Niin daad qaday xumboo cuskay ( Un homme emporté par un torrent s’accroche aux écumes) .

Le Ministre a affirmé, que la majorité des participants est déjà à Djibouti et  » nous attendons les autres, qui doivent venir dans les 2 jours qui suivent « . Il a qualifié de succès les travaux de cette première phase, qui ont été entrepris et clôturés par les chefs coutumiers somaliens . Cette 2éme phase a pour objectif la formation d’un Gouvernement ,d’un Parlement et d’une Constitution, dont la durée est provisoire (2 ans). Pour le Ministre djiboutien les travaux de cette deuxième phase, de l’Assemblée des Grands Electeurs n’est qu’une simple formalité, puisque la phase la plus délicate est déjà finie.

Durant les négociations de la 1er phase certains conférenciers somaliens ont été choqués par des propos déplacés et intimidants du Ministre des Affaires Etrangères et surtout de l’Ambassadeur de Djibouti à New-york, Mr. Robleh Olhayé . De tels malheureux incidents ne sont que regrettables.

Le 14 Juin le Représentant des Nations – Unies, Mr DAVID STEVEN a confirmé, dans une brève déclaration à la RTD , que la première phase des consultations ne s’est terminée qu’hier le 13 Juin .De cette brève déclaration, aucune information importante n’a pu être filtrée ni retenue. Il s’est contenté tout simplement, de nous dire qu’il informe régulièrement les Nations – Unies sur le déroulement de cette Conférence.

C) Ouverture de la conférence Somalien d’Arta

Le 15 Juin 2000, s’est ouverte et pour la seconde fois d’une manière solennelle la conférence somalienne pour les travaux de sa seconde phase qui doivent se dérouler du 15 au 25 Juin 2000, et dont l’ordre du jour porte sur trois points : Election, par l’Assemblé des Grands Electeurs (dont on ne sait pas jusqu’à présent le nombre exact et sa composition). Des 170 membres du prochain Parlement Somalien, du Président et des membres du gouvernement somaliens, d’une Constitutions, qui sont provisoires pour deux ans.

Le Président de la République de Djibouti, a prononcé un long discours d’ouverture de cette seconde phase. Ce discours important a été néanmoins, trop dogmatique et tournait autour de la nécessite de réalisation d’une véritable justice pour le peuple Somaliens . Cette justice, le peuple djiboutien le désire et le réclame vivement, mais nous sommes sujet au principe de :
 » Ne faites pas ce que je dis, et ne faites pas attention à ce que je fais . »
Selon le journal de l’Etat :
 » la nation l’accord global entre les communautés somaliennes porte sur six points qui préconise,  » Le rétablissement de la paix entre toutes les communautés somaliennes  » et invite les parties en conflits à  » restaurer la concorde « .
Partant de ce principe, l’accord appelle les Somaliens à mettre en place  » un Etat prenant en compte les aspirations de toutes les composantes nationales.  »
Le troisième point de l’accord met en exergue  » La nature sacrée de l’unité de la nation somalienne  » .
Le quatrième volet de l’accord d’Arta enjoint les Somaliens à procéder à « la restauration des biens mobiliers et immobiliers de l’Etat somalien « .
Le document exhorte les communautés somaliennes à réparer les préjudices moraux et matériels qu’elles se sont infligées tout au long d’une décennie de guerre civile. L’accord laisse le soin au futur Etat de trouver une solution à ces questions. Le volet numéro cinq de l’accord exige que les Somaliens respectent les Droits de l’Homme. Le dernier point de l’accord d’Arta appelle la Communauté International à  » soutenir la Conférence d’Arta et à reconnaître l’Etat qui émerge de ces pourparlers de paix « .

D) Dernières informations en provenance du PUNTLAND
diffusées par la BBC Somali-section du 15 Juin 2000

A la suite du retour d’Arta de la délégation de l’Etat du Pundland. Le Président ABDILLAHI YOUSSOUF HAJI SAID a tenu une session extraordinaire du Gouvernement et du Parlement en vue de s’informer sur le mode et la modalité du déroulement de la Conférence d’Arta.

Cette réunion extraordinaire coïncide à un moment où un événement Politique controversé, inquiète les dirigeants du Puntland sur les décisions futur de la Conférence de réconciliation nationale sur la Somalie. Les membres de la délégation qui ont quitté Djibouti ont été invité à donner des informations sur le contenu et le développement de la Conférence d’Arta . Un membre de la délégation Ougaz ABDILLAHI ISSA a confirmé qu’il excite des divergences de fond mais cela, n’empêche pas de continuer les réunions.

HAJI ALI FARAH a été très préoccupé sur les objectifs fondamentaux de cette Conférence .Il pense que la République de Djibouti a déjà préparé la Constitution d’un gouvernement qui sera formé à Djibouti.

Avant la tenue de la réunion extraordinaire onze membres de la délégation se sont adressé devant une foule importante, rassemblée dans un lieu public. Mais la foule a manifesté sa profonde déception suite à leurs déclarations contradictoires et non convaincantes et surtout le manque de cohésion et de concordance de leur délégation. Personne ne peut dire aujourd’hui, si les membres de cette délégation regagnera Djibouti pour poursuivre les travaux de la Conférence de Réconciliation sur la Somalie.

E) Point de vue de la LDDH.

 » Djibouti petit pays par sa superficie, mais grande par son peuple, grandeur que reflète la pureté de son cœur « . Cette phrase réchauffante et réconfortante a été prononcée par les conférenciers somaliens ce qui ne peut que nous encourager.
L’appel du Président Djibouti devant l’Assemblé Générale des Nations – Unies n’était pas sans fondement. Car le Président a réactualisé les problèmes somaliens devant la Communauté Internationale et ça, c’est une bonne chose. Ainsi la tenue de la 1ère Conférence de la sensibilisation de l’Etat actuel de la Somalie était également un succès malgré, que le gouvernement Djiboutien n’a pas tenu compte des recommandations des sages et des intellectuels réunis à cet effet à la Maison du Peuple à Djibouti-ville

Ainsi, il n’échappe à personne que la tenue de la 1ère phase de la Conférence de réconciliation Nationale somalienne à Arta a été trop prématurée et hâtive. Malgré cela, la Conférence a permis quand même de se rencontrer, de se consulter, d’échanger des points de vue, même si tout les différentes tribus ou sous- tribus qui composent la Nation Somalie ne sont pas d’accord sur le fond des problèmes somaliens du moins dans sa gestion.

Cette première phase, comme nous l’avons souligné doit être considérée comme un succès . Nous savons que certains diront :  » Un demi – succès car il reste la deuxième phase « .

A ces derniers, nous les demandons de bien comprendre une chose ? L’important n’est pas celui d’évaluer le degré de succès, mais c’est celui d’éviter surtout qu’un succès se transforme brusquement en un échec saillant et sanglant.

Afin d’éviter, tout retournement de situation, avant de subir un échec cinglant, qui risque de marquer à jamais l’Histoire de notre pays. Il est de notre devoir, chacun de nous, vrai citoyen djiboutien de nous poser des questions, (le maximum si possible) afin de mieux cerner les paramètres qui peuvent être néfastes à cette Conférence somalienne dont le Gouvernement djiboutien a tenu non seulement à parrainer ,mais surtout à influer sur les cours des discussions et négociations inter – somaliennes.

Questions :
1°) Quels sont les avantages de la limitation des délais (à 10 jours) et de la précipitation des travaux de la 2éme phase ?.

2°) Quels sont les inconvénients de la nomination, par une Assemblée que l’on peut qualifier de  » Grands Electeurs « , d’environ 1000 à 1500 personnes, d’un Parlement, d’un Président et d’un Gouvernement ?.

3°) A-t-on déjà créé (Officieusement) une armée et une police, qui seront en mesure d’imposer les députés, le Président et le Gouvernement dès qu’ils seront issus des élections de la deuxième phase de la Conférence d’Arta ? .

4°) Sinon a-t-on des garanties d’une armée étrangère, par exemple de l’ONU, de l’Italie, de l’Ethiopie etc.… qui se serait engagée à installer, de gré ou de force, le Parlement et le Gouvernement somalien issus d’Arta ? Existe-t-il des Accords militaires secrets déjà établis, ou prochainement envisageables ?.

Pour éviter tout retournement de situation, pour éviter toute fuite en avant, dangereuse et destructive, les dirigeants et hommes politiques somaliens non présents à la Conférence d’Arta vont considérer le résultat de la Conférence d’Arta comme déstabilisateur des régions qu’ils détiennent. Par souci, il faut éviter que les premiers succès ou demi – succès soient radicalement transformés en échec, qui provoquerait inéluctablement un nouveau bain de sang dont le peuple somalien en particulier, les personnes les plus fragiles et les populations civiles fragilisées seront malheureusement les premières victimes.

Donc, pour éviter tout cela, n’est – il pas possible et sage de prévoir une troisième phase, dans les mois qui suivent, cette Conférence. Cette troisième phase permettra à tous les délégués de rentrer chez eux, de prendre du  » recul  » pour mieux se préparer et préparer les autres, leurs compatriotes, de prendre leur bâton de pèlerin et d’entamer une campagne d’explications, de concertations, de sensibilisations, bref, une campagne auprès de leur peuple pour une adhésion globale à la paix et à la concorde entre tous les somalis.

Cette solution, de reporter à une troisième phase les travaux des élections, est à notre avis la plus sage, et la plus réaliste.

Que Dieu, Tout -Puissant et Miséricordieux éclaire et guide nos pas.